Quand l’amour dépasse les frontières
Adopter un enfant est une démarche profondément humaine, empreinte d’espoir, mais aussi de défis. Notre rédactrice en chef Isabelle Houle a vécu ce parcours avec son mari Philippe Cloutier lorsqu’ils ont adopté leur fille, Misha, en Haïti.
Aujourd’hui âgée de 11 ans, Misha a transformé la vie de ses parents adoptifs, qui n’hésitent pas à partager cette histoire d’amour et de résilience.
Dès le début de son mariage en 2010, Isabelle Houle savait que l’adoption pourrait être une option pour elle et son mari. Ayant un Spina bifida, elle était consciente que tomber enceinte ou mener une grossesse à terme pourrait être extrêmement risqué. « J’avais fait le deuil de la maternité biologique bien avant », confie-t-elle. Pour elle, être parent va bien au-delà de la grossesse :
« Être parent, ce n’est pas seulement d’accoucher. C’est de faire partie de la vie de l’enfant et de le guider dans le bon sens pour son avenir. »
-Isabelle Houle
Avec son mari, ils ont exploré différentes avenues. L’option de l’adoption internationale a été pour eux, le meilleur choix.
Le long chemin vers Haïti
Après un premier espoir d’adopter au Mali – un projet interrompu par l’instabilité politique du pays – le couple s’est tourné vers Haïti. « Les démarches ont pris quatre ans », raconte Isabelle Houle. Elle explique que l’adoption dans ce pays avait été suspendue après le tremblement de terre de 2010. Lorsque les adoptions ont repris, les règles étaient plus strictes et les coûts beaucoup plus élevés.
Malgré ces obstacles, le duo est resté déterminé. Leur patience a finalement été récompensée lorsqu’ils ont rencontré Misha pour la première fois. « Quand on l’a rencontré, la connexion fût automatique. C’était comme si c’était elle qui nous avait choisis », se souvient-elle avec émotion.
L’intégration à la famille
L’adoption de Misha a impliqué deux séjours en Haïti, dont l’un pour établir un jumelage officiel. La séparation temporaire avant de pouvoir ramener leur fille au Québec a été particulièrement difficile. « Elle ne comprenait pas pourquoi on repartait sans elle. Ça a pris 15 mois avant qu’on puisse la ramener à la maison », détaille Isabelle Houle.
L’intégration dans leur nouvelle vie familiale a été un moment clé. Les nouveaux parents ont suivi la méthode du « cocooning », en limitant les contacts extérieurs pour permettre à Misha de tisser des liens solides avec eux.
Un conseil pour les parents adoptifs
Pour Isabelle Houle, l’adoption est un processus qui nécessite une grande patience et beaucoup d’amour. Elle insiste sur l’importance de ne pas idéaliser ce parcours. « Ce n’est pas un conte de fées. L’adoption découle souvent d’un drame, et l’enfant arrive avec un bagage émotionnel. Il faut accepter ça. » Elle rappelle aussi que l’enfant adopté ne doit rien à ses parents adoptifs. « Ce n’est pas un acte humanitaire. C’est pour former une famille, pas pour sauver qui que ce soit. »
Aujourd’hui, Misha est une jeune fille curieuse et réfléchie qui, selon Isabelle Houle, a « l’âme d’une vieille sage ». Sa présence a enrichi la vie de ses parents bien au-delà de ce qu’ils auraient imaginé.
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