Projet intergénérationnel Bibliothèque vivante
Rencontre avec Gabi Kislat : donner un sens à l’image
Dans le cadre du projet Bibliothèque vivante, coordonné par l’organisme Maison Phoenix et financé par la Fondation Tremblant, les jeunes de 5e année de l’École Saint-Jean-Baptiste à Val-David ont eu la chance de rencontrer Gabi Kislat et de la questionner sur son parcours. La journaliste Sandra Mathieu a eu le privilège d’être aux premières loges de ce riche échange intergénérationnel.
Originaire d’un petit village d’Allemagne, Gabi Kislat est cinéaste, directrice de photographie et activiste sociale. Elle a autant travaillé en fiction qu’en documentaire, sans oublier les vidéoclips, les publicités et les émissions de télé, qui lui ont permis de voyager à l’international. On a pu voir son travail dans des festivals de film, au cinéma, à la télévision et sur des plateformes de visionnement en ligne. Rencontre avec cette Val-Davidoise d’adoption passionnée et inspirante.
Quand as-tu eu ton premier appareil photo?
J’avais 7 ans quand mon père m’a offert mon premier appareil photo argentique, c’est-à-dire sur film. C’était très différent des appareils numériques d’aujourd’hui parce que dans chaque film, on avait 24 images et chaque image était précieuse, on ne savait pas à quoi elles ressemblaient avant de faire développer le film.
Savais-tu déjà que tu voulais devenir photographe?
Quand j’étais petite, je ne savais pas du tout ce que je voulais faire dans la vie. J’ai suivi le chemin tracé par mon père et j’ai complété des études en Allemagne pour me retrouver à faire du travail de bureau. J’ai détesté ça et rapidement j’ai quitté mon petit village pour tenter de découvrir ce que j’avais réellement envie de faire. C’est à ce moment-là que je me suis intéressée à la photographie et aux métiers du cinéma.
Quel film t’a le plus marqué?
Dans ma vingtaine, j’ai vu le film danois Dancer in the dark. Ça m’a beaucoup touché parce que c’est un mélange de styles et c’est très émouvant. C’est une comédie musicale et à la fois un drame psychologique avec la musicienne islandaise Björk qui joue le rôle d’une femme qui perd la vue.
Où as-tu étudié?
J’ai appris mon métier entre autres à l’Université Concordia à Montréal et j’ai fait un stage dans une station de télévision qui m’a permis d’essayer plusieurs tâches et de découvrir ce que je préférais : être directrice de la photographie. Aujourd’hui, j’ai même la chance de partager ma passion comme enseignante invitée pour des cours de cinématographie et d’éclairage dans cette même université.
Comment décrirais-tu le rôle de directrice de la photographie?
C’est un métier très technique et créatif à la fois. C’est un peu comme peindre avec la lumière! Mon travail est complètement différent selon le type de tournage : fiction ou documentaire. Mon but reste toujours le même : créer au fil des histoires des émotions qui engagent et inspirent le public.
Pourquoi as-tu décidé de t’installer à Val-David?
J’ai entendu parler du village par des amis et je suis tombée sous le charme de la communauté artistique, de l’école et de la nature. J’habitais Montréal à l’époque et la ville était devenue trop bruyante pour moi, je ne voyais plus assez le ciel.
Comment tu te sens quand tu travailles sur un projet de film?
Quand je suis sur un plateau de tournage, le temps passe tellement vite, plusieurs heures sont comme quelques minutes! C’est aussi stressant parce que la gestion du temps est un défi constant et je travaille avec de grandes équipes de plusieurs dizaines personnes : producteur, réalisateur, comédiens, techniciens de son, etc. Mais j’adore ça!
De quel film es-tu la plus fière?
Il y a quelques années, j’ai travaillé avec mon conjoint, qui est ingénieur de son, sur un documentaire qui s’appelle Musically Medicated dans lequel on a suivi un musicien qui avait des défis avec les effets secondaires de sa médication pour le traitement de sa maladie de parkinson précoce. J’ai eu la chance de le présenter dans plusieurs festivals de films. C’est un film qui nous a pris cinq ans à réaliser parce que quand on réalise notre propre film, il y a le défi du financement! Je sens que j’ai aidé avec ce film.
J’aime aussi beaucoup le court métrage Cry baby que j’ai tourné avec ma fille quand elle avait cinq mois (elle a aujourd’hui 14 ans!). On y découvre le rêve d’un bébé, c’est très drôle et on a eu beaucoup de plaisir à tourner.
Peux-tu nous parler de ton implication auprès des autochtones?
À l’âge de 35 ans, j’ai eu la chance de vivre pendant un mois dans la Première Nation Atikamekw de Wemotaci au Québec, où j’ai enseigné aux jeunes de la région directement sur place dans la caravane du studio de l’organisme Wapikoni Mobile. Avec une autre cinéaste et une travailleuse sociale, notre rôle était de les accompagner dans la création de films dans lesquels ils avaient la chance de partager leur histoire. J’ai beaucoup aimé l’expérience parce que je suis une personne très curieuse et j’aime apprendre et comprendre les réalités des autres et les aider si je peux.
« Je suis honorée d’avoir été invitée dans notre école locale pour partager mes expériences de vie et de travail avec les enfants. La communauté est plus importante que jamais et l’organisme Maison Phoenix crée un lien fort entre les générations. Et en plus, c’était amusant ! » – Gabi Kislat
Témoignages d’enfants
« Je trouve qu’elle a un grand cœur parce qu’elle ne juge personne et qu’elle veut aider tout le monde. » – Gabriel
« Ce qui m’a le plus inspiré c’est quand elle a parlé de la curiosité parce que ça te pousse à aller plus loin dans ta vie. » – Bianca
« Je pense que son implication auprès des communautés autochtones est géniale! » – Élia
« C’est impressionnat de savoir que réaliser un long métrage peut prendre jusqu’à cinq ans! » – Lou
« Quand elle était petite, elle ne savait pas quoi faire et maintenant elle fait un beau travail donc moi ça m’inspire beaucoup et ça prouve qu’on a en masse de temps pour choisir notre métier. » – Cassandra

Photo Harold Cassière
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