L’industrie du ski est-elle en péril ?

Publié le 13 janvier 2023 par Martin Dumont

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Martin Dumont

Journaliste de l’Initiative de journalisme local | mdumont@infodunord.ca

Pluies intenses, grésil, vents violents et redoux interminables représentent des conditions qui caractérisent de plus en plus les hivers laurentiens. Ces conditions qui affectent directement l’achalandage menacent-elles la survie de nos stations de ski ?

Les gestionnaires de station de ski sont confiants de pouvoir s’adapter aux changements climatiques. (Photo- AdobeStock).

Selon le météorologue Gilles Brien, le principal changement climatique observable dans les Laurentides depuis les dernières années est la hausse des moyennes de températures pendant la nuit « Des -40 degrés Celsius, on ne voit plus ça dans les Laurentides », affirme le spécialiste.

Quant aux quantités de neige, la tendance est une diminution moyenne d’environ 1 cm par année. « Les stations de ski qui ne produisent pas assez de neige artificielle sont appelées à fermer », prédit Gilles Brien.

Des pertes planifiées

Le directeur de la station de ski Belle Neige de Val-David, Nicolas Vallières, affirme quant à lui que les changements climatiques ne représentent pas des défis nouveaux pour les administrateurs de stations de ski des Laurentides. « Ça fait 15 ans que je suis à la station et on est habitué à voir au moins une journée de pluie pendant le temps des fêtes. Est-ce que c’est pire qu’il y a 10 ans ? je ne suis pas certain », exprime le gestionnaire

Aux dires la vice-présidente, vente marketing et communication, Annique Aird à la station de ski Mont-Tremblant, les conditions climatiques difficiles font partie des planifications stratégiques de l’entreprise depuis plusieurs années et la diversité d’activités offertes au village de Tremblant peut compenser pour les journées moins rentables sur les pentes.

Température à la hausse

Gilles Brien rappelle que le nombre de jours de redoux occasionnant du dégel serait susceptible d’augmenter de 30 à 40 % au cours des 10 prochains hivers. « Toute l’industrie touristique hivernale sera impactée dans les prochaines années, mais le prolongement la saison estivale comme on le voit avec des mois de septembre et octobre plus cléments va surement encourager l’industrie touristique à modifier son offre en conséquence », estime Gilles Brien.

Diversifier les activités

À la station de ski de Mont-Tremblant, on se dit moins affectés par les redoux, mais les vents plus intenses pendant les tempêtes peuvent parfois nuire aux opérations. La production de neige doit parfois être arrêtée et certaines remontées doivent aussi être fermées quand les vents sont trop intenses. « Les conditions climatiques changeantes nous présentent des défis, mais on trouve toujours une façon de s’adapter pour offrir un service de qualité », affirme Annique Aird.

Selon Nicolas Vallières, les fermetures et les conditions climatiques difficiles peuvent se traduire par plusieurs dizaines de milliers de dollars en pertes. « Dans notre industrie, le timing y fait pour beaucoup. Si on reçoit une grosse bordée de neige, c’est sûr que ça peut encourager les gens à venir skier en grand nombre. Mais si elle survient dans le milieu d’une semaine normale, les gens reprennent leur routine et l’effervescence se fait moins ressentir », indique-t-il.

La station de ski Belle Neige a d’ailleurs investi beaucoup d’argent au cours des dernières années en aménageant des sentiers de vélo de montagne et un ciné-parc. Même si la dernière saison de ski s’est tout de même bien amorcée en dépit des fermetures et des redoux, les activités estivales permettent de diversifier les revenus et minimiser les impacts des changements climatiques sur les activités hivernales.

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