Prévention
Un test gratuit pour détecter les drogues du viol
L’histoire revient de plus en plus souvent. Après un verre ou deux, des femmes (ou des hommes) perdent conscience et se font agresser. Pour cette raison, l’Élan CALACS (Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel) lance une campagne de sensibilisation aux drogues du viol.

Au cours de l’été, l’organisme distribuera gratuitement dans des bars de la région, des tests de dépistage qui permettent de détecter la présence de certaines drogues du viol dans les consommations. « C’est assez simple à utiliser. Il suffit de déposer une goutte de sa consommation sur un petit cercle et de frotter. Si ça change de couleur, c’est que c’est qu’il y a présence de drogue dans le verre », précise l’intervenante du CALACS de Sainte-Agathe, Mélanie Sarroino qui reconnait que « le test de dépistage n’assure pas une protection absolue contre les tests de dépistage, il permet toutefois aux gens de se rassurer en cas de doute ».
Selon Mélanie Sarroino, le test permet de détecter les drogues les plus répandues soient la Kétamine et le GHB. Aux dires de l’intervenante, si l’emploi de ces substances est toujours à la hausse malgré la prévention, c’est qu’elles sont inodores, incolores, sans goût et leur présence est difficile à détecter dans le sang. « C’est déjà compliqué d’avoir des signalements d’agression sans intoxication, là c’est encore plus difficile de prouver l’agression. Malheureusement, il y a encore beaucoup de préjugés. On entend souvent dire: «T’avais juste à ne pas boire !» Donc la victime va encore avoir moins envie de dénoncer à la police », prévient-elle.
Prévention
En plus de la distribution gratuite de tests de dépistage, des campagnes de sensibilisation seront aussi effectuées sous forme d’affiches dans les bars, alors que des conférences préventionnistes sont déjà dispensées dans les écoles. C’est en exposant les conséquences de ces actes que les campagnes obtiennent le plus de résultats. « C’est un acte criminel dangereux qui peut vraiment détruire des vies. Ça vient avec des conséquences graves pour l’agresseur et la victime » explique Mme Sarroino.
Parmi les effets de drogues du viol sur la victime, on note la perte de conscience, la sensation d’ivresse avancée, la confusion, la somnolence et la perte de mémoire. « Si la dose est plus élevée, cela peut même mener à un coma et des difficultés respiratoires ».
En plus des séquelles physiologiques, les victimes doivent aussi composer avec les effets psychologiques de leur agression. Ces conséquences peuvent s’apparenter à celles d’un choc post-traumatique et prendre la forme de flashbacks, de cauchemars, d’insomnie et d’hypervigilance maladive. Mais selon la spécialiste, ce sont les sentiments de honte et de culpabilité qui causeraient des effets dévastateurs sur les victimes de viol. « Je dis aux victimes d’aller chercher de l’aide le plus rapidement possible. Parce que plus on attend, plus les conséquences se cristallisent et c’est plus difficile de s’en débarrasser ou de les diminuer », affirme Mélanie Sarroino.
Un début
Le projet de distribution de tests de détection des drogues du viol sera d’abord ciblé dans la région de Val-David et de Sainte-Agathe, mais le plan du CALACS est de l’étendre à d’autres régions des Laurentides, dont Mont-Tremblant et Mont-Laurier. « C’est tellement un enjeu important, il faut que les propriétaires de bars comprennent que la disponibilité des tests ne nuit pas à la réputation de leur établissement. Au contraire, ça démontre qu’ils ont la sécurité de leur clientèle à cœur », propose Mme Sarroino.
Si vous, ou quelqu’un que vous connaissez, pensez avoir été victime d’agression sexuelle, vous pouvez contacter cette ligne d’urgence disponible 24/7: 1-888-933-9007.
Il est à noter qu’en période estivale, l’accompagnement des victimes peut s’avérer plus difficile. Si chaque appel est traité, il est possible que les services d’aide ne soient pas dispensés dans des délais optimaux.
Passer à l’action
Voici les actions qui peuvent être entreprises, une fois que l’on constate qu’un test est positif:
- Avertir un employé, le gérant de l’établissement où une personne de confiance de la situation;
- En parler sans tarder à ses amis ;
- Quitter le bar en compagnie d’une personne de confiance;
- Se rendre à l’hôpital pour passer des tests;
- Contacter la police pour rapporter l’événement;
- Ne pas hésiter à demander de l’aide psychologique *
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