Élections municipales 2021
« Municipalités! Vous avez un pouvoir d’action! »
Dans le contexte électoral municipal, des citoyens ont rédigé une lettre ouverte qui appelle à l’audace en matière d’environnement. Rencontre avec deux de ses signataires.
Leur lettre ouverte s’adresse aux candidats et élus municipaux. Ils leur disent que le pouvoir d’agir est entre leurs mains. Peu importe leur budget. Que s’ils osent garder le cap sur une vision sans concessions, pour la nature, la transition sera possible. Catherine De Sève y croit. Ronald Cameron aussi. Tous deux de Notre-Dame-de-la-Merci, près de Saint-Donat, ils ont uni leurs voix à celles d’autres citoyens. L’objectif: agir.
Catherine De Sève est une comédienne bien connue du petit écran (L’Auberge du chien noir, La Servante écarlate – saison 3). Mais elle ne s’est pas impliquée dans cette cause pour lui donner un visage. Sensible au sort des petits lacs, elle a fait ses premiers pas dans le militantisme. « Je me suis dit, ce sera ma façon de gérer mon anxiété environnementale », explique celle qui s’est depuis engagée dans le mouvement Mères au front.
Ronald Cameron, lui non plus, ne fait pas état de sa carrière. Et pourtant… Président de la Fédération nationale des enseignants (FNEEQ-CSN) pendant une dizaine d’années, cet enseignant du collégial est devenu une figure connue des mouvements sociaux québécois. Pas surprenant qu’il évoque le problème de justice sociale derrière la question de l’environnement : « Il y en a qui devront payer une juste part plus importante que d’autres. »
Vire au vert
Cette lettre ouverte est une initiative citoyenne que l’organisme Vire au vert a chapeautée. « Vire au vert regroupe à peu près tout ce qui bouge sur l’environnement. Autant Équiterre que la Fondation David Suzuki, que les Mères au front », explique Ronald Cameron. C’est d’ailleurs Vire au vert qui est à l’origine de sa rencontre avec Catherine De Sève. Car si l’organisme propose des outils pour susciter le débat, par exemple une trousse de communication, une méthode d’organisation des débats, des formations et un certain financement, Vire au vert est aussi un organisme de réseautage.
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« Ils nous coachent gratuitement pour rester dans un état d’esprit apolitique, fournissent des pistes de réflexion et des idées à appliquer, comme l’agriculture durable ou l’urbanisme durable », ajoute Catherine De Sève.
Être audacieux
Protéger les milieux humides, définir des aires protégées, développer une économie écoresponsable, protéger les forêts, réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), impliquer la population. Les pistes proposées par le collectif sont connues. Pourtant, leur lettre fait état de « gestes audacieux ». Comment expliquer ce décalage?
Selon Ronald Cameron, on parle beaucoup, mais il y a peu de gestes concrets. Pour preuve: on veut protéger les grenouilles, mais il y a encore des promoteurs qui détruisent les milieux humides. Ainsi, les cibles de protection de ces milieux devraient être définies dans les règlements de zonage et on devrait taxer le développement, selon lui.
« Il y a des débats dans à peu près toutes les municipalités sur ces questions-là. Mais quelles contraintes on impose aux promoteurs qui veulent faire du développement sans égard pour la nature? » – Ronald Cameron, signataire
Pour Catherine De Sève, l’audace réside aussi dans la force de maintenir le cap sur une vision. « Le maire ou la mairesse doit agir en leader et appliquer cette vision. Oui, on fait de la peine à du monde, mais c’est ainsi que l’économie va se modifier et c’est comme ça que les vieilles valeurs vont tomber », explique-t-elle.
Les signataires de cet appel à l’action sont heureux que leur message transcende les limites de leur municipalité. « Vous qui êtes dans un autre village, qui avez ces préoccupations et qui vous sentez seul, il y a des organismes et c’est à leurs portes qu’il faut aller frapper, lance Catherine De Sève. Parce qu’ensemble, on va s’élever dans le message et on va réussir à faire pencher la balance. »
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