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Bâtiment au coin Principale/St-Vincent: une histoire centenaire qui s’achève

Publié le 22 décembre 2020 par Maxime Coursol

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Maxime Coursol

Rédacteur en chef - L'info du Nord | mcoursol@inmedias.ca

Une page d’histoire s’est tournée le 14 décembre à Sainte-Agathe, alors que le bâtiment abritant le restaurant Del Popolo, fermé depuis quelques années, a été démoli.

L'édifice abritant l'ancien restaurant Del Popolo, quelques heures avant sa disparition. Photo gracieuseté - André Ducharme

L’édifice, qui était plus que centenaire, avait été édifié dans sa forme originale par la famille Forget, selon Yves Charbonneau du Comité du patrimoine de Sainte-Agathe-des-Monts.

« Les Forget ont eu la chance de voir la ville se bâtir sur leur terre, un peu comme les Godon. Ils avaient une plus grande aisance matérielle que le reste du monde à Sainte-Agathe », explique-t-il. Ça explique pourquoi, en 1897, ils ont pu se construire une maison imposante, avec murs de brique.

Pendant plus de 50 ans, la mercerie Forget, où l’on pouvait trouver tout ce qu’il faut pour la couture et la confection de vêtements, occupait le rez-de-chaussée du bâtiment. La famille exploitant le commerce, elle, demeurait à l’étage, comme c’était la coutume alors partout au Québec.

À côté de la mercerie Forget, pendant des années, se trouvait un autre bâtiment abritant un restaurant, la Petite Allemagne. Quand celui-ci a déménagé en face de la Banque Nationale, ce sont des Italiens, la famille Tevere, qui ont racheté les deux édifices. Les nouveaux propriétaires ont mis le plancher au même niveau et fusionné, si on veut, les bâtisses. Le bâtiment tel qu’on l’a connu ces 50 dernières années était né.

Un incontournable de la restauration

Le restaurant Miss Tevere, dans les années ’60, est devenu réputé à Sainte-Agathe. En plus d’être dans les premiers à offrir la livraison à domicile, les propriétaires tournaient eux-mêmes leur pâte à pizza dans la vitrine du restaurant. Ça attirait des curieux qui, ultimement, finissaient par entrer pour manger les mets italiens préparés en direct.

« Quand j’étais jeune, raconte Yves Charbonneau, on finissait toujours nos soirées, à la sortie des bars, chez Tevere. Je pense que c’était ouvert toute la nuit! C’était là ou au Vieux Rouet qu’on se rassemblait, les jeunes de la place. »

À l’étage, c’est une station de radio locale qui s’était installée, CJSA 1230, qui diffusait sur la bande AM. « Ils prenaient des demandes spéciales à la radio. On n’avait pas de cellulaire dans le temps, alors on allait cogner direct à la porte en sortant de chez Tevere pour donner notre demande spéciale », se souvient M. Charbonneau.

Del Popolo entre en scène

La concurrence avec le restaurant Le Fumet et l’âge rattrapant les Tevere, ils ont fini par vendre leur commerce au milieu des années ’90. C’est Rocky Chan, un Asiatique fraîchement arrivé de Montréal, qui a repris le restaurant, rebaptisé alors Del Popolo.

André Ducharme a été un de leurs premiers employés. « J’y suis resté 14 ans parce que Rocky était vraiment un patron exceptionnel, raconte l’ancien livreur. Il prenait soin de ses employés et il avait beaucoup de classe. Rocky vivait à l’étage et il travaillait sept jours sur sept. Ce n’était pas le boss qui reste dans son bureau. »

Rappelant que le nom « Del Popolo » vient de l’italien et veut dire « du peuple », M. Ducharme soutient que ce restaurant avait pour philosophie d’offrir de bonnes portions et qu’il ratissait très large dans son menu.

« Tu pouvais commander autant une poutine que du chinois ou des scampis. C’était le lieu de rassemblement à Sainte-Agathe, là où les riches et les moins riches se mélangeaient », dit-il.

Un patrimoine perdu

Finalement, le Del Popolo a fermé ses portes au milieu des années 2010. Depuis, le bâtiment n’était pas entretenu et devenait, au fil du temps, de plus en plus défraîchi. Tant André Ducharme qu’Yves Charbonneau disent comprendre pourquoi ils valaient mieux le démolir à la fin, même s’ils regrettent de perdre cette carte de visite typiquement agathoise, tout comme la maison Touchette, voisine, qui a également été démolie.

« C’est quelque chose qu’on voit souvent, malheureusement. Quand un bâtiment est cité patrimonial, on ne peut pas faire ce qu’on veut avec. Par contre, si un personne l’achète et le laisse aller au point où ça devient dangereux, on peut le démolir et rebâtir à neuf. J’ai peur que c’est ce qui va arriver à plusieurs autres bâtiments du centre-ville qui sont pratiquement abandonnés », conclut M. Charbonneau.

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