Whitee, l’écureuil rescapé de la tempête

Le petit nez de Whitee remuait à la recherche de l’odeur de sa mère, toujours portée disparue depuis le derecho ou peut-être avant. Puis, n’écoutant que son courage, le petit écureuil a quitté sa maison pour trouver de l’aide.
Ainisi, le samedi soir 28 mai, un couple a trouvé un jeune écureuil albinos en détresse près des rues Principale et des Bouleaux à Sainte-Agathe-des-Monts.

David et Line Biron ont d’abord constaté que l’animal désorienté déambulait entre des camions d’Hydro-Québec stationnés aux abords de la route 117. Après l’avoir ramené une première fois en nature et constaté quelques heures plus tard que l’animal était revenu près de la route, le couple a décidé de le secourir.

Ceux-ci ont communiqué avec un zoologiste et ont été mis en contact avec le Familizoo de Saint-Calixte qui s’est porté volontaire pour prendre le petit rescapé comme pensionnaire temporaire.

Une nouvelle maison

Selon la biologiste en chef du Familizoo Jade Lessard, le petit écureuil d’environ 10 semaines, surnommé « Whitee » par le couple de sauveteurs, se porte bien. « Il n’est pas rare que les animaux nouveaux nés s’approchent des humains, lorsqu’ils ont besoin d’aide […] on nous apporte souvent des animaux blessés ou en détresse, la plupart du temps, on les relâche en nature après s’être assuré que leur survie n’est pas menacée. »

Un animal rarissime

Whitee a hérité de son nom en raison de la coloration de son poil. La pigmentation particulière du petit écureuil, attribuable à une particularité génétique nommée albinisme diminuerait ses chances de survie en nature.

« En effet, les animaux sauvages, dont l’écureuil, atteint d’albinisme ont, pour la plupart, des difficultés évidentes pour se camoufler. Intuitivement, on peut donc penser que cette condition les rend particulièrement vulnérables à la prédation et peut diminuer considérablement leur chance de survie. », mentionne la biologiste Mariane Moffatt-Bergeron de la Direction de la gestion de la faune pour les Laurentides et Lanaudière.

Nourri logé

En attendant de connaître son sort, les spécialistes nourrissent Whitee en lui offrant une nourriture variée semblable à ce qu’il trouverait en nature : « Contrairement à ce qu’on pense, les écureuils sont omnivores. Ils se nourrissent notamment de petits insectes et d’une grande variété de plantes, comme du trèfle, des bourgeons et des racines. », précise la biologiste.

La faune touchée par la tempête

Les effets de la tempête n’ont pas fini de se faire ressentir. Pour les habitants de la forêt, la déforestation massive a pu engendrer la destruction du milieu de vie de plusieurs animaux.

Whitee a une seconde chance grâce à des âmes généreuses qui lui sont venues en aide, mais il n’est pas nécessairement toujours indiqué de secourir directement un animal en détresse, surtout s’il s’agit de nouveau-nés : « Il arrive souvent que la mère laisse ses petits pour chercher de la nourriture ou pour éviter de signaler leur présence à un prédateur, la plupart du temps, la mère n’est pas loin et reviendra […] mais si après un certain temps les gens retournent et constatent que l’animal semble toujours en détresse, nous proposons de contacter Sauvetage Animal Rescue ou le MFFP pour la capture d’animaux en détresse. »

Qu’est-ce que l’albinisme

Selon la biologiste Mariane Moffatt-Bergeron de la direction de la gestion de la faune pour les Laurentides et Lanaudière :

L’albinisme, tout comme le mélanisme ou le leucisme, n’est pas une maladie, mais bien une anomalie génétique affectant la pigmentation mélanique, donc la couleur de la peau, des plumes des écailles et des poils. Chez un individu atteint d’albinisme, l’iris est rosé et la pupille rouge, car la transparence des tissus laisse voir les vaisseaux sanguins du fond de l’œil. Ces individus sont donc très sensibles à la lumière et peuvent être aisément aveuglés en plein jour. Dans cette condition, la proie aura plus de difficultés à repérer le prédateur et à s’enfuir alors que le prédateur aura plus de difficultés à repérer sa proie et à l’attaquer. Ils devront donc davantage compter sur leurs autres sens qu’un animal non albinos.

Chez les oiseaux, parce que les couleurs jouent un rôle important dans les rituels de parade, une anomalie génétique de coloration peut donc constituer une contrainte à la reproduction de l’individu.

Aussi, certaines espèces dépendent davantage du soleil pour leur thermorégulation. Parce que le blanc réfléchit plus la lumière et capte moins de chaleur, les animaux albinos pourraient avoir plus de difficulté à se réchauffer.