Santé
La fin de l’entente sur l’accessibilité inquiète les médecins de famille
Dans une lettre adressée à la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) en avril dernier, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) annonçait la fin de l’entente sur l’accessibilité dès le 1er juin. Ceci inquiète grandement les médecins omnipraticiens des Laurentides et de Lanaudière (AMOLL) qui ont récemment lancé un cri du cœur pour dénoncer la situation.
Rappelons que l’entente sur l’accessibilité est née d’une réflexion amorcée par les médecins de famille du Québec à la suite d’une requête du gouvernement de réduire l’iniquité de l’accès aux services de soins première ligne. L’idée était donc au départ de permettre aux gens qui n’ont pas de médecins de famille d’avoir accès à un professionnel de la santé approprié plus rapidement. « Il faut comprendre que présentement quand on a un médecin de famille au Québec, on est doublement privilégié. Premièrement, on a un professionnel qui nous connait et en plus, on a la facilité d’y avoir accès », indique La Dre Marie-Pierre Chalifoux qui est notamment médecin de famille à Sainte-Agathe-des-Monts, travaille au Guichet d’accès au médecin de famille des Sommets, tout en étant obstétricienne à l’Hôpital de Sainte-Agathe.
Des résultats concrets
L’initiative née de cette réflexion en 2022 a donné naissance au Guichet d’accès à la première ligne (GAP) qui consiste en un premier contact, soit par téléphone ou en ligne avec un professionnel de la santé spécialement formé qui oriente la personne vers le professionnel approprié. « Ce qu’on a ajouté, c’est la notion de tri de pertinence qui n’était pas là avant et qui a permis d’améliorer le service. Dans certaines régions, c’était presque 2 consultations sur 3 à un médecin de famille qui étaient évitées grâce à ce processus-là », indique la Dre Chalifoux.
L’AMOLL rappelle qu’en juin 2022, des médecins de famille de partout au Québec ont volontairement réorganisé leur pratique, embauché du personnel et mis l’épaule à la roue pour contribuer au succès de l’entente sur l’accessibilité et pallier le manque personnel. Cette entente a notamment permis à des médecins œuvrant habituellement à l’hospitalisation ou à l’urgence et des médecins près de la retraite de venir prêter main-forte aux médecins de famille et ainsi assurer de meilleurs services de premières lignes à la population. Précisons que plus de 400 médecins dans les Laurentides et Lanaudière ont plus de 30 années de pratique.
Selon l’AMOLL, cette entente avait permis à plus de 38 000 patients des Laurentides et à 30 000 dans Lanaudière d’avoir accès à un médecin de famille, des résultats bien au-delà des cibles gouvernementales. « On est tous un peu surpris de la fin de cette entente, car on semble tous conclure qu’on a livré », commente la Dre Chalifoux.
Un avenir inquiétant
Avec la fin de l’entente le 1er juin, l’AMOLL appréhende les conséquences de la réduction d’offres de rendez-vous médicaux pour la population. « Partout au Québec on doit composer avec une pénurie de 1500 médecins de famille. Depuis 2013, il y aurait 600 postes en médecines familiales qui n’ont pas été pourvus. La médecine familiale est la spécialité la moins attractive présentement chez les étudiants en médecine, pas seulement en raison de la rémunération, mais surtout en raison de la lourdeur de la médecine familiale en première ligne qui est malade », croit la Dre Marie-Pierre Chalifoux.
« Ce qu’on sait, c’est que plusieurs médecins cesseront leur pratique en médecine familiale avec la fin de cette lettre d’entente. Pour nous dans les Laurentides, alors que l’été est à nos portes et que le personnel a besoin de vacances, on a des inquiétudes vis-à-vis nos citoyens qui n’ont pas de médecins de famille et qui ne pourront consulter. On a des inquiétudes face à nos salles d’urgence qui risquent d’être engorgées », indique la Dre Chalifoux.
« On pense qu’il y a encore du temps pour renouveler et bonifier l’entente. On veut continuer à travailler ensemble vers une restructuration de la médecine de première ligne pour en faire une plus grande force et une plus grande équité de la population », ajoute-t-elle.
La réponse du MSSS
Appeler à commenter la situatio, voici la réponse du ministère de la Santé et des Services Sociaux : « Précisions d’abord que l’entente convenue entre la FMOQ et le MSSS prévoyait depuis le début que l’entente se terminerait à l’épuisement des sommes affectées au financement des mesures prévues à la lettre d’entente ou à l’introduction du nouveau mode de rémunération par capitation. Il faut aussi rappeler que le MSSS continue de financer le fonctionnement du GAP à même ses propres budgets. La fin de l’entente signifie la fin d’une prime de 120$ par année par patient, mais le GAP est là pour rester ». Dans le contexte des négociations actuelles avec la Fédération, par respect pour les parties impliquées, le gouvernement du Québec ne désire par commenter davantage.
Quelques chiffres
• Dans les Laurentides, près de 130 000 patients, dont 38 000 inscrits collectivement, sont en attente sur le Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF);
• Dans Lanaudière, près de 74 000 patients, dont 30 000 inscrits collectivement, sont en attente sur le GAMF;
• Depuis 12 ans, plus de 600 postes de résidence en médecine de famille sont demeurés vacants au Québec;
• Au Canada, les médecins de famille fournissent 52 % de tous les services médicaux, mais ne représentent que 5,7 % des dépenses;
*Source (Collège des médecins de famille du Canada).
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