Logement dans les Laurentides : une crise urgente

  • Publié le 30 juin 2025 (Mis à jour le 30 juin 2025)
  • Lecture : 3 minutes
Photo Médialo – Gabrielle Sarthou
Photo Médialo – Gabrielle Sarthou

À l’approche du 1er juillet, traditionnellement associé à la période des déménagements, la situation du logement locatif dans les Laurentides inquiète les organismes de défense des droits des locataires. Selon Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU (regroupement national pour le droit au logement), « la situation dans les Laurentides, est inquiétante et préoccupante ».

S’appuyant sur les données de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), Véronique Laflamme indique que « partout dans les Laurentides, le taux d’inoccupation c’est entre 0 et 1 %. » Le seuil d’équilibre du marché est à 3 %. « Dans des villes comme Mont-Tremblant, ce taux atteint même 0 %, alors qu’il se situe à 0,5 % à Mont-Laurier et à 0,4 % à Sainte-Adèle. À Sainte-Agathe-des-Monts, l’an passé, il était à 0,7 %, mais, et cette année, malheureusement, la SCHL a jugé que la donnée n’était pas fiable », précise-t-elle.

Elle explique : « Quand on regarde les données avec des taux d’inoccupation aussi bas, c’est sûr que ça nous donne un indice que ça ne va pas bien. C’est le meilleur indicateur qu’on a sur la rareté de logements locatifs. »

Une double crise : rareté et inabordabilité

Au-delà de la pénurie de logements, c’est la flambée des loyers qui soulève l’alarme. À Mont-Tremblant, par exemple, le loyer moyen a augmenté de 44,7 % en un an ; il est passé de 841 $ en octobre 2023 à 1 217 $ en octobre 2024. « C’est énorme, affirme Mme Laflamme. C’est plus de quatre fois plus que la hausse à la grandeur de la province ».

D’autres localités ne sont pas épargnées. Mme Laflamme donne l’exemple de la ville de Prévost où l’on note une hausse de 21,7 % en une seule année. À Mont-Laurier, c’est 9 % en un an.

Cela s’explique selon elle par deux facteurs : les hausses de prix au changement de locataire, et les logements neufs récemment construits qui viennent tirer vers le haut le prix des loyers.

Les logements disponibles sont présents sur le marché, mais ils sont « complètement hors de prix et ne correspondent pas à la capacité de payer d’une partie importante des locataires ». À Sainte-Agathe-des-Monts, on parle d’un logement d’une chambre à coucher à 1 500 $, de deux chambres à coucher à 2 000 $.

Des conséquences sociales importantes

Selon Mme Laflamme, la crise a des effets directs sur le tissu social des communautés. « Des locataires sont forcés de changer de village, de municipalité. Ça a un coût au niveau du transport. Les gens s’éloignent de leur communauté. » Elle rappelle que « les locataires des Laurentides, ils ne sont pas tous riches, et leur capacité de payer est parfois limitée ». Lors du dernier recensement, « il y avait dans les Laurentides 12 300 ménages locataires qui avaient des besoins impérieux de logement ». Elle précise que ces besoins ont augmenté depuis.

De plus, selon les dernières données de la Société d’habitation du Québec, à la mi-juin, il y avait dans les Laurentides 80 ménages locataires qui sont suivis activement par un service d’aide à la recherche de logements, comparé à 35 à pareille date l’an passé, détaille Mme Laflamme.

Un appel à l’action

« On pense qu’on est vraiment à un point tournant pour augmenter la part occupée par le logement social et communautaire », plaide Mme Laflamme. Elle évoque la nécessité d’investissements majeurs dans « des logements publics gérés par les offices d’habitation, des coopératives, des organismes sans but lucratif d’habitation ».

Mme Laflamme insiste : « Ce qu’on voit aujourd’hui, c’est que le prix des logements ne redescendra pas. Donc, il faut s’assurer qu’on augmente l’offre de logements sociaux réellement abordables pour la diversité de locataires qui finalement n’ont pas les moyens de se payer ces logements-là. Sinon, on va contribuer au creusement des inégalités sociales entre locataires et propriétaires, entre les touristes et les gens de la place qui finalement n’arrivent plus à vivre décemment ».

Responsabilités des propriétaires et du gouvernement

Elle appelle aussi les propriétaires à faire leur part : « Respectez le Code civil du Québec. Ne faites pas d’éviction pour le profit et ne dépassez pas les indices du Tribunal administratif du logement pour les hausses de loyers ».

Elle dénonce le manque de mesures structurantes contre les évictions abusives et les hausses incontrôlées dans les logements neufs : « Il faut vraiment renforcer les protections législatives », et rappelle aux locataires qui n’ont pas encore trouvé de logement de faire appel aux ressources en place.

Pour obtenir de l’aide :

Société d’habitation du Québec : http://www.habitation.gouv.qc.ca
Office municipal d’habitation du Québec : https://www.omhq.qc.ca
Office municipal d’habitation de Sainte-Adèle : (450) 229-2264
Office municipal d’habitation de Saint-Jérôme : https://www.omhstjerome.qc.ca
FRAPRU : https://www.frapru.qc.ca/le-frapru

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