Projet d’école à la Sapinière
Val-David acquiert la portion de terrain visée
Le 24 septembre dernier, la Municipalité est devenue propriétaire par expropriation de la portion du terrain de la Sapinière qu’elle souhaitait acquérir pour la construction de la nouvelle école, qui doit ouvrir ses portes en septembre 2023.
Cette portion correspond à 14,5 % de la superficie du site qui appartient à Diane Beaudry, promotrice d’un projet de centre de villégiature de santé et bien-être qui devait être réalisé en ces lieux. Retour sur le dossier.
En 2014, Mme Beaudry achète le domaine de la Sapinière pour 1,6 M$. Quatre ans plus tard, les détails du projet, soutenu par la Municipalité et le ministère du Tourisme, sont annoncés publiquement: Ora Spa Inc. se développera en deux phases, soit l’implantation d’un centre de villégiature dans un premier temps et la construction de 72 unités de location à court terme dans un second. Selon la promotrice, les travaux étaient sur le point de débuter lorsqu’un huissier frappa à sa porte en janvier 2020 pour lui transmettre une réserve foncière mise sur 85 % de son terrain, qui allait permettre à la Municipalité d’y réaliser les études nécessaires pour la construction d’une nouvelle école.
« Je suis tombée en bas de ma chaise. Je n’ai eu droit à aucune mise en contexte. C’est des années de vie pour développer un projet comme ça et on l’arrête du jour au lendemain sans préavis. C’est un stress épouvantable de vivre ça », affirme Mme Beaudry.
Pour la mairesse Kathy Poulin, il s’agit des règles auxquelles est soumis l’appareil municipal. « Il s’agit d’une entité administrative versus une personne humaine, je comprends que la réception peut être froide. C’est malheureusement la façon de faire. Nous sommes soumis à des règles formelles qui protègent la Municipalité », dit-elle.
Le choix du terrain
Si la nécessité d’une nouvelle école à Val-David est reconnue depuis plusieurs années, le lieu choisi pour son implantation amène encore des questionnements chez une partie de la population. Mme Beaudry est au nombre de ceux qui croient que la démarche n’a pas été réalisée de façon transparente. « Encore une fois, je n’ai été mise au courant de rien. Il n’y a pas de traces écrites qui justifient ce qui a mené au choix de La Sapinière, donc nous ne savons pas si d’autres terrains étaient envisageables. Si les choses avaient été faites correctement, nous aurions pu nous entendre », avance-t-elle.
Du côté de la Municipalité, on affirme que le choix de la Sapinière découle d’une démarche d’analyse qui a été faite par le service d’urbanisme et la direction générale, avant d’être expliqué à la population. « Il y a bien sûr des traces écrites du travail que nous avons réalisé en ce sens. L’analyse qui a été faite concerne 12 terrains. Mais ces documents n’ont pas été rendus publics puisqu’ils ont été présentés par l’administration aux élus dans le cadre d’une rencontre de travail. Il faut comprendre qu’il doit y avoir une frontière étanche entre le politique et l’administratif dans une municipalité, nous ne laissons donc pas toujours les documents administratifs aux élus après une présentation », explique Sophie Charpentier, directrice générale de la Municipalité de Val-David.
« Nous n’avons pas fait de consultation publique là-dessus puisqu’aucun autre terrain proposé ne répond aux exigences du ministère de l’Éducation. Le site ne doit pas être un milieu humide ni être trop éloigné du centre. C’est d’ailleurs parce que le lieu choisi est à proximité des activités et des équipements communautaires, comme la bibliothèque, et qu’il permet le transport actif, que c’est la proposition de Val-David qui a été retenue. Cet emplacement répond à la vision du ministère de l’Éducation pour la construction des écoles de nouvelle génération. Et nous sommes un petit village. La Sapinière est le seul endroit qui reste aujourd’hui pour accueillir un tel projet », explique Kathy Poulin.
Elle soutient également que le village ne pouvait se permettre de passer à côté d’un projet d’école de 30 M$ dans le contexte où d’autres municipalités environnantes souhaitaient l’avoir, en plus d’avoir dû travailler avec les délais et ressources qui étaient disponibles.
Des projets compatibles?
Suite aux études de sol et environnementales qui ont été réalisées, la Municipalité a ramené la réserve foncière à moins de 15% de la propriété de Mme Beaudry. De son côté, elle affirme que les deux projets peuvent coexister et qu’il y a toujours une ouverture à collaborer avec Mme Beaudry en ce sens. Pour la promotrice, la réalité est différente.
« Le financement obtenu a été monté pour l’ensemble du site avec les différents volets. On parle d’un centre de villégiature, de la revitalisation de tout un espace, incluant un volet sociétal et écologique. Ce n’est pas seulement un spa », dit Diane Beaudry.
À venir
Actuellement, deux poursuites ont été déposées contre la Municipalité, une de 5,4 M$ pour dommages et une autre pour réclamer une expropriation totale. La Municipalité affirme avoir le désir de négocier pour la suite des choses. La demanderesse, elle, dit attendre les décisions qui seront rendues par la cour.
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