Mort tragique de Jules Boutin
Des parents en quête de justice
Il y a maintenant deux ans, Jules Boutin, 13 ans, trouvait tragiquement la mort devant la Polyvalente des Monts. Ses parents, Pierre Boutin et Catherine Ricard, déplorent ne pouvoir rendre justice à leur fils, en raison d’un système où personne n’est responsable, selon eux.
Aux yeux des parents de Jules, il y a eu lieu de s’interroger sur tout le traitement réservé à la conductrice de l’autobus scolaire impliquée dans la mort de leur fils. Non pas qu’ils l’accusent d’avoir volontairement happé l’adolescent, mais ils ne comprennent pas que son inattention, qui a provoqué la mort, n’ait pas été sanctionnée par les autorités.
M. Boutin rappelle les faits: lors du drame, la conductrice d’autobus a fait un virage à gauche à l’intersection des rues Brissette et Légaré. Le véhicule a alors heurté Jules, mais la conductrice n’a pas appliqué les freins tout de suite, s’arrêtant 100 mètres plus loin en voyant dans son rétroviseur qu’un attroupement se formait. « Si elle avait tout de suite freiné, croit le père éploré, elle aurait peut-être pu sauver Jules, car on croit que c’est la roue, plus loin, qui l’a écrasé. »
Selon le rapport de la coroner Me Julie Blondin, « il ressort des différentes déclarations de l’enquête policière que la conductrice n’a pas cédé le passage au piéton et qu’elle ne l’aurait pas vu. De même, la zone de piétons était effacée sur le sol. Le corps de Jules Boutin a été retrouvé sur la ligne blanche d’arrêt. Cela démontre que le virage a été pris largement et que l’autobus a empiété sur la ligne blanche. »
« La conductrice n’a eu aucune conséquence. C’est ça pour nous qui est scandaleux et qui rend la chose si difficile à accepter. » – Pierre Boutin
Les parents évoquent par ailleurs l’article 327 du Code de la sécurité routière du Québec, qui indique spécifiquement: « Toute vitesse ou toute action susceptible de mettre en péril la vie ou la sécurité des personnes ou la propriété est prohibée ». À leurs yeux, il ne fait aucun doute que la conductrice de l’autobus scolaire impliquée dans l’accident ayant causé la mort de leur fils aurait dû être sanctionnée en vertu de cet article. Ils affirment toutefois que les policiers n’ont jamais songé sérieusement à y recourir.
« C’est le seul petit outil législatif qu’ils ont, et ils ne s’en servent pas. Ça, ça nous blesse énormément. Ce n’est pas banal ce qui s’est passé, mais c’est traité comme si ça l’était! », déplore Mme Ricard.
Une façon de faire à revoir
Les parents disent également avoir eu l’impression, dès le départ, que la police n’a jamais envisagé de sanctionner la conductrice. Déjà, à l’hôpital où il était allé identifier le corps de son fils décédé, M. Boutin rapporte qu’un policier lui a dit « qu’il n’y aurait pas d’accusation ». Pourtant, l’enquête s’amorçait à peine. Puis, une analyse toxicologique a été faite sur la dépouille de leur fils, mais pas sur la conductrice, avance-t-il. Enfin, chaque fois que la famille demandait des précisions sur l’enquête aux policiers, on leur disait de se reposer et de les laisser faire leur travail, selon Mme Ricard.
« J’ai beaucoup eu l’impression que la police cherchait ce que Jules avait fait de pas correct, alors qu’il a traversé la rue au bon endroit, à la traverse pour piétons. Comme si, quand il y a un accident qui implique un piéton, on se mettait automatiquement dans la peau du conducteur et on se disait dès le départ que c’est le piéton qui est responsable, alors que c’est faux dans la très grande majorité des cas! », lance la maman.
« Jules, c’est un enfant qui avait tout pour lui. Ce n’est pas juste, ce qui lui est arrivé. On lui doit la justice. » – Catherine Ricard
Mme Ricard dit d’ailleurs avoir trouvé « excessivement traumatisant » de découvrir, avec le triste cas de son fils, que les piétons sont si peu protégés au Québec. « Si on brûle son stop, si on texte au volant ou si on a les facultés affaiblies, ce n’est pas acceptable et on peut être sanctionné. Mais si on a respecté ces trois règles-là, il suffit de dire « je ne l’ai pas vu » pour s’en sortir. C’est ça le message que ça envoie », déplore-t-elle.
Mentionnons en terminant que l’organisme Piétons Québec abonde dans le même sens. Une demande a été adressée à la coroner en chef du Québec pour tenir une enquête publique thématique sur les morts de piétons dans les dernières années. Au moment de la tombée du journal, la décision dans ce dossier n’avait pas encore été prise.
La Commission des transports dans le dossier
Le dernier espoir des parents repose maintenant sur un processus amorcé devant la Commission des transports du Québec (CTQ), où la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a transféré le « dossier de comportement » de la conductrice et de la compagnie d’autobus impliquées dans toute cette tragédie. La Commission se penche en ce moment sur ce dossier. « Il est actuellement au service de l’inspection pour documentation », a déclaré Joanne St-Laurent, agente de recherche à la CTQ, dans un courriel envoyé à L’info du Nord. Elle ajoute que « lorsqu’un dossier est transmis à la Commission des transports pour un accident mortel, c’est parce que la SAAQ a imputé cet accident à l’exploitant ».
Habituellement, dans un cas d’accident mortel responsable, l’entreprise et le conducteur sont susceptibles d’être convoqués à une audience publique devant la Commission pour « l’évaluation de leur comportement », précise la CTQ. Celle-ci étant un tribunal administratif, à la suite de l’audience, le commissaire rend une décision écrite et publique. Cette décision peut, dans certains cas, imposer une ou des conditions visant à améliorer le comportement de l’exploitant ou du conducteur (par exemple, ordonner une formation sur la conduite préventive à un conducteur).
Du côté de la SAAQ, son porte-parole Mario Vaillancourt a précisé que « dans le cas d’un accident mortel, la SAAQ envoie systématiquement un dossier de comportement, dans lequel il y a une évaluation de l’entreprise, à la Commission. Je ne peux pas donner plus de détails quant au cas en question, étant donné qu’un processus est en cours devant la Commission. »
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