Exploitation minière
Les élus unis pour protéger le territoire
La présence de gisements de minéraux stratégiques tels le graphite dans notre région laisse craindre l’apparition à plus ou moins brève échéance de mines pour les exploiter. Conscientes de cet enjeu, tant la MRC des Laurentides que la députée de Labelle, Chantale Jeannotte, tiennent à ce que des balises soient mises en place.
Du côté de la MRC des Laurentides, une démarche est en cours depuis 2018 pour délimiter les territoires incompatibles avec l’activité minière (TIAM). Du 20 janvier au 4 février dernier, elle a d’ailleurs tenu une consultation publique écrite auprès de sa population, afin d’intégrer les TIAM à son schéma d’aménagement, dans le cadre d’une procédure de modification de celui-ci.
Le processus a pour but de démontrer que sur le territoire identifié pour devenir un TIAM, la viabilité de certaines activités serait compromise par les impacts engendrés par l’activité minière. Or, si la Loi sur les Mines dans sa mouture actuelle et l’adoption d’une orientation provinciale en aménagement du territoire permettent de délimiter des territoires qui pourraient être protégés de l’activité minière, ça ne règle pas tout.
C’est que l’industrie minière a déjà des claims, c’est-à-dire des droits sur certaines portions du territoire pour y mener des activités d’exploration et, ultimement, d’exploitation. Ces titres actifs de claims ne peuvent être remis en question dans le cadre de la loi actuelle.
Seuls les TIAM où il n’y a aucun claim actif peuvent être inscrits sur les cartes des titres miniers du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, ce qui veut dire que le ministère ne pourra octroyer de nouveaux titres miniers sur ces territoires.
La MRC proactive
Devant cette réalité, plusieurs MRC ont formé un front commun pour que le gouvernement révise le cadre légal et donne plus de pouvoirs aux municipalités afin qu’elles protègent leur territoire de l’appétit des compagnies minières. Un comité a été créé à la Fédération québécoise des municipalités (FQM), sur lequel siège notamment le préfet de la MRC des Laurentides, Marc L’Heureux. Ce comité fait des représentations à Québec afin de contrebalancer celles de l’industrie minière auprès du gouvernement provincial.
La bataille est cependant loin d’être gagnée, selon la directrice générale de la MRC des Laurentides, Nancy Pelletier. « On sait que le gouvernement actuel tient à développer la filière des véhicules électriques chez nous et pour ça, il faut exploiter certains minéraux stratégiques comme le graphite. La question, dans le fond, c’est quel lobbying va être le plus fort pour l’emporter », croit-elle.
Elle illustre la problématique comme ceci: « Nous, dans la MRC des Laurentides, nous n’avons pas de gros parc industriel, mais nous avons un parc nature. C’est grâce à lui, dans toutes nos municipalités, qu’on fait vivre notre population et qu’on attire des touristes et des villégiateurs. Si tu puises dedans, en le défigurant pour faire des mines, que restera-t-il quand le gisement sera épuisé? », demande-t-elle.
La députée prudente
De son côté, la députée caquiste de Labelle, Chantale Jeannotte, croit qu’il y a possibilité de préserver l’environnement unique qui fait la renommée des Laurentides sans pour autant rejeter complètement l’activité minière.
« Tout réside dans l’harmonisation des usages, avance-t-elle. Il faut avoir un équilibre entre le tourisme et l’exploitation des ressources naturelles, un peu comme pour les coupes forestières. Pour l’instant, ce serait un peu prématuré de prendre position. Mais ce que je peux vous dire, c’est qu’on ne fera pas du développement économique à tout prix! »
« Si ça se fait, ce ne sera pas fait n’importe comment. »
-Chantale Jeannotte, députée de Labelle
Elle ajoute collaborer étroitement avec les deux MRC de sa circonscription, des Laurentides et d’Antoine-Labelle, afin d’être à leur écoute. « Aujourd’hui, l’acceptabilité sociale est tellement importante, on ne peut plus passer à côté », conclut-elle.
UMQ
Du côté de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), le sujet est également à l’ordre du jour. En janvier, le groupe de pression a tenu un atelier de consultation à ce propos, en raison des nombreuses demandes des membres.
« Au cours des prochains mois, nous allons continuer d’étudier le dossier dans le but de présenter des propositions constructives au gouvernement en lien avec les enjeux que les municipalités de plusieurs régions vivent par rapport aux TIAM, notamment en ce qui concerne la protection de la villégiature », a indiqué Patrick Lemieux, conseiller aux communications et aux relations médias de l’UMQ.
Avec la collaboration de Yannick Boursier.
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