Rencontre avec un créateur de La Minerve
Francis St-Germain: de la musique dans le sang
Francis St-Germain détient une maitrise internationale en composition musicale. C’est peu commun pour une personne de la région. Mais au juste, c’est utile à quoi cette discipline? Une rencontre avec un fou de la composition.
Qu’est-ce qui t’a poussé vers cette discipline: le goût d’enseigner ou un amour inconditionnel avec la musique?
« Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours eu un intérêt pour la musique classique. À l’école primaire, on me demandait parfois ma musique préférée et je répondais Mozart ou Beethoven, que je découvrais à travers les CD de mes parents. En débutant l’école secondaire, je me suis retrouvé dans le programme de concentration musique de l’École Polyvalente Curé-Mercure à Mont-Tremblant, où j’ai commencé à apprendre la théorie musicale et le saxophone. En secondaire 3, j’ai commencé à composer par curiosité; j’ai découvert la composition musicale comme médium d’expression me permettant d’extérioriser des sentiments que les mots peinent parfois à partager. »
« J’ai déménagé à Montréal à 17 ans pour commencer un DEC en saxophone classique au Cégep Marie-Victorin, tout en ayant l’intérêt et la motivation pour composer de plus en plus, ce qui m’a mené à faire un baccalauréat en composition musicale mixte (à la fois composition instrumentale et électroacoustique) que j’ai terminé en 2017 à l’Université de Montréal. L’année suivante, en 2018, j’ai poursuivi une formation en massage suédois cinétique – ce qui me permet depuis d’également travailler comme massothérapeute. Pendant ma formation de près d’un an et quelques mois après, je me suis demandé si, finalement, la composition ne resterait que secondaire dans ma vie, mais l’envie de créer de nouvelles pièces, de collaborer avec des interprètes, d’organiser des évènements n’est revenue que plus forte. »
Une maitrise internationale en composition musicale: c’est quoi au juste?
« J’ai eu la chance d’être accepté à CoPeCo (Contemporary Performance & Composition), qui est un programme de maitrise en composition et performance musicale de deux ans en cadre européen. Tous les deux ans, 10 personnes sont sélectionnées après un processus d’audition par les quatre universités hôtes. » Ces universités se trouvent en Estonie (terre du grand Arvo Pärt), en Suède, en France et en Allemagne.
« Tous les participants du programme commencent en même temps à Tallinn et se suivent pendant deux ans. Cette fois, nous sommes des gens venant du Canada, Argentine, Chine, Croatie, Espagne, France et Autriche. J’ai donc complété mon premier semestre à Tallinn, en Estonie, et je suis présentement à Stockholm pour le second. Le troisième sera à Lyon et je terminerai à Hambourg, où je présenterai mon projet final de maitrise. »
Comment enseigne-t-on la musique dans ces universités?
« Dépendant de sa spécialisation et de l’école, la musique peut s’enseigner de plusieurs façons. Dans le cas de CoPeCo, le programme met l’emphase sur la création multidisciplinaire et fait en sorte que nous puissions toucher à plusieurs domaines, que ce soit l’improvisation, la musique instrumentale ou électroacoustique, la programmation par ordinateur, la collaboration avec danseurs, l’analyse, la musique folklorique, etc. Dépendant du sujet, le cours se donne soit en groupe, en leçon individuelle, en forme d’atelier/séminaire, ou en évènement spécifique, comme avec des performances/concerts que nous avons à préparer. »
Qu’apprend Francis dans ces grandes universités?
« Étant un programme européen, c’est la musique occidentale de tradition classique qui est mise de l’avant. Toutefois, comme nous étudions principalement la musique contemporaine, notre recherche personnelle et notre inspiration peuvent provenir de n’importe où, que ce soit géographiquement ou stylistiquement (musique traditionnelle, pop, métal, électro…). Un aspect intéressant au programme nomade est que chaque pays montre sa propre couleur musicale […] », dit-il.
Cette discipline lui permet donc de voyager. « J’ai la chance de pouvoir vivre dans quatre pays différents en deux ans (Estonie, Suède, France et Allemagne), avec mon programme de maitrise, ce qui me permet de prendre le pouls de chaque ville, mais aussi des villes environnantes. Hors des études, le travail de musicien demande souvent à collaborer avec des ensembles ou des individus spécifiques plutôt qu’un lieu quelconque. Beaucoup travaillent comme pigistes et naviguent d’une ville à l’autre pour le temps d’un contrat, tout en se perfectionnant avec des stages, souvent à l’étranger », explique-t-il.
Marqué par l’évènement
Pour Francis, c’est lorsqu’il est impliqué dans toutes les étapes de la création d’une performance qu’il ressort plus profondément marqué par un évènement. « En novembre, confie-t-il, j’ai eu l’occasion de présenter une de mes compositions à durée et instrumentation variables pour une période de 12 heures sans interruption. La pièce, s’intitulant For Morton Feldman en hommage au compositeur, est une série d’instructions texte dictant aux musiciens ce qu’ils doivent jouer, et dans quel cadre. Le résultat est une pulsation douce, continue, évoluant très lentement en ne se répétant jamais. « Les musiciens et le public étaient invités à explorer le lieu de performance en se déplaçant physiquement dans l’espace, créant ainsi une expérience immersive. »
« Bien que physiquement très intense, ajoute-t-il, la difficulté de la pièce réside principalement au niveau de la qualité de présence, la concentration et l’écoute active constante. Les instructions laissant une marge de liberté, ce n’est pas seulement les sons qui influencent les musiciens, mais aussi la présence ou l’absence de public à certains moments de la performance, ou même de quelle façon le public se comporte. Avec cette pièce de longue durée, plus on est présent, plus une communication non verbale claire se développe entre les musiciens et le public en rendant chaque individu présent en partie créateur de l’évènement. »
La première version de la pièce a été présentée il y a cinq ans, pour une durée de 1h30, la deuxième de six heures et maintenant de 12 heures. « En ce moment, je prépare une autre version de la pièce qui, je l’espère, pourra avoir lieu à la fin avril à Stockholm, pour une durée de 24 heures sans interruption », révèle Francis. On peut avoir un aperçu de la performance sur le site Web https://bit.ly/3e9EsyM.
Des compositions à entendre
Francis a plusieurs compositions à son actif. Les plus récentes sont « Exode », une pièce électroacoustique qu’il a composée en se basant sur un poème éponyme, qui sera présentée dans le cadre de l’exposition Sensual Havoc II en août 2021 à Amsterdam, et « Carence croasse », une œuvre audiovisuelle pour trompette et bande composée en collaboration avec la trompettiste Émilie Fortin (https://tinyurl.com/pmt2kvb5).
Enfin, ce 4 mars, Francis présentait en première québécoise « Prélude », quatuor à cordes commandé par le Quatuor Cobalt.
Soulignons en terminant que Francis St-Germain est sur Soundcloud.
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