Rencontre
L’insatiable faim de Joseph Graham pour l’Histoire
Pour faire écho à la publication de son plus récent ouvrage d’histoire, L’info du Nord est allé à la rencontre de Joseph Graham. Un historien qui a su tracer son propre chemin.

Mais qui est Joseph Graham? Pour plusieurs, il est le père de l’ancien député fédéral libéral de Laurentides-Labelle, David Graham. Pour d’autres, il a cofondé le comité du patrimoine de Sainte-Agathe. Il est aussi cet agent immobilier retraité, amoureux de ces lieux campés au creux des vallons laurentiens. Enfin, pour ceux qui s’y intéressent, il est aussi cet historien autodidacte, auteur de chroniques puis de livres, tel le best-seller Nommer les Laurentides (2005).
Joseph Graham publie ces jours-ci un autre livre, dont le titre en anglais se traduit par La faim insatiable: rencontres coloniales à l’époque du contact. Le site Web de l’éditeur Black Rose Books expose les éloges de ses pairs envers cet ouvrage, lequel a requis une douzaine d’années de rédaction.
Vivre « au paradis »
Joseph Graham a accepté de nous accorder une entrevue chez lui, à Sainte-Lucie-des-Laurentides, assis sur le rebord de sa galerie. Comment se fait-il qu’il lui ait fallu 12 ans pour publier son plus récent ouvrage? Ses potagers l’occupent pendant la belle saison, plaide-t-il en effectuant un geste du bras vers ses foisonnantes asperges et ses rangs de choux de Bruxelles. Et le travail de recherche, lui, est surtout accompli l’hiver. En fait, depuis sa retraite de l’immobilier, Joseph Graham vit « au paradis », occupant – enfin! – ses jours avec ses activités bien-aimées.
Un de ses fils a étudié en histoire à l’Université de Guelph en Ontario. C’est lui qui a dit à Joseph Graham que les universitaires enseignent surtout quoi penser, et non pas comment penser. Ce constat l’a ramené à sa jeunesse, alors qu’il décidait d’abandonner ses propres études en histoire. « J’ai cru que mes intérêts seraient mieux servis si je suivais mon propre chemin, dit-il. Je ne me suis jamais soucié d’où ce chemin me mènerait: je ne voulais pas devenir un historien ou avoir une carrière, j’étais seulement passionné par l’Histoire. » Et le parcours d’historien de Joseph Graham est en effet singulier.
Les traces du passé
De sa perte subite de foi en Dieu à l’adolescence, il s’est lancé avec intensité sur les traces du passé en lien avec la Bible, la Torah, le judaïsme, les Sumériens, les Akkadiens. Devenu agent immobilier dans les années 1980, il s’est plongé dans l’histoire des Laurentides avec avidité, afin, explique-t-il, de vendre davantage de chalets dans les recoins éloignés de la région: « Mes clients, dans la voiture, pouvaient littéralement vivre une expérience, ressentir, et à ce moment-là, ils perdaient la notion de la distance. » Ses récits historiques ont paru dans la circulaire de l’agence immobilière Doncaster à partir de 1994, et dans le journal Main Street à partir de 2001.
Depuis la publication de Nommer les Laurentides (2005), Joseph Graham tend l’oreille vers les peuples autochtones. La prémisse de sa plus récente publication est d’ailleurs que la chrétienté a détruit ici une civilisation. « Avec un livre comme celui-ci, relève-t-il, la recherche ne se termine jamais. Maintenant, je ne sais pas si les gens veulent connaître cette réalité, mais ils le devraient, car nous nous sommes solidement plantés, et nous en payons tous le prix aujourd’hui. »
À propos du dernier livre de Joseph Graham
« Si vous voulez comprendre l’impact toxique du christianisme et de l’économie de marché sur les peuples autochtones d’Amérique du Nord, alors lisez ce livre. Si vous voulez réfléchir sur l’étonnante persistance des cultures indigènes et de leurs visions du monde ainsi que sur le maintien de leur promesse d’un avenir durable pour la planète, lisez ce livre. Un travail de grande érudition et de passion. » [Traduction libre tirée du site Web de l’éditeur Black Rose Books]
David Cameron, professeur de sciences politiques à l’Université de Toronto
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