Voici pourquoi les voitures sportives ont disparu chez Honda

RPMweb | Sylvain Raymond

Publié le 17 octobre 2024 par Médialo

Nombreux sont ceux qui ont la nostalgie des modèles sportifs vendus par Honda ; voici pourquoi ce genre de véhicules ne peut plus être commercialisé de nos jours.

Nombreux sont ceux, et j’en suis, s’ennuient de l’époque où l’on retrouvait une panoplie de coupés et de petites voitures à vocation sportive. Honda en a commercialisé plusieurs au fil des décennies : la Honda CRX, la Prelude, la S2000 et, bien entendu, les Civic Si et Type R qui heureusement demeurent offertes. Malheureusement, ce type de véhicules tend à disparaître de la gamme de tous les constructeurs.

J’ai profité d’un récent événement pour en discuter avec les gens de Honda Canada. J’ai toujours profité de chaque occasion pour m’enquérir des nouveautés à venir en termes de véhicules abordables, mais surtout, de voitures à vocation plus sportive. Comme vous vous en doutez, les bonnes nouvelles en la matière sont de plus en plus rares de nos jours.

Mais pourquoi?

En premier lieu, il y a l’intérêt des acheteurs. De nos jours, les gens s’intéressent beaucoup plus aux gadgets et à l’aspect technologique des véhicules qu’à leurs performances. Les temps ont changé, les jeunes acheteurs n’ont plus en tête les mêmes préoccupations que nous avions en matière de voiture.

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Mais il n’y a pas que le facteur humain. Il faut aussi savoir que, de nos jours, il est presque impossible pour un constructeur de commercialiser un véhicule de niche et à faible diffusion. Les grands responsables, ce sont surtout les différentes législations en termes d’émissions et de tests de collision. D’ailleurs, l’Amérique du Nord s’est donné des législations parmi les plus sévères de l’industrie ; c’est pour cette raison que certains modèles intéressants ne sont pas offerts ici, surtout du côté des microvéhicules.

Il est devenu très coûteux de développer un véhicule qui répond aux normes et de l’homologuer pour le commercialiser en Amérique du Nord. Dans les circonstances, il devient presque impossible de fabriquer un modèle à faible volume, la rentabilité ne serait simplement pas au rendez-vous.

Les émissions et l’environnement

Les législations concernant les émissions ont aussi eu raison de plusieurs modèles mus par une mécanique plus performante. Les voitures sport sacrifient l’économie au nom de la performance, les constructeurs ne peuvent plus développer des mécaniques dédiées à ces bolides. L’environnement a eu raison de la performance pure.

C’est pour cette raison que la boîte de vitesses manuelle disparaîtra probablement du marché sous peu, car elle pénalise l’économie de carburant, malgré le plaisir de conduite qu’elle procure. Elle ne survivra pas non plus à l’automatisation des systèmes de conduite, surtout qu’on se dirige de plus en plus vers des véhicules équipés de la conduite autonome.

Ajoutez d’autres éléments extérieurs comme les coûts d’assurances et le fait que le cycle de vie des sportives est beaucoup plus court. C’est la nouveauté qui vend. Vous obtenez alors un monde rempli de véhicules similaires qui adoptent des plateformes partagées.

C’est pourquoi certains constructeurs ont récemment créé des alliances afin de commercialiser leurs sportives. C’est le cas de BMW et de Toyota dans le cas des BMW Z4 et Toyota GR Supra. Subaru et Toyota ont aussi fait de même avec les BRZ et 86. Et c’est sans oublier Mazda et Fiat, il y quelques années, avec les Mazda MX-5 et Fiat 124 Spider.

Une explosion des coûts

Il y a aussi la hausse des coûts de fabrication qui a explosé au cours des dernières années. On l’a souvent mentionné à propos de Honda et d’autres marques également, le prix de base d’une Honda Civic ou d’un CR-V est fortement en hausse ces dernières années. Hayato Mori, de Honda Canada, nous expliquait que le coût des matériaux est beaucoup plus élevé depuis la pandémie. Certains fournisseurs n’ont jamais repris la cadence de production, ce qui maintient l’effet de rareté et les prix plus élevés.

La hausse était tellement importante, que Honda a décidé d’absorber une partie de la hausse et d’abaisser sa marge de profit, chose qu’elle n’avait jamais faite dans le passé. Dans ce contexte, le prix d’un nouveau véhicule sport serait sans doute loin du montant que les acheteurs seraient prêts à débourser. C’est le même phénomène qui est la base de la disparition de plusieurs véhicules abordables. Il faudra malheureusement s’habituer à cette nouvelle réalité.

On peut parler de lueur d’espoir du côté des véhicules électriques, mais, dans le cas de Honda, Hayato Mori ne croit pas qu’on verra beaucoup de modèles sport éclore pour les mêmes raisons, volume de ventes, rentabilité et prix d’achat.

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