Incendies forestiers
« Tôt ou tard, cela va finir par nous rattraper », dit la SOPFEU
Pendant que les provinces à l’ouest du Québec s’embrasent, les effets des changements climatiques sur les feux de forêt ne se font pas encore sentir dans nos régions. Les experts croient cependant que nos communautés doivent se préparer au pire.
« Au Québec, en ce moment, les effets des changements climatiques sur les feux de forêt ne se font pas encore sentir », annonce d’emblée Stéphane Caron, porte-parole de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU). Toutefois, on constate que ces effets sont présents sur toute la côte ouest continentale, de la Californie aux provinces de l’Ouest. Des images que tous peuvent d’ailleurs voir aux actualités.
« Ce que les chercheurs nous disent aussi, c’est que tôt ou tard, cela va finir par nous rattraper du côté est du continent. Mais comme à toute chose malheur est bon, cela nous donne la possibilité de voir venir les choses pour s’y préparer », prévient-il.
« Cela va vous arriver »
« Il faut toujours tenir compte que dans des conditions particulièrement sévères, oui, cela va vous arriver d’avoir de grandes sécheresses et de grands vents, et oups, ça adonne qu’on a un allumage, par la foudre ou des gens », illustre Marc-André Parisien, chercheur du Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada.
« Ce que je dis, c’est que ce n’est pas parce que la probabilité est très faible ou que l’événement est rare qu’il ne faut pas être vigilant. Si c’est arrivé ailleurs, ça peut nous arriver à nous », dit le chercheur.
Penser que nos régions sont à l’abri grâce à la présence de feuillus est un faux sentiment de sécurité. « Les forêts de conifères brûlent mieux en général que les forêts de feuillus, concède Marc-André Parisien. Par contre, ce n’est vraiment pas toujours le cas. Il y a eu de grands feux dans l’histoire du Canada dans des forêts à majorité composées de feuillus. » Il donne l’exemple du grand feu de Miramichi en 1825 au Nouveau-Brunswick, mais insiste sur ces précédents plus récents de très grands feux de forêts de feuillus. Qui plus est, les conifères font aussi partie de nos paysages.
Charge de travail
La SOPFEU se prépare à faire face dans les prochaines années à une charge de travail plus élevée. En ce sens, Stéphane Caron souligne l’investissement par Québec de 42 M$ au niveau des avions-citernes CL-415, afin d’allonger leur durée de vie de 25 ans. Toutefois, il indique que la solution ne réside pas seulement dans la force de frappe.
Le programme Intelli-feu (FireSmart) a été mis sur pied afin d’aider les communautés du Canada à augmenter leur résilience au passage du feu. Parce que tôt ou tard, le feu se présentera. On propose aux citoyens et agglomérations des moyens afin d’atténuer les risques. Stéphane Caron donne l’exemple de l’aménagement paysager autour des habitations, ou encore du choix de toiture : « Lorsqu’un tison tombe sur une toiture en cèdre, cela s’enflamme plus facilement que du bardeau d’asphalte. »
«Un feu, ça passe rapidement, et un des plus grands drames, c’est lorsque des infrastructures sont brûlées. » Stéphane Caron, porte-parole, SOPFEU.
« Quand on regarde ailleurs dans le monde, comment souvent cela est pris en charge, c’est au niveau local et régional », souligne le porte-parole. Il parle d’une stratégie nationale en voie d’être lancée. Plusieurs devront se consulter, comme la Sécurité publique, la Régie du bâtiment et le ministère des Affaires municipales.
Brûlage sélectif
Un des outils de contrôle des feux de forêt est celui du brûlage sélectif. Cette technique, où l’on brûle volontairement des secteurs forestiers, permet de réduire la quantité de combustible et créer une barrière au passage du feu. « C’est un outil très puissant, qui n’est pas sans risque, concède Marc-André Parisien, mais je ne serais pas surpris qu’on en voit de plus en plus au Québec d’ici quelques années », conclut-il.
Tout est une question de tendance
Selon Marc-André Parisien, chercheur du Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada, il est difficile d’attribuer tel ou tel feu aux changements climatiques. « Dans un sens, dit-il, on a l’effet que oui ça se réchauffe et que la saison des feux est plus longue. C’est un phénomène observé partout en Amérique du Nord. Par contre, là où il y a beaucoup de lutte, on arrive à compenser. » Mais lorsque la nature, détraquée ou pas, se met de la partie, on peut faire face à des débordements. À la fin, tout est une question de tendances.
« La tendance est vers un réchauffement, et qui dit réchauffement dit assèchement: l’air chaud contient plus de molécules d’eau, donc même s’il y a plus de la pluie, cela ne compense pas toujours pour le réchauffement. »
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