Bibliothèque vivante, en collaboration avec Maison Phoenix
Rencontre avec Eliane et Oscar Kistabish : une riche culture à partager
Lors de leur passage dans les classes de 4e année de l’école Saint-Jean-Baptiste à Val-David, le duo père-fille Oscar et Eliane Kistabish, de la nation autochtone Anicinape-eeyou (algonquin-cri) n’a laissé aucun élève indifférent!
Kwe! C’est dans une brève introduction dans sa langue natale qu’Oscar a accueilli les enfants qui étaient déjà tous fort intrigués par les objets devant eux, qu’ils ont par la suite pu découvrir et manipuler. Cette rencontre interactive a donné lieu à des moments mémorables tels qu’une discussion avec le bâton de parole, une danse au son du tambour, une explication détaillée des avantages du berceau de bois ou encore l’origine des mots toujours très reliée à la nature.
Les invités du jour ont partagé avec cœur sur leur culture, leurs traditions, leurs valeurs, leur parcours de vie et aussi sur l’importance des aînés dans leur communauté. Nous avons sélectionné quelques questions/réponses qui démontrent la richesse de l’échange.
Eliane, peux-tu nous parler de ton parcours?
Petite, je vivais en Abitibi où je suis allée à l’école en ville et où j’ai vécu l’intimidation et le racisme (ayant un papa autochtone). J’ai toujours cherché à en savoir plus sur mes origines. D’ailleurs savez-vous qu’il existe 11 nations autochtones et 11 langues différentes?
Je me suis impliquée de nombreuses années dans les centres d’amitié autochtones d’Abitibi où j’animais des ateliers d’aide aux devoirs et d’artisanat intergénérationnel pour les jeunes (perlage, couture, mocassin, mitaine…). Aujourd’hui je suis artisane et formatrice dans les dossiers autochtones auprès du personnel des établissements scolaires et je suis la maman d’un élève de maternelle à Val-David.
Oscar, peux-tu nous raconter ton enfance?
Je vivais dans la forêt en Abitibi jusqu’à l’âge de 9 ans et par la suite, j’ai été forcé d’aller au pensionnat autochtone pendant près de 10 ans. J’ai dû quitter ma famille et j’ai eu l’obligation d’apprendre le français. J’ai trouvé ça très difficile. Mon vrai nom c’est Osesima, mais ils ont changé mon nom au pensionnat pour le rendre plus facile à prononcer en français Pendant toutes ces années, je voyais mes parents deux mois par année. La nourriture était très différente et ma famille me manquait.
Là-bas, une des belles choses que j’ai découvertes c’est le hockey. Toute ma vie, j’en ai été passionné par la suite et j’ai même joué junior.
Qu’est-ce que tu te souviens de quand tu étais petit?
Je vivais sans eau, ni électricité. On mangeait des petits fruits, du poisson, de l’orignal, du chevreuil, du lièvre, etc. On n’avait ni papier ni crayon. On apprenait et on jouait dans la nature. Dans ma communauté, dès que l’on nait, on nous apprend à observer, à écouter. Les grands-parents sont importants car ils transmettent la culture et la langue, ils ont le savoir. Ils nous racontent des histoires et nous enseignent l’amour, l’entraide, la sagesse.
Que fais-tu aujourd’hui?
J’ai passé beaucoup de temps à visiter les communautés au Québec, j’en ai vu 50 sur 55. Je vis à Pikogan près d’Amos en Abitibi dans une petite maison dans la forêt et j’offre régulièrement des ateliers et conférences dans les écoles grâce au programme Culture à l’école pour partager la culture autochtone.
À quoi sert le bâton de parole?
Lors d’un conseil, le bâton de parole est passé d’un des membres de l’assemblée à un autre, seul celui qui tient le bâton ayant droit à la parole. Ceci permet d’assurer que tous les membres du conseil soient entendus, et notamment ceux qui pourraient craindre de prendre la parole. Ainsi les notions de respect et d’écoute sont très importantes.
Que se passe-t-il lors de la danse du soleil?
Elle a lieu une fois par an pendant le solstice d’été, durant la pleine lune. La célébration peut durer quatre à huit jours. Elle représente symboliquement la continuité qui existe entre la vie et la mort. La mort n’étant pas une fin mais le début d’un nouveau cycle. Chaque communauté pratique ses propres rituels et ses propres danses, mais ces cérémonies possèdent de nombreux traits communs, comme la danse, les chants, les prières, le tambour, le jeûne, etc.
Qu’est-ce qu’un pow-wow?
Le pow-wow c’est une occasion pour les Autochtones de faire vivre leur héritage culturel. Les femmes et les hommes portent des habits traditionnels et des accessoires significatifs comme la plume d’aigle qui représente la vie, le respect, l’équilibre. C’est une fête de la rencontre, un moment privilégié pour se rapprocher de la communauté et d’échanger en famille. Tout le monde est bienvenu.
Témoignages
« C’est formidable d’être face à l’ouverture et la curiosité des jeunes concernant les questions autochtones! À faire et à refaire, avec les plus grands aussi. » – Eliane Kistabish
« Mikwetc eki pijaia. Merci d’être venu. » – Oscar Kistabish
J’ai aimé apprendre quelques mots dans leur langue. Mon moment préféré c’est quand ils ont expliqué le rituel de la danse du soleil. Juliette
J’ai appris sur plusieurs objets et sur les différentes nations autochtones. Éloi
J’ai adoré tout connaître d’Oscar et Eliane parce que c’est vraiment intéressant de rencontrer des gens qui ont de l’expérience et qui ont vécu plusieurs drames comme le pensionnat. À sa place, je me serais beaucoup ennuyé de ma famille. Élève de 4e année
C’était bien d’entendre et d’apprendre un peu la langue et j’ai été très impressionnée par le berceau de bois. Alexis
J’ai aimé la présentation car j’ai appris beaucoup de chose sur les autochtones, comme ce qu’est le pow-wow. Henri
Projet Bibliothèque vivante signé Maison Phoenix
Le projet intergénérationnel Bibliothèque vivante signé Maison Phoenix permet aux jeunes d’emprunter un « livre vivant » et d’échanger avec une personne inspirante de leur village grâce à une entrevue en classe. La journaliste d’In Médias Sandra Mathieu a également offert un atelier journalistique aux jeunes afin de partager sa passion pour ce métier important dans la société et pour encourager leur curiosité et leur ouverture d’esprit. Certains jeunes journalistes ont été sélectionnés pour témoigner de leur expérience en vidéo. Pour visionner la capsule :
Cet article est le quatrième d’une série de cinq.
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