Pandémie et manque de main-d’œuvre, un fléau aussi pour les producteurs
Au printemps 2020, alors que la pandémie paralysait le Québec, le premier ministre François Legault demandait aux Québécois de manger local afin d’aider et d’encourager les producteurs d’ici. Cette initiative a été prolifique, mais seulement le temps de quelques mois.
Effectivement, comme l’indique Julie Bourbonnière, travailleuse de rang à Écoute Agricole, « il y a eu une grosse médiatisation lorsque le premier ministre a encouragé à manger local. Il y a donc eu un rapprochement à ce moment-là. Les gens se sont sentis responsables d’aller acheter et encourager local. »
Elle explique d’ailleurs que des producteurs bios ont vu la demande s’accroître au point d’investir et de produire davantage pour répondre à la population. Malheureusement, en raison de la levée des restrictions sanitaires et autres sujets, les encouragements se sont essoufflés et les agriculteurs en ont pâti. « Ces producteurs se sont retrouvés avec un surplus. Les légumes dans lesquels ils ont investi, pour produire plus, ils ont dû les donner aux banques alimentaires, parce que les gens ne les achetaient plus. »
Le manque de main-d’œuvre, un vrai problème dans l’agriculture
La pandémie n’est pas la seule problématique, la pénurie de main-d’œuvre l’est tout autant, comme l’explique Anouk Préfontaine, agricultrice de Mont-Laurier . « Le manque de main-d’œuvre pour ramasser les produits est un problème, surtout de demander aux Québécois d’aller dans les champs. Certains ne faisaient pas la demi-journée parce qu’il faisait trop chaud, parce que si, ou ça. C’est là qu’on se rend compte que la main-d’œuvre doit être qualifiée. Ce n’est pas n’importe qui, qui peut faire ce job. »
Mme Bourbonnière raconte qu’elle a vu des agriculteurs laisser leurs choux dans leurs champs parce que ça coûtait moins chers de les laisser, là, pourrir que de les ramasser. « Ça, c’est travailler pour rien et c’est démoralisant », commente Mme Préfontaine. « Oui, ils sont démoralisés, anxieux, en colère. C’est difficile », ajoute la travailleuse de rang Julie Bourbonnière.
Remercier, valoriser et encourager
Depuis quelques années, le milieu agricole est mis en avant aussi bien dans des émissions de télé, que dans des vidéos postées sur les réseaux sociaux par les agriculteurs qui souhaitent montrer leur mode de vie. Malheureusement, ça n’a pas l’effet escompté.
« Comment la population perçoit les agriculteurs, c’est épouvantable. La distance entre le citadin et l’agriculteur est tellement grande que la perception est mauvaise. Les agriculteurs ne se plaignent jamais de travailler trop fort, même s’ils font 80-100 heures par semaine. Ils vont se plaindre, par exemple, qu’ils n’ont pas l’argent qu’ils méritent pour leur travail. Tu ne peux pas aller plus vite que les saisons, ou que la gestation de tes animaux. Il n’y a pas d’argent à faire dans l’agriculture, tu dépenses 98 sous pour faire une pièce. C’est démoralisant à la longue, sans parler de toute la paperasse et les règlements qu’on nous demande », conclut Anouk Préfontaine.
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