La pédiatrie sociale, un filet essentiel pour la communauté
Le Centre de pédiatrie sociale Cœur des Laurentides, situé à Sainte-Agathe-des-Monts, célèbre ses trois années d’existence. Avec plus de 300 dossiers actifs et une couverture qui s’étend aux quatre coins de la MRC des Laurentides, l’organisme continue de démontrer son importance dans le milieu.
Un des principaux enjeux du Centre à l’heure actuelle, est de répondre à la demande qui n’a cessé d’augmenter depuis la pandémie. « Nous avons dû cesser de prendre de nouveaux clients jusqu’à nouvel ordre. Nous n’avions pas le choix, car il est important pour nous de ne pas diluer nos services. Parallèlement, nous avons commencé à agrandir l’équipe afin de permettre une plus grande prise en charge le plus tôt possible. Nous avons donc récemment accueilli une travailleuse sociale et une psychoéducatrice dans l’équipe », explique Émilie Godin, directrice générale.
Le développement des services à domicile est également au nombre des volontés du Centre. « Pour certaines familles, particulièrement pour celles situées en zones plus isolées, venir nous voir à Sainte-Agathe peut représenter un défi. Nous effectuons déjà des visites à domicile, mais nous souhaitons élargir ce service car il y a de la demande », poursuit Mme Godin. Rappelons que le territoire de la MRC des Laurentides va de La Minerve à Montcalm et de Lac-Supérieur à Val-Morin.
La vulnérabilité, une affaire de tous
Qui dit pédiatrie sociale, dit familles vulnérables. Et lorsqu’on pense à une famille vulnérable, la pauvreté est bien souvent l’image qui nous vient en tête. Pourtant, c’est loin d’être le seul élément qui forge les besoins des jeunes clients du Centre. « Personne n’est à l’abri de vivre des difficultés au cours de sa vie. Un parent envahi par un stress particulier, suite à une séparation ou à des problèmes de santé mentale par exemple, peut perdre tous ses repères. Bien sûr, nous avons des cas de négligence parentale typique, mais c’est loin d’être les seuls que nous avons », dit Mme Godin.
De façon générale, les bénéficiaires du Centre se composent de familles pour qui le modèle traditionnel de médecine ne colle pas à leur réalité. L’organisme met donc de l’avant une approche humaine qui se base sur la réalité vécue par celles-ci, dans le but de leur donner un pouvoir d’agir sur leur bien-être. « Nos professionnels œuvrent dans un contexte de responsabilités partagées avec les parents et l’enfant, ce qui permet, grâce à la confiance relationnelle, de réaliser des actions qui sont efficaces », soutient Mme Godin.
Le Centre a récemment accueilli de nouveaux membres au sein de son personnel. (Photo gracieuseté – Centre de pédiatrie sociale Cœur des Laurentides)
Cette approche de santé globale, qui inclut la médecine, la pratique du droit et les sciences sociales, représente bien souvent le seul rempart auquel les familles peuvent accéder avant que l’enfant ne soit placé en famille d’accueil par la DPJ. « Nous avons une vision collaborative avec les partenaires de notre milieu, afin de soutenir les familles. Nous sentons un grand vent de solidarité de la part de la communauté et je suis très fière de l’évolution de notre Centre. Il faut aussi mentionner que nous avons une équipe formidable », conclut Mme Godin.
Rapport de la Commission Laurent : où est la pédiatrie sociale?
Le dépôt récent du rapport de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, effectuée sous la présidence de Régine Laurent, suscite de nombreux appuis depuis sa diffusion. Mais un questionnement fait surface: pourquoi la pédiatrie sociale n’est mentionnée nulle part?
« Pour nous, ce rapport amène un vent d’espoir car il démontre une volonté claire d’agir pour changer les choses en profondeur. La démarche est très positive dans son ensemble. Elle met de l’avant des recommandations qui visent à permettre aux enfants de grandir en sécurité et de se développer pleinement dans des conditions qui sont favorables à leur bien-être, en prenant notamment en compte leurs droits. Seulement, ces valeurs, ce sont celles que nous prônons déjà en pédiatrie sociale depuis longtemps », explique Émilie Godin, directrice générale du Centre de pédiatrie sociale Cœur des Laurentides.
Une déception qui provient notamment du fait que des intervenants en pédiatrie sociale ont été consultés dans le cadre de la Commission. « Il aurait été possible de mentionner que l’approche qui est recommandée, c’est précisément celle qui est en œuvre en pédiatrie sociale. Que c’est de cette approche-là que l’on veut se rapprocher », conclut Mme Godin. L’Alliance québécoise de la pédiatrie sociale en communauté (AQPSC) représente 45 centres au Québec.
Le rapport de la Commission est disponible ici : https://www.csdepj.gouv.qc.ca/accueil/.
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