La SOPABIC raconte
Chronique historique: Médecine populaire et remèdes
Colette Légaré/Jocelyne Patry
Au début de la colonie, il n’y a pas de médecin et encore moins de clinique médicale. Et même quand arrivera un médecin au village de Saint-Jovite, il ne sera consulté ou appelé que dans les cas graves ou urgents.
Il est donc normal que les épouses prennent en charge le soin des malades, étant les principales responsables du bien-être des membres de la famille. Elles diagnostiquent la maladie, préparent et administrent les remèdes. Lorsque le savoir familial est insuffisant, elles s’adressent à la famille éloignée ou à des voisines de confiance.
Nos ancêtres ont donc mis au point une panoplie de recettes, transmises oralement de mère en fille, pour prévenir, soulager ou guérir les petites maladies. Cette médecine populaire s’est inspirée de recettes amérindiennes à base d’herbes, de racines, d’écorce, de fruits ou de fleurs sauvages, mais aussi de publicités et de conseils promulgués dans des revues comme l’Almanach du peuple ou encore des boniments convaincants des vendeurs ambulants.
Des fraises au « sirop de dinde »
Mon arrière-grand-mère, très amie avec une Algonquienne, a appris à connaître et à utiliser diverses plantes selon les malaises présents et a communiqué ses connaissances à la génération suivante. Se retrouvent donc dans la pharmacopée familiale des éléments comme l’huile de lin, pour soulager la constipation et calmer les ulcères d’estomac ou pour soigner les brûlures, les engelures, l’eczéma et le psoriasis, si appliqué sur la peau. Les fraises, pour arrêter la diarrhée; le gingembre, pour soulager les crampes dans le ventre; le clou de girofle pour le mal de dents et l’achillée mille feuilles pour guérir le rhume ou le croup.
D’ailleurs, ma mère préparait, selon les instructions de ma grand-mère, un sirop contre la toux avec les fleurs de l’achillée mille feuilles communément appelée « herbe à dinde ». Elle les faisait bouillir puis les passait au tamis pour en extraire uniquement le jus. Elle ajoutait de la gomme d’épinette, du gin et surtout beaucoup de miel. Le tout devenait un sirop épais. Une cuillérée matin et soir pendant une semaine et nous étions guéris!
S’il s’agissait d’une grippe ou d’une bronchite, rien ne valait la « mouche de moutarde », de la moutarde étendue sur un coton et appliquée sur la poitrine du malade afin de dégager les poumons. Pour décongestionner les voies respiratoires, un carré de camphre placé dans une pochette de coton et porté autour du cou faisait le travail, il était aussi utilisé à titre préventif.
Des sirops commerciaux
La pharmacie de la maisonnée contient aussi quelques médicaments commerciaux. Le fameux « Liniment Minard » trône en bonne place, lui qui apaise les rhumatismes, les maux de dos et autres douleurs musculaires, on l’achète par mesure de précaution. Le lait de magnésie est incontournable pour soulager la mauvaise digestion ou les coliques. Pour les petits bobos, les éraflures ou les coupures, rien de mieux que l’iode et le mercurochrome. Le sirop Lambert, sirop naturel contre la toux, remplace les préparations maison si la mère de famille n’en fabrique pas. Et pour que tous les enfants grandissent avec des os solides, l’huile de foie de morue, malgré son goût peu invitant, est généreusement distribuée à toute la progéniture.
Pour pallier au manque de médecin, presque toutes les communautés ont leur « ramancheur ». Certains possèdent un don réel pour traiter les cassures, les foulures et divers maux articulatoires ou musculaires, la plupart utilisent dans leur arsenal thérapeutique des onguents, des cataplasmes confectionnés à l’aide de plantes et des éclisses de bois pour immobiliser les os fracturés. S’il est efficace et que sa réputation est bonne, les gens lui font facilement confiance.
Comme dans de multiples aspects de la vie rurale, le soutien entre les mères de famille comble aussi le déficit en soins médicaux. Qu’il s’agisse de conseils, de remèdes ou d’assistance à la femme qui enfante, l’entraide est primordiale pour assurer, malgré les difficultés, la survivance d’une communauté villageoise.
Société du patrimoine SOPABIC
Pour plus d’informations, vous adressez à la Société du Patrimoine SOPABIC.
1875, chemin du Village, bureau 201, Mont-Tremblant J8E 1K4
Tél : 819-717-4224 et laisser le message, on vous rappellera
Site web: sopabic-patrimoine.org
Courriel : sopabic1@gmail.com
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