Lancement de la Coalition Santé Laurentides | Une mise à jour impérative
Le Conseil des préfets et des élus des Laurentides a lancé la Coalition Santé Laurentides (CSL) le 25 avril à Saint-Jérôme. L’objectif? Rattraper 30 années de sous-financement en matière de santé et de services sociaux sur le territoire laurentien.
La CSL regroupe 105 organisations et individus, dont font partie toutes les MRC des Laurentides, 61 municipalités, 23 organismes communautaires et les 9 chambres de commerce de la région. Concrètement, elle met de l’avant trois revendications auprès du gouvernement Legault: un engagement envers le rattrapage financier, le respect des échéanciers annoncés précédemment dans les investissements prévus et l’accélération de la modernisation de tous les hôpitaux de la région (Saint-Jérôme, Saint-Eustache, Sainte-Agathe, Mont-Laurier, Lachute et Rivière-Rouge). Si l’Hôpital de Saint-Jérôme est considéré comme le vaisseau amiral du lot, offrant des soins spécialisés indisponibles chez les autres, l’efficacité des soins de première ligne sont tout autant concernés.
« Depuis 30 ans, la population des Laurentides a presque doublé. À cela s’ajoute le phénomène récent de déplacement démographique vers le nord dû à la pandémie ainsi que le vieillissement de la population, en plus de la présence de villégiateurs. Or, la majoration des investissements en santé n’a pas suivi depuis les années ‘80 et nous sommes maintenant rendus au point de rupture. Des vies pourraient être mises en danger par une incapacité de répondre aux besoins de patients », explique Bruno Laroche, préfet de la MRC de La Rivière-du-Nord et maire de Saint-Hippolyte.
Des conséquences sur la population
Au premier plan, les urgences débordent. « Ce n’est pas rare qu’on doive garder nos patients plus longtemps, car il n’y a pas de place à Saint-Jérôme pour le suivi des soins. Ils restent alors longtemps sur des civières à l’urgence, ce qui engendre des coûts énormes, car on doit utiliser du personnel soignant qui pourrait servir ailleurs pendant ce temps. Cette inefficacité coûte très cher », explique quant à lui le Dr Simon-Pierre Landry, qui pratique à l’urgence de Sainte-Agathe et en médecine familiale à Mont-Tremblant.
« Je le vois aussi en médecine familiale. Des patients qui sont sur une liste d’attente interminable pour une chirurgie au genou par exemple. Ils sont en arrêt de travail, se désorganisent au niveau de la santé, mais pendant ce temps, il faut continuer de payer l’hypothèque et de faire vivre la famille. C’est très difficile pour eux », poursuit-il.
Ensuite, ce sont des patients qui sont confrontés à un choix inquiétant. « Une des conséquences relevées sur les citoyens est le refus de soins par certains, motivé par la lourdeur induite par le voyagement nécessaire pour recevoir ces soins. Si vous devez partir de Mont-Laurier pour recevoir des traitements, parfois même journaliers, à Montréal, ça amène beaucoup de désagréments. On parle d’une réorganisation familiale, d’un impact financier important pour le patient, d’une réalité difficile pour les proches aidants. Finalement, ça crée un facteur d’anxiété élevé pour tous », affirme le préfet Laroche.
Et les travailleurs de la santé, eux, en subissent les contrecoups. « Nous faisons également face à un exode du personnel soignant. Il y a de la demande partout, alors si vous n’avez pas de bonnes conditions de travail ni l’équipement ou l’espace nécessaires pour l’effectuer, vous allez partir. C’est normal, ça se produit dans tous les milieux. La santé des travailleurs qui nous soignent est aussi à prendre en compte dans l’équation », dit Marc L’Heureux, préfet de la MRC des Laurentides.
Des projets qui ne se concrétisent pas
L’annonce en mai 2019 par l’ancienne ministre de la Santé, Danielle McCann, de l’injection de 434 M$ dans la modernisation de l’Hôpital de Saint-Jérôme est au nombre des projets prévus par le gouvernement ces dernières années, dont les échéanciers souffrent d’un retard chronique. Selon la CSL, le report des travaux nous mènerait en 2030, en plus de ne pas connaître la suite des choses concernant les cinq autres hôpitaux des Laurentides.
« On se demande si le gouvernement a le bon canevas pour prendre des décisions. A-t-il le bon portrait de la région? Est-ce qu’on additionne l’impact des villégiateurs sur nos services de santé? À l’heure actuelle, 30% des soins requis par nos citoyens sont donnés ailleurs qu’ici. On ne peut pas surcharger d’autres régions par nos lacunes. Il faut changer la culture au ministère de la Santé, il faut qu’il y ait une plus grande proximité pour qu’on puisse se parler », affirme M. L’Heureux.
Une vision que partage le Dr Landry. « Les budgets gouvernementaux sont octroyés sur une base historique et il y a un délai entre les variations démographiques et la prise en compte de ces variations par les fonctionnaires. Ça crée donc un retard dans la prise en compte des besoins d’un secteur donné. Et pour avoir travaillé en région plus éloignée, je peux vous dire que le tissu social est souvent tissé très serré, ce qui permet des revendications politiques actives. C’est la raison d’être de la création de la CSL. Et le Conseil des préfets a eu l’intelligence de regrouper des gens influents de tous les milieux dans sa démarche, car nous, les médecins, nous manquons de temps! », conclut le Dr Landry.
Pour obtenir plus d’informations: coalitionsantelaurentides.ca
En vrac :
- 54 000 Laurentiens sont en attente d’un médecin de famille.
- 85 000 épisodes de soins ou services sont reçus par la population de la région chaque année (dont 30% ailleurs).
- Le financement par habitant de la région est de 1900$ tandis que la moyenne québécoise est de 3200$.
- La population des Laurentides compte pour 7,4% de la population du Québec, mais ne reçoit que 4,4% du financement dédié à la santé.
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