Poisson blanc: l’art comme moyen de faire le vide
Le 11 juin dernier au Parc régional du Poisson blanc avait lieu l’inauguration de l’œuvre d’art publique Faire le vide, conçue par l’artiste Luca Fortin et l’Atelier mock/up.
Perché au sommet d’un cap rocheux sur une petite île du réservoir, Faire le vide se veut une destination culturelle insolite en pleine nature. Le cube de bois semble avoir été tout bonnement déposé, ses courbes méticuleusement creusées évoquant un dialogue avec les mystérieuses ouvertures naturelles des parois rocheuses environnantes et offrant des jeux de lumière qui diffèrent selon l’heure de la journée. Faire le vide propose une expérience immersive qui invite à redécouvrir la nature et à s’abandonner à la beauté de l’instant présent.
Un projet hors du commun
Ce projet atypique est le fruit d’une collaboration entre l’artiste et architecte Luca Fortin et l’Atelier Mock/up (Hugo Thibaudeau et Véronique Côté), spécialisé dans la réalisation de projets d’architecture hors normes.
« On trouvait que c’était une opportunité incroyable. Notamment parce que le projet permettait de démocratiser et sortir l’art des lieux d’exposition traditionnels, mais aussi parce que la vision du site nous parlait énormément, cette rencontre entre nature et design qui fait la renommée du parc », affirme Luca Fortin.
De son côté, Hugo Thibaudeau confie : « Je viens de l’Ange-Gardien, alors j’avais déjà des souvenirs sur le réservoir du Poisson blanc. C’est un privilège de pouvoir réaliser un projet comme celui-là sur un si beau territoire. Étant de la région, ça me fait vraiment plaisir de pouvoir contribuer et redonner à mon chez-moi. »
S’ajuster pour créer
Contraints de renoncer à beaucoup des procédés normalement utilisés en art public, les membres du trio ont uni leurs forces afin de faire face aux nombreux défis techniques associés à la création d’une œuvre sur une île. Ils ont anticipé ensemble la logistique liée à l’assemblage et ont opté pour la préfabrication des pièces en atelier. Devant l’impossibilité d’utiliser de la machinerie lourde sur l’île, chacune des pièces devait être assez légère pour permettre un transport à bras d’homme. Pour Luca Fortin, l’union a certainement fait la force : « Travailler ensemble nous a permis de faire des contraintes des opportunités de design. »
Outre son emplacement insolite, un des éléments distinctifs du projet consiste dans le choix de son matériau, soit l’essence de cèdre, qui est par ailleurs omniprésent au Poisson blanc. Durable et imputrescible, le cèdre évoque la beauté brute du parc et s’intègre harmonieusement à son environnement, reflétant l’approche minimaliste de l’œuvre en contraste avec la fréquente volonté de préserver l’apparence originelle des œuvres d’art publiques.
La réalisation de l’œuvre a nécessité l’assemblage méticuleux de 1500 planches de cèdre transformées en une cinquantaine de pièces qui ont ensuite été transportées sur l’île à bout de bras avec l’aide du personnel du parc. Respectueuse de l’environnement, l’installation n’a nécessité aucune coupe d’arbre ou de végétation, préservant ainsi l’intégrité du site. « L’idée était d’avoir une empreinte minimale », mentionne Luca Fortin.
« Chacune des pièces a été fraisée avec des outils numériques », déclare quant à lui Hugo Thibaudeau, et les cannelures marbrant l’intérieur du cube ont été générées à l’aide d’un algorithme afin qu’elles soient équidistantes et « travaillées en finesse, à l’image du parc ». La compagnie Mock/up, qu’il a cofondée avec sa conjointe Véronique Côté, se spécialise dans l’élaboration de stratégies qui permettent d’appliquer des technologies de fabrication high tech à des projets hors normes tels que celui de Faire le vide : « On travaille avec des outils industriels qui sont souvent utilisés pour des tâches répétitives, et on les détourne. »
La première d’une série d’œuvres au Poisson blanc
« L’art, ce n’est pas l’affaire de quelques artistes en haut de la pyramide, c’est quelque chose qui doit être démocratisé et qui doit être accessible au plus de gens possible », a déclaré Denis Marleau, président de la corporation du Parc du Poisson blanc.
« C’est la première d’une série d’œuvres qui vont s’installer sur les îles et qui vont faire du parc une destination touristique, une destination de plein air, mais aussi une destination artistique. C’est notre marque de commerce d’être à l’affût de ce qui va s’en venir plutôt qu’être à la remorque de ce qui a déjà été fait. »
–Denis Marleau, président de la corporation du parc du Poisson blanc
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