Robert Lafontaine : le monde imaginaire des Sproutes

À l’occasion de la journée J’achète un livre québécois, célébrée le 12 août, L’info a voulu rencontrer des auteurs de la région. Parmi eux, Robert Lafontaine, caricaturiste et bédéiste établi à Sainte-Agathe-des-Monts, propose un univers singulier et engagé à travers ses personnages de bande dessinée : les Sproutes.

Scientifique de formation, détenteur d’une maîtrise en mycologie, Robert Lafontaine a pourtant toujours gagné sa vie comme caricaturiste. « Mes emplois d’été étaient toujours d’être caricaturiste sur les lieux publics et puis quand j’ai eu mon diplôme, j’ai gagné ma vie comme caricaturiste. » Aujourd’hui, après 30 ans de carrière en caricature, il revient à son premier amour, la bande dessinée, et redonne vie à ses personnages orangés au long nez, les « Sproutes ».

Les Sproutes

Les Sproutes sont des créatures fictives très importantes dans l’univers de Robert Lafontaine. Selon leur créateur, ils sont issus d’une espèce nommée Sproutinchus anatinus orangeus. « C’est une espèce de lutin de farfadet québécois qui a été découvert à Wabush, qui mesure moins qu’un millimètre, puis qui est dans une civilisation beaucoup plus évoluée que celle des humains. » Il explique que les Sproutes possèdent des facultés extraordinaires comme la télépathie, la lévitation, et vivent dans une société « 100 % écologique, très zen, un peu une société idéale ». Ils interviennent dans le monde humain pour prévenir les catastrophes, souvent causées par la pollution ou d’autres dérives modernes. « Les Sproutes ont la faculté de pouvoir s’intégrer parmi les humains, de changer de forme et de venir éviter des catastrophes qui mettraient en danger l’espèce humaine au complet », ajoute-t-il.

Un écrivain qui dessine

Au-delà de la fiction, Robert Lafontaine se voit davantage comme un écrivain qui dessine. Il accorde une grande importance à la structure, à la composition et au langage propre à la bande dessinée, qu’il considère comme un médium riche et exigeant. Il souligne également l’essor actuel du roman graphique, notamment grâce à une présence accrue de femmes dans le domaine.

Toutefois, malgré cette effervescence, les conditions de travail des bédéistes demeurent précaires. « Malheureusement, les salaires en BD sont très bas, à part 4 ou 5 gros noms au Québec qui réussissent bien, les autres vivotent ou font ça par passion. » Pour cette raison, il a choisi de s’autopublier et de vendre ses livres directement via son site Web.

Un univers à découvrir

Son univers s’enrichit constamment : sculptures de Sproutes dans sa cour, collaboration avec le sculpteur Gilles Lauzé pour créer des moules spécialisés, et quatre albums déjà publiés. Il travaille actuellement sur un cinquième tome, mettant en scène Igor, l’antagoniste récurrent de son univers qui menace l’équilibre du monde.

Parmi ses autres titres, on trouve L’étoile des Sproutes verts, dans lequel « les Sproutes empêchent que la planète soit envahie de gazon parce que ça tuerait leur récolte », et L’opération Shnoutt.

Robert Lafontaine participera pour la première fois au festival de la BD de Prévost, les 16 et 17 août prochains.

J’achète un livre québécois

Enfin, à l’occasion de la journée J’achète un livre québécois, il rappelle son attachement à la culture locale. « C’est très important. Moi, je suis un fan de la culture québécoise, la chanson, les livres. On a beaucoup de talent dans ces domaines-là. » Une manière de souligner l’importance de soutenir les créateurs d’ici.