Flèche Laurentides
Immobilier : les lacs laurentiens, éternels?
Lorsque l’on cherche un chalet au bord de l’eau, on serait bien avisé de consulter le site du Réseau de surveillance volontaire des lacs du ministère de l’Environnement de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs pour connaître le niveau de santé du lac au bord duquel est situé le chalet convoité. Bien que les lacs laurentiens soient profondément ancrés dans l’histoire ancienne de la terre, ils ne sont pas tous au même stade de vieillissement.
Par Louis Giguère B.A. Ecn., M. Sc., courtier immobilier résidentiel
Les Laurentides ont fini de se former il y a environ un milliard d’années. C’est l’une des formations géologiques les plus âgées du monde avec le Groenland et l’Australie. Au fil du temps, des glaciers massifs ont avancé et reculé, sculptant le terrain, créant de longues dépressions allongées et laissant des débris rocheux et des dépôts de sédiments derrière eux, idéaux pour la formation de lacs.
Toutefois, tous les lacs des Laurentides ne sont pas au même stade de vieillissent. Le processus naturel de vieillissement des lacs, appelé eutrophisation, explique comment un lac se transforme progressivement en marais, puis en tourbière ou en prairie. Il se déroule sur une très longue période de temps, généralement sur des dizaines de milliers d’années. Cependant, les activités humaines peuvent accélérer ce processus, entre autres lorsqu’elles déversent d’importantes quantités de phosphore et d’azote dans l’environnement. Ces éléments favorisent la prolifération d’algues et d’autres plantes aquatiques qui deviennent si nombreuses que les animaux vivant dans le lac ne parviennent plus à les consommer. Il se forme alors une pellicule verdâtre à la surface de l’eau qui empêche la lumière de pénétrer et prive d’autres espèces végétales de ces rayons de vie, les empêchant de survivre. Il en résulte que ces plantes meurent et forment éventuellement une épaisse couche de vase au fond du lac. Sans passer en revue l’effet de dominos que ces conditions produisent, un lac qui subit ce processus peut se transformer en marais en quelques dizaines d’années seulement.
Les associations de riverains plus importantes que jamais
Ce processus de vieillissement est suivi par le Réseau de surveillance volontaire des lacs du Ministère de l’environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Pour évaluer l’état de vieillissement d’un lac, une association de riverains doit faire l’inscription de « son lac » auprès de cet organisme gouvernemental qui, en retour, les soutiendra dans leurs efforts. L’association aura la responsabilité de prélever des échantillons d’eau et suivra un protocole établi par le Réseau, ce dernier mettra ses spécialistes scientifiques à contribution pour interpréter les données, communiquer les résultats, concevoir des outils d’accompagnement, et j’en passe, afin de les soutenir.
Trouver son lac dans le registre et lire sa fiche santé
Le Réseau tient un registre dans lequel des centaines de lacs québécois ont une fiche qui établit à quelle étape de vie ils se situent. Pour trouver son lac, on se rend à la page de Résultats de la qualité de l’eau sur le site du Réseau1 et on le cherche dans l’index – plusieurs y sont. On peut aussi faire une simple recherche dans Google avec le nom du lac suivi de celui du réseau. Je tape lac Labelle réseau de surveillance dans Google. Sur la première page, le premier résultat est la fiche du lac produite par le Réseau! Une seule page avec deux graphiques qui indiquent les concentrations de phosphore, chlorophylle et de carbone organique dissous, observées en 2021. Le diagnostic est disponible : « L’intégration des données recueillies à chacune des stations de surveillance permet de situer l’état trophique du lac Labelle dans la classe oligotrophe » (l’inverse d’eutrophe) « Ce lac présente peu ou pas de signes d’eutrophisation. » Excellent, une jeunesse! Eau claire et fraîche (voire même froide!), poissons, peu d’algues, peu de vase, etc. Ça donne le goût de continuer! Lac Archambault , la fiche indique : « ….l’état trophique du Lac Archambault dans la classe oligotrophe. Ce lac présente peu ou pas de signes d’eutrophisation. » Super! On continue. Lac de la Montagne Noire : « présente peu ou pas de signes d’eutrophisation. » Magnifique!
Des indications à prendre au sérieux
Si plusieurs de nos lacs vieux comme le monde sont toujours dans un état de jeunesse, il n’en va pas de même pour tous. À seulement quelques kilomètres d’un lac oligotrophe, il peut y en avoir un autre dans un état intermédiaire-avancé d’eutrophisation, c’est-à-dire, en voie de devenir un marais dans un avenir prochain si des solutions drastiques ne sont pas mises en œuvre immédiatement. Certaines associations de riverains en sont fort conscientes et multiplient les efforts, soutenues en cela par le Réseau : on ferme des sections de lac, on engage des plongeurs pour faire l’éradication de certaines plantes aquatiques, les municipalités font l’inspection des systèmes septiques et on demande aux citoyens de corriger les installations fautives, on reboise obligatoirement les rives (sans engrais et adieu gazon vert), on change les règlements de zonage pour éviter une trop grande densité d’habitations riveraines en augmentant la superficie minimale des lots constructibles , si c’est encore possible (une initiative qui aurait dû être prise il y a longtemps). Et on espère que Mère Nature « sera de notre bord »!
Profondément enraciné dans les Laurentides, Louis Giguère possède un baccalauréat en économie et une maîtrise en marketing du HEC de Montréal. Avant de devenir courtier immobilier, il a fait carrière en design, communications et marketing. Il sait créer de la valeur et mettre en évidence les attributs-clés des lieux et du patrimoine bâti laurentiens. Journaliste indépendant, il a écrit plusieurs articles sur des projets immobiliers, des maisons d’architectes, les tendances en consommation et le style de vie dans différents médias québécois.
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