Témoignages photos d’une relation interculturelle

  • Publié le 10 mars 2025 (Mis à jour le 22 mai 2025)
  • Lecture : 2 minutes

Depuis plus de 30 ans, l’artiste nourrit une relation étroite avec les Innus, un engagement qui façonne son travail photographique et documentaire. « Je suis résident de Val-David depuis 2017. Je suis ami avec les Autochtones depuis 1991 », raconte Michel Depatie. Sa rencontre avec les Innus remonte à un échange scolaire entre une école du Plateau-Mont-Royal et une école de Maliotenam, près de Sept-Îles. « J’étais parent, moi, puis j’ai été dans les organisateurs de l’échange. J’avais fait des photos de cet échange-là. Mais ce n’était pas un projet artistique à la base. » Ce n’est que bien plus tard que l’artiste prend conscience de la portée de ces images.

Regard critique sur la représentation autochtone

Michel Depatie observe une problématique récurrente dans la manière dont les différentes nations autochtones sont représentées dans l’imaginaire occidental. « Je voyais des gens aller à Maliotenam sans connaître personne ; ils débarquaient avec leur caméra, soit pour faire un film ou de la photo. Ils restaient là une semaine et demie, deux semaines, trois semaines. Ils revenaient et ils montraient ça. Mais ils n’avaient pas rencontré les gens vraiment. »

En réponse à l’approche distante et souvent stéréotypée des représentations autochtones par les personnes occidentales, il développe en 2014 un projet où il renonce à prendre lui-même des photos. « J’étais préoccupé par comment on peut assurer un visuel, une représentation juste des Autochtones. Je me disais qu’il faut qu’aussi les Occidentaux, ceux qui ont créé l’image tronquée, participent à redonner une image juste », détaille-t-il. « J’avais mis en place un système, un site internet, où les gens m’envoyaient des selfies (égoportaits). J’ai reçu à peu près 1500 selfies à ce moment-là. »

L’objectif était de renverser la dynamique traditionnelle entre photographe et sujet : « Le photographe ne fait plus de photo. Le photographe se met à disposition de l’autre. Je donnais une occasion de faire sa propre représentation. »

Photo Médialo – Gabrielle Sarthou

Pour réparer un oubli

Sa démarche l’a également conduit à interroger l’absence d’archives photographiques autochtones dans les institutions québécoises. « Je me suis aperçu qu’on est sur un territoire où les Autochtones vivent là depuis 10 000 ans. Et que dans les fonds d’archives de la Bibliothèque et archives nationales du Québec (BANQ) à Sept-Îles, il n’y avait pratiquement pas de photos des familles autochtones. »

Face à cette situation, Michel Depatie met sur pied un fonds d’archives autochtone en collaboration avec Institut culturel Innu Tshakapesh. « J’ai ramassé comme ça 800 photos. Chaque fois, je prenais une photo avec les personnes qui m’ont permis de récolter leurs photos de famille. C’était un peu mes familles aussi », raconte-t-il.

Une exposition entre mémoire et innovation

L’exposition TSHITSHIASHI – AKUNIKANNANA met en lumière cette quête d’une représentation juste et intime des peuples autochtones. Elle traverse différentes époques et techniques, du développement analogique à la réalité augmentée. « Pour moi, c’est une exposition sur ma relation avec les Innus, mais c’est aussi une exposition sur la photographie. » Grâce à des œuvres interactives, le visiteur est invité à repenser son regard sur les images et leur pouvoir. « C’est notre regard qui enferme les autres dans leur plus étroite appartenance, et c’est notre regard aussi qui peut les libérer », souligne l’artiste en lisant la citation d’Amin Maalouf affichée sur un des murs.

Une discussion avec Michel Depatie et Bertrand R. Pit aura lieu le samedi 15 mars à 14 h au Centre d’exposition de Val-David.

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