L’Ombre-Elle, l’organisme d’aide pour les femmes victimes de violence dans la région, a toujours sa raison d’être. Encore aujourd’hui, ses intervenantes travaillent sans relâche. Le rôle d’accompagnement de l’organisme peut, pour un cas seulement, s’échelonner sur plusieurs années.
Josée (nom fictif) a bien voulu raconter son cauchemar, mais surtout, sa guérison. « J’ai enduré la violence durant trois ans. On me disait que je le provoquais, que c’était de ma faute. L’Ombre-Elle m’a vraiment aidée et c’est quand j’ai lu la documentation qui expliquait la différence entre une chicane de couple et de la violence conjugale que j’ai réalisé que j’avais besoin de m’en sortir », confie-t-elle.
D’abord hébergée à L’Ombre-Elle avec ses enfants, Josée a reçu beaucoup de support de l’organisme. « J’avais l’impression de prendre la place de quelqu’un d’autre quand je suis arrivée là. J’étais dans le déni en me disant que c’était moi la mauvaise personne. Il (l’agresseur) arrive à te convaincre qu’il sera le seul à t’aimer pour le reste de ta vie et toi, tu penses toujours qu’il va changer », poursuit-elle.
Tout au long de son processus judiciaire, L’Ombre-elle a soutenu Josée. C’est d’ailleurs ce que l’organisme fait pour les femmes qui cognent à sa porte. Elle-même impliquée auprès des femmes en difficulté aujourd’hui, Josée a encore peur et doit toujours chasser les vieux démons.
Au bout du fil
L’Ombre-Elle offre une ligne d’écoute en tout temps pour les femmes dans le besoin ou qui se posent des questions sur leur situation conjugale. « Notre rôle est d’écouter, et aussi de semer des graines pour que les femmes en viennent à prendre une décision pour leur bien. La femme peut connaître une trentaine d’agressions avant de quitter son conjoint », explique Chantal Hachey, intervenante à L’Ombre-Elle.
De son côté, la directrice générale de l’organisme, Myriam Tison, soutient que la sensibilisation sur « ce qu’est une relation saine » est très importante et surtout chez les jeunes. C’est pourquoi l’organisme se déplace régulièrement dans les écoles. « On voit encore beaucoup de confusion sur les relations amoureuses chez les jeunes. La violence conjugale devient encore plus complexe de nos jours aussi en raison des réseaux sociaux. Les victimes n’ont plus de répit! » On parlerait d’ailleurs davantage de violence psychologique et sexuelle que de violence physique dans notre actuelle génération.
« L’Ombre-Elle m’a permis de me détacher du passé », conclut Josée qui rappelle que de dénoncer est déjà une première étape de reprise de pouvoir sur sa vie. L’Ombre-Elle, rappelons-le, couvre les MRC des Laurentides et des Pays-d’en-Haut.
Quelques statistiques
Du 1er avril 2018 au 31 mars 2019
-L’Ombre-Elle a reçu 1463 demandes
-236 demandes étaient pour des enfants
Du 1er janvier au 31 décembre 2019
-L’Ombre-Elle a hébergé 54 femmes et 42 enfants
-198 demandes de femmes ont été refusées
-70 demandes pour des enfants ont été refusées
Raisons des refus: ne répondent pas aux critères de l’organisme ou manque de place en hébergement.
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