Une élève autiste oubliée dans la cour d’école
Sainte-Agathe-des-Monts
Un couple de Sainte-Agathe-des-Monts n’est pas près d’oublier le mardi 20 décembre 2016. Ce matin-là, leur fillette autiste de 10 ans aurait été « oubliée » dans la cour de son école par une température frisant les -18 degrés C.
À sa descente d’autobus à l’école Notre-Dame-de-la-Sagesse, une institution qui accueille 223 élèves, Francesca n’a pas été prise en charge par sa professeure tandis que les autres élèves entraient en classe.
La fille d’Ivo Duo et de Nathalie Lafleur-Chartrand est élève dans une classe spéciale comptant au total six enfants et deux professeurs responsables.
Que s’est-il passé pour qu’on oublie Francesca qui est restée seule dans la cour d’école pendant une période encore indéterminée, dont la durée varie, selon les versions, de 45 minutes à 1 heure et quart.
Joint au téléphone, le père, M. Duo, raconte .
« Ce mardi matin (20 décembre), Francesca est montée à bord de l’autobus pour se rendre comme d’habitude à l’école Notre-Dame-de-la-Sagesse. Tout se passe, j’imagine, comme d’habitude, mais vers 15h, c’est le branle-bas de combat. Mon téléphone se met à sonner : la directrice de l’école (Chantal Bonneville) m’appelle, puis c’est au tour de ma femme de le faire. J’apprends que ma fille avait été oubliée dans la cour à son arrivée à l’école. On me l’apprend à 15h alors que ça s’est passé en matinée. Pendant combien de temps est-elle restée dans la cour? On me répond « pendant une heure et quart (75 minutes) ». Si l’incident s’était déroulé la veille, le lundi, Francesca serait morte de froid. Il faisait la veille aux alentours de moins 30 degrés C ! »
La directrice se confond en excuses
L’enfant n’est pas rentrée d’elle-même au chaud dans l’école à son arrivée parce qu’elle est autiste, enchaîne M. Duo :
« Si on lui dit : « Francesca, ne bouge pas », elle ne bougera pas. Elle est donc restée dans la cour », explique le papa.
Selon ses dires, ce seraient des enfants de d’autres classes sortis dans la cour qui l’auraient aperçue et qui auraient prévenu leur professeur de sa présence à l’extérieur.
« J’ai voulu savoir ce qui s’était passé », continue-t-il. « J’ai appelé l’école et on m’a répondu que la professeure de ma fille l’avait oubliée. On parle d’une classe spéciale. Elles sont deux enseignantes pour six élèves! »
Les parents ont rencontré la directrice qui, nous rapporte M. Duo, se confondait en excuses.
Depuis l’incident, Francesca reste à la maison. « Elle ne va plus à l’école. Notre lien de confiance (avec l’école) est rompu » termine Ivo Duo.
La maman en furie
Nathalie Lafleur-Chartrand, conjointe de M. Duo et mère de Francesca, est chauffeure d’autobus scolaire. l’Information du Nord l’a rencontrée après sa ronde du matin.
Elle ne décolère pas depuis l’incident. « Nous avons porté plainte à l’école, à la commission scolaire et à la Sûreté du Québec », commence-t-elle, reprenant en gros l’argumentaire de son conjoint. « Une enquête est en cours pour connaître en détail ce qui s’est passé pour qu’une telle chose se produise. J’ai appelé les ressources humaines (à la Commission scolaire). On m’a dit qu’on allait me rappeler. Personne ne l’a encore fait (en date du 23 décembre, NDLR). Nous avons demandé à la directrice que la professeure en cause n’approche plus notre enfant, qu’elle quitte, suspendue ou congédiée, mais qu’on ne la revoie plus dans l’entourage de Francesca. »
Y a-t-il eu une rencontre avec la professeure en question?
« Oui, en présence de la directrice de l’école, mais nous étions si émotifs que nous avons demandé à l’enseignante de quitter la rencontre », répond Mme Lafleur-Chartrand avant d’ajouter que le lien de confiance est définitivement rompu : « Après la maison, le deuxième endroit le plus sécuritaire pour ma fille, c’est supposé être l’école. Dans les circonstances, il y a sérieusement lieu de se poser des questions! Où allons-nous si ma fille n’est pas en sécurité à l’école ? On ne parle pas d’un oubli de deux ou trois minutes, mais d’une heure et quart, comme nous a dit la directrice. »
La Commission scolaire répond
Jointe au téléphone, Chantal Bonneville, directrice de l’école Notre-Dame-de-la-Sagesse, a respecté la consigne imposée par la Commission scolaire des Laurentides (CSL) : on ne parle pas aux médias. La personne désignée par la CSL, Stéphanie Fournelle-Maurice, chargée des communications, nous a fourni les précisions suivantes.
« C’est une situation malheureuse : (Francesca) a passé un certain temps dehors plutôt qu’en classe, dû à un problème dans la transition descente de l’autobus et l’entrée en classe. C’est vraiment un événement isolé. Dès que l’école a constaté qu’une élève était restée à l’extérieur (plutôt qu’en classe), la réaction a été immédiate. Les mesures nécessaires ont été prises pour réconforter l’élève pour la réintégrer en classe. »
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