Encore debout
Un irréductible club vidéo à Val-David
En voyant les pochettes de films alignées sur les étagères de la cinémathèque Méliès de Val-David, impossible de ne pas être projeté dans le souvenir d’une époque où des soirées entre ados s’organisaient au club vidéo.
La Cinémathèque Méliès est, selon sa propriétaire Nicole Vézina « le dernier club vidéo des Laurentides ». Ce bastion de la culture cinématographique regroupe plus de 20 000 films de tous genres dans une trentaine de langues. Tout est mis en place pour recréer les soirées cinéma vintage d’une autre époque; VHS, DVD, Blue Ray, tout est possible pourvu que l’on possède un équipement fonctionnel à la maison. Classés et organisés afin que l’amateur s’y retrouve facilement, la recherche de la perle rare se veut surtout un prétexte pour échanger entre passionnés. « J’ai toujours aimé le cinéma […] les films nous font rêver, ils nous amènent ailleurs, ils nous aident à passer à travers les moments difficiles et nous accompagnent pendant les moments heureux », témoigne Nicole Vézina avec nostalgie.
La pandémie, un coup dur
« On aurait pensé que la pandémie nous aurait aidés, mais c’est le contraire », évoque Mme Vézina qui parle d’une chute de fréquentation de 75 % depuis la pandémie. Nicole Vézina ne s’en cache pas, la Cinémathèque, qui n’est pas subventionnée, compte sur le support de bénévoles et de dons pour survivre. « Récemment, nous avons perdu un de notre mécène, c’est difficile […] Avec le confinement, les gens se sont isolés et ont dévoré les images sur les plateformes numériques, c’est triste », plaide Mme Vézina qui précise qu’elle n’est pas contre les médias numériques.
Des plus jeunes et des plus vieux
Nicole Vézina ajoute que sa clientèle régulière se compose surtout de familles et de gens retraités. « Les enfants sont un peu déroutés la première fois qu’ils entrent ici, mais ils trouvent assez vite comment ça marche […} pour les parents, c’est l’occasion de partager avec leurs enfants les films de leur enfance que l’on ne retrouve plus ailleurs¸[…] pour les gens retraités, c’est souvent la nostalgie qui les amènent chez nous.»
L’isolement numérique
Claude Bouchard vient de Mascouche. Il est bénévole à la cinémathèque. Sa passion pour les films l’amène à parcourir chaque semaine la distance qui le sépare de Val-David, tout ça malgré le prix de l’essence. Il se dit fan « des vraies affaires » et accorde beaucoup de valeur à la préservation. « Plusieurs bons films ne sont plus distribués et vont finir par disparaître […] Quand le disque dur de ton ordinateur va briser, que va-t-il rester de ses films qui nous ont tant marqués ? », questionne le bénévole dont la mission est d’assurer une relève pour que cette richesse culturelle continue d’exister et d’être partagée.
Une expérience unique
« La Cinémathèque Méliès offre une expérience », affirme Nicole Vézina. « Au lieu d’objets de consommation dont on disposera comme tant d’autres, les films deviennent le prétexte aux échanges et aux partages ». Selon elle, le choix d’un film est lié à l’expérience de l’écoute en soi. Le souvenir d’un film DVD ou VHS reste toujours disponible sur les tablettes, tandis que le numérique est éphémère et prescriptif, davantage à la merci des tendances. « Les gens ont ici l’occasion de choisir leur film en fonction de leur disposition du moment, on peut les aider à vivre une soirée inoubliable, le contact humain reste une composante importante du cinéma et c’est ce que nous cherchons à préserver », conclut Nicole Vézina.
Une mission plus grande que nature
La Cinémathèque Méliès organisera les mardis soirs du 28 juin au 2 août des soirées cinéma en plein air au Parc Léonidas Dufresne. Pour couvrir ses investissements, la Cinémathèque Méliès compte sur le soutien du Service Loisirs et Culture de la municipalité de Val-David, du Club Optimiste de Val-David/Val-Morin et de la Caisse Desjardins de Sainte-Agathe. Elle est toutefois toujours à la recherche de bénévoles pour aider dans la mise en place. Ces événements en plein air sont gratuits et ouverts à tous. « Les gens n’ont qu’à apporter leurs chaises », explique Nicole Vézina propriétaire de la Cinémathèque Méliès.
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