Un important service pour aînés menacé en raison de la COVID-19
La coopérative de solidarité Chiffon magique est, pour beaucoup d’aînés, un service essentiel: elle offre des services d’entretien ménager à bas coût à des gens qui ont plus de difficulté à tenir maison. Or, avec la crise de la COVID-19, sa survie est en jeu.
Active dans les 20 municipalités de la MRC des Laurentides, cette entreprise d’économie sociale offre ses services à plus de 500 usagers dont l’âge moyen est de 75 ans. 80% d’entre eux ont plus de 65 ans et l’autre 20% lui est référé par le CLSC. Il s’agit de gens ayant des problèmes de santé mentale ou physique (invalidité, handicap…) qui requièrent des services d’aide domestique ou d’aide à la personne.
Comme l’explique Monique Fortin, vice-présidente du Chiffon magique: « On est la première ligne pour permettre à ces gens-là de rester à domicile, plutôt que de devoir s’en aller en résidence pour aînés ou encore en CHSLD. »
Explosion des coûts
Or, cette clientèle vulnérable avec laquelle la coopérative travaille fait qu’elle est frappée de plein fouet par la crise de la COVID-19. Québec l’a autorisé à reprendre ses activités, mais en suivant le même protocole qu’on trouve dans les CHSLD.
Elle doit donc verser à chaque membre de son personnel une prime salariale supplémentaire en plus de l’équiper de visière, masque, etc. Le Chiffon magique doit débourser l’ensemble de ces coûts, car elle est considérée au sens de la loi au même titre que les entreprises privées.
« On se retrouve donc en difficulté financière présentement, explique Mme Fortin, parce que ce sont des coûts importants. Nous sommes une coopérative d’économie sociale, nos profits sont donc réinjectés pour offrir des services aux membres. Nous avons quelques surplus accumulés, mais pas assez pour faire face à toutes ces contraintes. En plus, depuis la mi-mars, on ne desservait plus que 57 usagers sur 500, et une grande partie de nos revenus vient de la contribution que versent nos usagers pour avoir le service. »
Soutien demandé
Pour l’instant, le Chiffon magique affronte l’orage du mieux qu’il peut. Il a obtenu un prêt de 40 000$ et des subventions salariales du gouvernement fédéral. La coopérative a bon espoir de voir sa trentaine de préposés reprendre du service d’ici l’été. La plupart des usagers qui ont été contactés pour la reprise des services ont manifesté leur désir d’avoir une préposée pour les services d’entretien domestique. « Début juillet, nous devrions être en mesure de desservir la grande majorité de nos 500 membres », estime Monique Fortin.
Elle craint toutefois de devoir refiler la facture des frais supplémentaires aux usagers, ce qui à ses yeux n’est pas le meilleur scénario. « Nos membres sont âgés, la grande majorité d’entre eux ont des revenus fixes et ceux qui ont des revenus de placements ont aussi été ébranlés à cause de la chute des marchés en raison de la crise. Si on augmente trop la contribution exigée de nos membres, plusieurs ne pourront plus se payer nos services et pourraient décider de quitter leur domicile », croit-elle.
C’est pourquoi elle souhaiterait voir le gouvernement provincial prendre en considération la situation particulière des coopératives de solidarité comme le Chiffon magique pour mieux les soutenir. Elle a entrepris des démarches auprès des députées représentant la MRC des Laurentides à l’Assemblée nationale, Nadine Girault et Chantale Jeannotte. Cette dernière s’est manifestée pour mieux comprendre la situation, selon Mme Fortin.
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