Les Jardins du précambrien
René Derouin, à l’heure de la transmission
Inspiré par le Centenaire de Val-David, le thème de la transmission représente un point de jonction dans l’histoire des Jardins du précambrien, qui accueillent des symposiums internationaux d’art-nature multidisciplinaires depuis 1996, invitant des artistes des trois Amériques et de 16 pays.
Pour M. Derouin, qui a été épaulé dans cette aventure par sa conjointe, ce site emblématique représente une œuvre en soi pour laquelle, à 85 ans, il considère la passation du flambeau. « J’ai le goût de terminer cette œuvre et de réfléchir à son futur, car on doit conserver ce lieu. Il faut que les jardins demeurent un territoire naturel non développé, un site culturel qui porte la mémoire de tous les artistes qui sont venus au fil du temps. Ce symposium va nous permettre de partager la réflexion sur la transmission de cet héritage », dit-il. La conférence prévue au programme le 14 août permettra d’approfondir le sujet.
Le retour du symposium cette année se fait suite à une fermeture forcée de quatre ans, causée par une coupure sans préavis du financement public par le gouvernement provincial en 2015, et une année subséquente (2020) pour cause de pandémie. L’Équipe d’organisation, dont plusieurs membres étaient présents depuis les débuts, avait dû encaisser le choc. On avait alors annoncé que 2015 serait la dernière édition sous la direction qui était en place, année du vingtième anniversaire.
L’origine
Après des études en arts au Mexique dans les années 1950, René Derouin revient au Québec imprégné de l’importance du territoire et de l’histoire qu’il porte, notion phare de la culture mexicaine et de son existence millénaire. Or, les années 1960 ont vu l’avènement de la modernité, notion accompagnée d’un refus du patrimoine relié à la terre et d’un exode rural. Puis, la France envahira culturellement notre imaginaire, avec la popularité affichée des artistes de l’Hexagone qui traversent l’océan.
« Beaucoup de gens ont souffert de ça, pensant que nous n’étions pas cultivés comparativement aux peuples européens. Cette idée, je ne l’ai jamais accepté. » -René Derouin
La démarche artistique du créateur s’est alors forgée sur la notion de continentalité, de l’identité définie par l’américanité. La colonisation comme dénominateur commun des peuples d’un continent entier, par opposition aux cultures indépendantes des pays de l’Europe. Une identité forte qui intègre la migration, à l’image des roches de la période géologique précambrienne qui se trouvent aujourd’hui dans les Jardins.
Les Jardins du précambrien, c’est la matérialisation immersive de cette pensée, un lieu situé en pleine nature qui transmet l’apport des trois Amériques dans une approche multidisciplinaire, intégrant sciences naturelles et disciplines artistiques, pour mieux comprendre notre identité. La traversée des Jardins devient alors celle du continent. Au cours des deux décennies, nombre de sommités de tous acabits sont venues ajouter leurs pierres à ce territoire, lui conférant un rayonnement international, à l’instar de son fondateur.
Lire aussi : “Garder vivante la mémoire des lieux”
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