Luc Langevin : démocratiser la science, un spectacle à la fois!

Publié le 27 février 2024 par Sandra Mathieu

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Sandra Mathieu

Journaliste | smathieu@medialo.ca

L’illusionniste Luc Langevin a fait sa place ici et ailleurs, loin des paillettes, des lapins dans le chapeau et des assistantes sciées en deux. Peu d’illusionnistes à travers le monde ont pu atteindre ce niveau de crédibilité et de notoriété, en si peu de temps. Il présente depuis 2022 son spectacle Vérités durant lequel il met à profit son parcours scientifique pour ébranler les certitudes du public. Une chose est certaine, sa passion est intacte depuis ses tout premiers débuts!

Photo Telefiction

Comment décrirais-tu Vérités?

C’est mon spectacle le plus spectaculaire de tous. La pandémie m’a forcé à concevoir mes illusions à l’extérieur du cadre conventionnel. Ça me permet maintenant d’être mieux outillé pour créer des illusions qui surprennent encore plus et font vivre des moments inoubliables. La magie se produit sur scène, mais également dans la salle, à l’entrée… et même au-delà des murs du théâtre!

Quel est le grand défi d’un spectacle comme celui-là?
Le metteur en scène doit être stimulé par les contraintes parce que la magie est très capricieuse. Le spectacle est en chantier pendant une longue préproduction avant d’être présenté officiellement. Pour créer le spectacle, on a une équipe de 20 à 30 personnes et en tournée, on est 7 ou 8 : techniciens de son, éclairagistes, machinistes, directeur de tournée, metteur en scène, etc. Le rôle de chacun est tellement précis et complexe que si un technicien est malade, il est fort possible qu’on annule le spectacle.

Comment gardes-tu l’intérêt et le plaisir d’être sur scène quand tu présentes un spectacle pendant plusieurs années?
Je n’ai aucune lassitude même après des années de tournée. Mon plaisir devant la réaction des gens est renouvelé à chaque fois. Sur papier, le spectacle est le même soir après soir, mais dans la livraison, je peux ajouter des blagues ou ajuster le texte selon le public.

Tu exerces un métier très physique, comment fais-tu pour garder le rythme?
J’ai besoin de beaucoup d’endurance, je dois maintenir mon niveau d’énergie, je fais l’équivalent d’un plan séquence d’une heure et demie à chaque représentation. Au quotidien je fais du jogging, je mange bien, et avant les spectacles, je ne prends pas de café et le moins possible de sel. La discipline est très importante pour moi.

Comment as-tu vécu la pandémie?
Je n’ai pas eu le sentiment d’arrêter puisque j’ai fait 150 représentations de mon spectacle virtuel Interconnectés et c’était très stimulant. À mon retour sur scène avec Vérités, au début j’étais nerveux, j’avais peur d’avoir perdu la touche. Mais l’accueil a été très bon, je crois que toutes les générations y trouvent leur compte.

Quel est ton processus créatif au quotidien?
Si vous étiez en mesure de voir mon bureau en ce moment (rires). J’ai des calepins de notes et des esquisses partout. Je suis toujours en création. Je prends beaucoup de temps pour créer, pour trouver l’idée originale et donner naissance à un concept. Je travaille sur plusieurs projets en parallèle. Par exemple, depuis 2020, j’ai un projet de spectacle en réalité virtuelle, une formule complètement différente.

Tu es porte-parole de l’Expo-science depuis plus de 10 ans. Qu’est-ce que t’apporte cette implication?
J’adore les jeunes, ils ont des étincelles dans les yeux quand ils présentent leur projet, ils sont inventifs, ils me donnent foi en l’humanité. Ils sont notre avenir et j’ai conscience qu’ils sont ce qu’on a de plus précieux. C’est un plaisir sincère pour moi de participer à ce projet. Quand j’étais ado, j’étais marginalisé parce que j’aimais la science et les mathématiques. C’est génial de montrer que la science c’est cool, ce n’est pas seulement académique.

Qu’aurais-tu envie de dire à celui que tu étais à 20 ans?
Je craindrais de mentionner quelque chose qui changerait ma destinée. Je rêvais de devenir le meilleur au monde, mais je ne me doutais pas à quel point c’était difficile. Je dirais : aie confiance en toi et écoute ta voie intérieure.

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui rêve de devenir magicien?
Pour se démarquer, il faut offrir quelque chose de différent, mettre de l’avant un trait de personnalité qui n’a pas nécessairement de lien avec la magie. On peut penser à Houdini avec sa passion pour les cadenas ou Copperfield et ses grandes mises en scène. De mon côté, c’est la science qui prend une grande place et qui influence et inspire mes illusions.

« Jeune, j’étais très introverti et la magie est peu à peu devenu un moyen de casser la glace. Quand j’étais dans les scouts, mon animal totem était albatros agile. C’est un oiseau qui est tout petit au sol, mais quand il se déploie, il prend sa place et devient grandiose. C’est un peu comme moi quand je monte sur scène! » – Luc Langevin

Dans Vérités, les numéros, plus fascinants les uns que les autres, amènent les spectateurs à se questionner sur ce qu’ils croient ou non : Qu’est-ce que la vérité? Où trace-t-on la ligne entre le possible et l’impossible? Peut-on interagir avec l’invisible? Peut-on voyager en un instant d’un lieu à un autre, que ce soit dans le théâtre même ou dans une autre ville? Peut-on tout faire apparaitre sur scène, y compris l’impensable, le démesuré?