Les résidents du Sentier du Nouveau Jour co-créent une chanson

Les participants qui ont cocréé la chanson 
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Les participants qui ont cocréé la chanson Photo gracieuseté

Au centre de réadaptation en dépendance Le Sentier du Nouveau Jour, situé à Lantier, une initiative unique a été proposée cet été : un atelier de musicothérapie rassemblant 17 résidents autour de la création d’une chanson originale intitulée Dependency.

Porté par Didier Iglesias, alias Swiim, intervenant psychosocial et producteur musical, le projet visait à offrir aux participants un espace d’expression authentique et à mettre en lumière leur vécu face à la dépendance. La chanson est disponible sur toutes les plateformes depuis le 1er août.

« Ça fait quand même quatre ans que je travaille ici, puis je suis témoin de beaucoup de talent. J’ai donc pris l’initiative de faire un atelier qui était basé sur huit semaines, avec pour but d’exprimer vraiment un message profond », explique Didier Iglesias. L’atelier a couvert toutes les étapes de création musicale, de l’écriture des textes à la composition, en passant par l’enregistrement studio et la réalisation de la pochette d’album.

Didier Iglesias
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Une œuvre collective et intemporelle

La chanson Dependency est le fruit d’une collaboration où chaque participant a apporté sa voix et son expérience. Didier Iglesias souligne que l’objectif est autant créatif que thérapeutique : renforcer la confiance, favoriser la coopération et offrir un espace où les résidents peuvent transposer leurs défis personnels dans l’art.

« Cette chanson-là, elle va sortir sur toutes les plateformes. C’est quelque chose d’intemporel pour eux. Ils pourront toujours l’écouter, et ça leur rappellera leur force, leur résilience », ajoute Didier.

Au-delà de l’aspect artistique, le projet contribue à briser les tabous autour de la dépendance et à sensibiliser le public à cette réalité : « La réalité, c’est que, surtout après la COVID, on vit dans un monde où la dépendance est courante. C’est important d’en parler, d’avoir une compréhension de la situation et de normaliser que c’est une maladie. Même quand on fait une thérapie, on ne se guérit pas, on apprend juste à la manager», souligne Georges Constantakis.

Le Sentier du Nouveau Jour
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Une expérience humaine avant tout

Dependency illustre la puissance de la musicothérapie pour reconnecter les personnes avec elles-mêmes et avec les autres. Chaque participant a trouvé, à travers cette création, un moyen de s’exprimer, de se dépasser et de retrouver un sentiment d’espoir et de fierté. Avec ce projet, Le Sentier du Nouveau Jour démontre que la créativité et l’art peuvent être de puissants leviers de rétablissement et d’inclusion, et que chaque voix compte.

« C’est un projet auquel je voulais vraiment participer. La musique est importante dans ma vie, et ça m’a permis d’expliquer avec des mots des choses parfois inexplicables. L’espoir, l’amour et l’humilité, c’est vraiment à ça que je veux carburer », explique Gabriel Pagé.

Témoignages : retrouver sa voix et sa confiance

Pour les résidents, l’expérience a été autant artistique que thérapeutique. Georges Constantakis confie : « Quand j’ai enregistré, c’était la première fois que je chantais devant du monde depuis des années, et ça m’a vraiment touché… Puis, tout le monde a vraiment aimé ma voix, et quand ils m’ont complimenté, j’ai failli brailler, là. Même si on est dépendants, on est encore capables. On est humains aussi. »

Fabien Lauzon ajoute : « Le but, c’était de dire que je brillais à travers ma darkness. Le fait que le monde écoute mon bout et que ça pogne, ça m’a encouragé. Ça me donne le goût de continuer dans la musique. Pour moi, le message c’est que même dans le noir, il y a le moyen de briller. »

Pour Sébastien Thibault, alias Tha Woodz, ce projet a été une reconnexion avec ses passions : « Ça m’a permis de reconnecter avec la musique, de réapprendre à travailler en équipe. Pour moi, le message c’est que la drogue, ça va juste nous emmener dans le côté sombre, puis il faut faire attention de ne pas être dans l’égocentrisme, mais plus d’être dans l’humilité. »

Gabriel Pagé, qui a participé à l’écriture et à la narration de la chanson, explique : « C’est moi qui ai fait la partie qui n’est pas chantée, mais plutôt parlée, c’était comme des paroles qu’on se dit à nous-mêmes. Faire ça m’a permis de retrouver un sentiment d’appartenance, de fraternité. La consommation m’avait amené beaucoup de solitude, alors c’était vraiment important pour moi. Le but c’était aussi d’essayer d’expliquer avec des mots les choses qui sont un petit peu inexplicables. Pour moi, l’amour, l’espoir, l’humilité, c’est vraiment à ça que je veux carburer. S’il y a des gens qui sont dans le besoin et qui entendent la chanson, il faut comprendre qu’ils ne sont pas seuls non plus. Il y a des solutions aux problèmes et que rien n’est éternel.»

Pour Maryse Bourgouin :« L’atelier m’a permis de laisser aller mon imagination et de m’exprimer pleinement. Le processus de création m’a donné beaucoup de fierté. Derrière la chanson, c’est un message d’espoir : ne jamais lâcher et garder la tête haute. »

Pour Patrick Larente, l’expérience a été inoubliable du début à la fin. Il se souvient surtout de ce sentiment de solidarité : « Tout le monde ici, on avait besoin d’aide, on était perdus et on s’est tous retrouvés ensemble dans le sentier. C’était la bonne place pour ce qu’on a trouvé dans le fond. Pour moi, la chanson, ça représente de l’espoir et de la réussite. »

Mathieu Duruisseau, de son côté, a écrit un couplet de rap de 16 lignes. Il a particulièrement apprécié l’approche de  Didier : « J’ai vraiment aimé l’expérience parce que je restais authentique dans l’écriture. Je n’ai pas senti que je devais plaire à un certain public. Je restais moi-même dans le processus. » Pour lui, ce projet est une manière de démontrer que la création artistique n’a pas besoin de s’appuyer sur la consommation : « C’est en arrêtant de consommer que je peux créer les choses les plus authentiques et développer une vraie discipline. L’art, c’est essentiel : il faut s’y accrocher dans un parcours de rétablissement, dans la sobriété. »

Pour Alex Édouard Hughes-Tapp, qui a signé le dessin de la pochette de l’album, la création s’est faite rapidement, mais avec une forte charge symbolique. « Je voulais faire un homme un peu accroupi parce que la consommation, dans le fond, ça nous amène un peu à se refermer. » Il évoque aussi la présence d’une rose des vents, un élément personnel qui représente « les huit directions » et, surtout, « les possibilités  bien plus grandes que ce qu’on pense quand on est en consommation ». Malgré le manque de temps, il estime que l’illustration traduit l’esprit du projet : montrer que, même lorsqu’on se sent refermé sur soi-même, les chemins vers l’ouverture et le changement restent nombreux.

La pochette de la chanson
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