Devenir un travailleur routier, l’espace d’un instant

Plusieurs instances gouvernementales ont invité la population et les médias, le 29 juillet dernier, à essayer un casque virtuel permettant de mieux comprendre la réalité d’un travailleur routier. Cette activité s’est déroulée à la Porte du Nord à Saint-Jérôme, en bordure de l’autoroute 15, un endroit volontairement ciblé pour cette simulation.

C’est le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD), la Sûreté du Québec (SQ), le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) ainsi que la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) qui se sont concertés pour trouver une manière efficace de sensibiliser les automobilistes aux risques que prennent les travailleurs routiers quand ils œuvrent sur nos routes.

« L’enjeu, c’est que nous avons des difficultés en général, avec le respect des signaleurs et avec le respect des limites de vitesse aussi dans les zones de chantier. Il y a aussi le corridor de sécurité qui est censé être respecté et qui ne l’est pas toujours sur l’autoroute », affirme Maxime Coursol, conseiller en communication pour le MTMD.

Ce dernier partage les données les plus récentes en lien avec le nombre de victimes d’accidents de véhicules routiers survenus à l’approche ou dans une zone de travaux (année 2024), compilées par la SAAQ (au niveau provincial). Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

-Décès: 11

-Blessés graves : 21

-Blessés légers : 723

-Total des victimes : 755

-Décès en 2025 ( à ce jour) : 4

M. Coursol précise que ces statistiques incluent toutes les victimes d’accidents de véhicule routier en zone ou à l’approche d’une zone de travaux, donc il ne s’agit pas uniquement de travailleurs routiers. Seulement les accidents de véhicules routiers pour lesquels un rapport d’accident a été rédigé et transmis à la SAAQ ont été considérés pour cette compilation.

Imprudence : « C’est pire que jamais! »

Questionné sur le comportement téméraire, voire dangereux, de certains automobilistes à leur passage dans les chantiers routiers, le sergent Daniel Catanzaro de la Sûreté du Québec lance simplement : « C’est pire que jamais! Ça fait 12 ans que je suis policier et j’ai l’impression que les gens sont de plus en plus téméraires sur la route. On a de plus en plus d’accidents. Dans les chantiers, ça a augmenté aussi. »

Celui-ci soutient qu’une façon efficace de calmer les ardeurs des conducteurs imprudents et agressifs est de demander à la SQ d’être présente et visible.

« On reçoit souvent des plaintes des travailleurs qui nous demandent d’être présents sur les chantiers. On dirait que depuis la pandémie il y a eu comme une croissance des conduites dangereuses, des délits de fuite et tout type de comportement dangereux sur la route. »

Simulateur virtuel

La présence de la SQ sur la route est un incitatif à bien de comporter au volant, mais le fait le ressentir les risques du travailleur routier au travail via un simulateur virtuel l’est certainement tout autant.

Ainsi, en partenariat avec la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), le SFPQ a développé le simulateur et produit diverses campagnes de sensibilisation à la prudence. Le logiciel, élaboré par Etherlab, est utilisé en prévention depuis deux ans. Environ 150 000$ ont été investis pour le mettre en fonction.

« On essaye de faire vivre aux gens c’est quoi travailler aux abords des routes avec le simulateur. Ça donne vraiment un feeling de ce que c’est quand une voiture passe à 120 km/h à côté de vous », ajoute Nicolas Leduc-Lafantaisie, président régional pour le SFPQ.

Le MTMD conclut que le projet de loi n^o 48, sanctionné le 2 mai 2024, a mis en place plusieurs mesures pour favoriser la sécurité dans les zones de travaux ou aux abords de celles-ci, notamment l’augmentation de l’amende applicable au conducteur d’un véhicule routier qui ne respecte pas les ordres et les signaux d’un signaleur (désormais 300 $ à 600 $ et 4 points d’inaptitude).