Exploitation minière: inquiétude généralisée autour des lacs de la région
La possibilité de voir un jour des mines s’implanter dans la région, riche en minéraux stratégiques pour le développement de la filière du transport électrique, provoque de nombreuses inquiétudes dans les Laurentides et l’Outaouais voisine.
Parmi les citoyens inquiets, citons les membres du Regroupement des lacs de la Petite-Nation (RLPN), dont le territoire couvre la MRC de Papineau. Les municipalités de Lac-des-Plages et Boileau, voisines d’Amherst et d’Huberdeau, en font notamment partie. Selon Louis St-Hilaire, porte-parole du RLPN, il y a déjà en ce moment de la prospection dans la MRC de Papineau, ce qui a poussé des citoyens à se regrouper il y a bientôt deux ans. Il croit que c’est une question de temps avant que les prospecteurs ne passent de l’autre côté de la frontière commune de l’Outaouais et des Laurentides et dit craindre de voir de beaux lieux de villégiature être saccagés par l’industrie minière dans la région.
« Les claims miniers ne sont pas modulés en fonction de l’environnement, déclare-t-il. Ici, on tente de faire avancer le dossier conjointement avec la MRC, mais les normes actuelles ne sont pas compatibles avec nos milieux. »
À titre d’exemple de ces normes mal adaptées, il évoque le fait que pour protéger un lac, selon la mouture actuelle de la Loi sur les mines du Québec, il faut qu’il y ait un minimum de cinq habitations. « Et encore, si sur une rive il y a cinq habitations, dont ton chalet, mais qu’il n’y en a aucune sur l’autre rive, une mine pourrait s’installer en face de chez vous de l’autre côté du lac et tu ne pourrais rien faire pour l’en empêcher », déplore-t-il.
« Il n’y a aucune protection pour nos lacs. Si une mine s’ouvrait à proximité, elle pourrait le contaminer. »
-Louis St-Hilaire
Une réforme sans conséquence?
Dans une lettre ouverte publiée le 28 février dans La Presse, M. St-Hilaire, au nom du RLPN, et le préfet de la MRC de Papineau, Benoît Lauzon, ont dénoncé le fait que la réforme de la Loi sur les mines en 2013 pour « mieux concilier les enjeux environnementaux, sociaux et économiques soulevés par les activités minières », selon le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), était en grande partie inopérante, en raison de multiples restrictions. Ils citaient notamment en exemple la MRC juste de l’autre côté de Saint-Eustache, sur la rive sud-ouest du lac des Deux-Montagnes.
« [La] MRC de Vaudreuil-Soulanges, qui compte 160 000 personnes, n’arrive pas à soustraire le mont Rigaud de l’activité minière. Si on n’arrive pas à protéger le mont Rigaud, imaginez ce qu’il pourrait advenir des joyaux de la Couronne que sont les montagnes et les cours d’eau des Laurentides, de Lanaudière et de l’Outaouais », avançaient-ils.
Cela dit, le MERN a affirmé à L’info qu’au contraire, cette réforme se montrait efficace, notamment sur notre territoire. « Depuis 2017, les MRC peuvent utiliser leur nouveau pouvoir de délimiter des territoires incompatibles avec l’activité minière. […] D’ailleurs, la MRC d’Antoine-Labelle est dans ce processus puisqu’une suspension temporaire est en vigueur sur une partie de son territoire. Il en est de même pour la MRC des Laurentides. »
Selon le MERN, dans les cinq dernières années, à travers la province, 37 MRC ont fait des demandes pour déclarer certains territoires incompatibles avec l’activité minière, 11 MRC ont des territoires incompatibles en vigueur et 23 MRC (dont les nôtres) bénéficient d’une suspension temporaire de l’octroi de nouveaux droits miniers sur leurs territoires, en attendant de finaliser leur démarche.
Le MERN dit par ailleurs « encourager » les MRC à compléter leurs démarches de délimitation de territoires incompatibles avec l’activité minière.
Solution: un périmètre de protection
Interrogé par nos collègues de l’Outaouais, le préfet de la MRC de Papineau, Benoît Lauzon, dit souhaiter obtenir le droit d’avoir un périmètre autour d’un lac pour le protéger de l’implantation d’une mine, au même titre qu’il existe un périmètre autour d’un noyau urbain. « Une bande de protection qui peut être de 600 m ou 1000 m où il ne peut pas avoir d’activités minières », a-t-il déclaré.
Avec un territoire comme la MRC de Papineau, où il y a beaucoup de lacs et où on retrouve déjà plusieurs claims, ça devient un enjeu important pour les municipalités, indique M. Lauzon. Le même constat peut s’appliquer aux MRC des Laurentides et d’Antoine-Labelle.
Ce que les municipalités peuvent faire en vertu de la Loi sur les mines
Selon le MERN, les MRC peuvent délimiter un territoire incompatible avec l’activité minière jusqu’à un kilomètre d’un périmètre d’urbanisation. Hors des périmètres d’urbanisation, les MRC doivent démontrer que l’identification et la délimitation des territoires incompatibles sont conformes aux critères et aux exigences établis dans l’orientation gouvernementale en aménagement du territoire relative à l’activité minière.
Les MRC peuvent aussi y ajouter une bande de protection de 600 mètres. De plus, certaines activités agrotouristiques, récréotouristiques, de conservation et de prélèvement d’eau souterraine ou de surface sont susceptibles de justifier des territoires incompatibles avec l’activité minière.
Avec la collaboration de Yannick Boursier.
Pour approfondir le sujet, vous pouvez également consulter nos articles suivants:
Les Laurentides mal protégées contre l’industrie minière
Les élus unis pour protéger le territoire
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