Bien-être instantané
Rose et Petit Michel au lieu des pilules
Qu’on soit enfant ou adulte, parent ou non, qui n’a jamais eu un petit sourire aux lèvres ou le souvenir d’un moment heureux lorsque l’on aperçoit une poupée. Rien qu’en lisant cette phrase, certains se remémoreront de la leur. Voilà, à quoi sert une poupée thérapeutique, à procurer un sentiment de bonheur, à donner le sourire, mais aussi à calmer l’anxiété.
Depuis plusieurs années, les poupées thérapeutiques font partie intégrante de personnes ayant des troubles cognitifs comme Jacqueline Parent et de Lizette Croft, ou du corps médical qui les utilise auprès de patients souffrant aussi d’anxiété. « De ce que nous pouvons voir, c’est que ça calme beaucoup la personne, parce qu’elle est occupée. Les gens quand la maladie évolue, ils ont moins de capacité de concentration, ils ne sont plus capables de faire des jeux que des adultes pourraient utiliser. La poupée permet de se concentrer sur quelque chose qui leur rapporte beaucoup d’affection, parce que oui, la poupée ne peut pas en donner, mais eux autres, peuvent en donner. Sur le plan émotif, ça permet de les rendre plus calmes », explique Sylvie Thibodeau, intervenante psychosociale dans MRC des Laurentides pour la Société Alzheimer des Laurentides.
Lizette Croft et Rose
Lizette Croft travaillait auparavant à l’hôpital neurologique de Montréal. Elle réside désormais à Huberdeau avec sa fille, Jacqueline Croft, qui a eu l’idée de lui offrir une poupée à Noël, il y a deux ans, parce que sa maman adorait ça et ne pensait pas que ça l’aiderait dans sa maladie. « Elle savait exactement que ce qu’elle devait faire, elle l’a mise sur son genou et elle a commencé à lui parler: « Tu es tellement cute ». Elle est toujours avec son bébé nommé Rose, elle se promène avec et quand on va en voiture, elle l’a avec elle. C’est vraiment une bonne chose pour elle, ça lui donne comme un genre d’indépendance et de responsabilité ».
Jacqueline Parent et le Petit Michel
Pour Jacqueline Parent, atteinte d’un trouble cognitif plus léger, elle savait que sa poupée n’était pas réelle, pourtant, comme en témoigne son fils, Donald Boulay, elle s’en occupait tout autant. « Ma mère a toujours travaillé avec les enfants, alors je me suis dit que j’allais essayer de lui en amener une et voir ce qu’elle va faire avec, parce que c’est une dame qui était habituée à très occupée, à être engagée à faire pleins de choses, mais avec son problème cognitif, elle n’avait comme plus d’initiative à faire des choses comme elle le faisait avant. Quand je lui ai emmené le bébé, elle était super contente, parce qu’on aurait dit qu’elle savait quoi faire avec. Elle l’avait dans les bras, elle le câlinait, elle n’allait pas jusqu’à le changer, mais ça lui faisait une occupation pendant un certain temps, et ça la rendait de bonne humeur. » Désormais, Jacqueline Parent est dans un CHSLD et a préféré donner sa poupée, nommée le Petit Michel, à sa voisine de chambre qui est atteinte d’Alzheimer. « Sa voisine l’a adopté et elle était sure que c’était un bébé. Elle a même dit à son mari qu’il devait venir la voir plus souvent pour assumer ses responsabilités, parce que maintenant ils avaient un enfant », raconte Donald Boulay.
Moins de médications
Lynda Payment, qui donne des soins aux personnes âgées, raconte qu’elle s’occupe d’une dame au CHSLD de Mont-Tremblant. Cette dame, atteinte d’Alzheimer, oublie par moments que Lynda Payment est là, et aborder une conversation peut parfois être difficile, sauf quand la poupée est dans les parages. « Quand j’arrive avec la poupée, pour elle, c’est sûr, c’est un vrai bébé. Elle est tout simplement émerveillée face au bébé, elle joue après ses joues, elle lui compte les doigts. Quand son fils est venu la voir à un moment donné avec la poupée, lui, n’en revenait tout simplement pas de la mémoire qu’elle avait face au bébé. C’est tout simplement magique. »
Le Dr Mathieu Guilbault, médecin au CHSLD de Sainte-Agathe explique quant à lui, qu’ils ont « plusieurs patients atteints de troubles neurocognitifs qui bénéficient des poupées. » « On dirait que d’avoir quelque chose de concret à s’occuper, à cajoler, ça peut les aider à calmer l’anxiété et à meubler le temps. Des fois, on peut diminuer la médication à cause de ça. Si ça peut éviter un médicament, c’est déjà une victoire. C’est quelque chose que j’encourage beaucoup au CHSLD, surtout si on peut éviter de donner des médicaments, je suis vraiment pour. »
Quand je lui ai offert et que je lui ai dit que c’était son bébé, le sourire qu’elle avait, elle l’a prise dans ses bras comme une nouvelle maman ferait. C’est quelque chose qu’on n’oublie jamais, je pense.
Jacqueline Croft
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