La mine de silice de Saint-Rémi-d’Amherst

  • Publié le 3 juill. 2025 (Mis à jour le 6 juill. 2025)
  • Lecture : 2 minutes
Collection Ginette Lévesque
Collection Ginette Lévesque
Chronique de Philippe Aubry

De nos jours, l’exploitation minière est généralement associée avec le nord du Québec. Des régions comme l’Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord sont probablement les plus connues et les plus visées selon cette optique.

Pourtant, à l’époque de la colonisation, le Curé Antoine Labelle prévoyait une place importante à l’exploitation des ressources du sol dans son programme de colonisation des Laurentides.

Bien qu’il n’en subsiste presque rien aujourd’hui, une mine de silice a existé à Saint-Rémi-d’Amherst.  En 1894, un gisement de kaolin est découvert en creusant un puits sur la terre de Philibert Tassé mais cela nécessite quelques années avant que l’exploitation minière commence. La puissante compagnie Noranda Mines forme la Canadian China Clay and Silica Limited vers 1912. En 1916, le chemin de fer de la colonisation de Montfort, futur Canadien National, étend la voie ferrée d’Arundel à la mine de silice.

Le train assure le transport du minerai en vrac vers les marchés comme Montréal. En 1925, le chemin de fer atteint désormais le village de Saint-Rémi. Ainsi, la municipalité devient une ville de compagnie. La mine dicte la vie du village et fournit des emplois bien rémunérés à beaucoup de pères de famille. Les hôtels de Saint-Rémi font des affaires d’or. Pensons à l’hôtel Maurice et à l’hôtel Thomas.

La mine est d’abord sous terre avec une usine de transformation à la surface près de la voie ferrée. Le processus d’extraction et de broyage du minerai se fait à sec et provoque une poussière blanche nocive pour les travailleurs. À la suite d’un incendie des installations, la Canadian China Clay reconstruit entièrement son usine vers 1940.  Désormais, c’est une mine à ciel ouvert qui utilise des équipements modernes comme des pelles à vapeur.

Toutefois, si la prospérité est au rendez-vous à Saint-Rémi, la mort rôde…  Dès les années 1930, des travailleurs commencent à mourir de la silicose. Cette maladie est causée par la présence de la poussière du minerai dans les poumons des mineurs. Les propriétaires de la mine comme le gouvernement sont sûrement au courant de ce problème. Seule la prévention pourrait changer les choses, mais rien ne sera fait pour aider les travailleurs. Au village, de plus en plus d’hommes décèdent et laissent leurs femmes dans l’indigence.  Malgré cela, les autres travailleurs continuent de travailler à la mine faute d’autres emplois dans la région.

En 1948, un lanceur d’alerte, le journaliste Burton Ledoux, publie pour le compte des Jésuites des articles dénonçant la situation. Le journal Le Devoir lui emboîte le pas et consacre une série de textes sur la silicose à Saint-Rémi. La compagnie, plutôt que d’essayer de trouver des mesures correctives, décide de fermer la mine quelques mois plus tard. Ce grand drame vécu tout près de chez nous est pourtant passé presque inaperçu dans l’histoire minière québécoise!

Pour plus d’informations : Société du Patrimoine SOPABIC.

Tél. : 819-717-4224, Courriel : sopabic1@gmail.com

Site web : sopabic-patrimoine.org

Page Facebook : Société du patrimoine Sopabic

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