Économie des Laurentides
Le sirop d’érable, une industrie sous-exploitée?
Selon les Producteurs acéricoles du Québec (PPAQ), les régions du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, des Laurentides et de l’Outaouais possèdent le plus fort potentiel acéricole dans les forêts publiques de la province.
Les rapports de la PPAQ démontrent que le réchauffement climatique a favorisé la migration de l’érable à sucre vers le nord. À la fin du 19e siècle, les États-Unis produisaient 80% de la production mondiale de sirop d’érable, tandis que la part du Canada n’était que de 20 %. Aujourd’hui, le sirop du Québec accapare 72% de la production mondiale.
Des conditions favorables
Selon le biologiste Tim Rademacher, qui agit comme consultant pour le PPAQ, des études ont démontré que les forêts des Laurentides et de l’Outaouais possèdent une densité appréciable d’érables et que leur maturité est suffisante pour développer cette industrie au cours des prochaines années. « Il s’agit d’un territoire à fort potentiel qui est présentement sous-exploité ».
Le spécialiste rappelle que pour une production optimale, l’eau d’érable doit avoir le bon taux de sucre. Pour y parvenir, la température doit osciller entre 5 degrés Celsius et – 5 degrés Celsius le plus souvent possible. C’est pour cette raison que le potentiel acéricole est surtout réparti au nord où la température descend plus souvent sous le point de congélation.
Préserver au lieu de couper
Présentement, au lieu de servir à produire du sirop, les plus beaux érables des Laurentides, et d’ailleurs au Québec, sont transformés en planches, déplorent les Producteurs acéricoles du Québec.
Ce que le regroupement demande, c’est d’avoir accès à 200 000 hectares de forêt publique pour aménager des érablières. Actuellement, le gouvernement leur en accorderait seulement 24 000 hectares. « Nous croyons qu’il peut y avoir une cohabitation entre la récolte de bois et l’industrie acéricole », propose Joël Vaudeville, directeur des communications pour les Producteurs acéricoles du Québec.
« Nous aimerions que notre plan directeur soit adopté au plus vite. Des érables sont coupés sans considération présentement », ajoute M.Vaudeville qui rappelle qu’un érable productif met 50 ans à atteindre sa maturité.
Plusieurs hectares encore disponibles
Selon le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF), il est important de préserver des superficies suffisantes pour pouvoir répondre au futures demandes de permis pour l’exploitation acéricole. Lors du dernier contingent, le MRNF avait effectivement octroyé 24 000 hectares pour les besoins des acériculteurs. De cette superficie, plusieurs milliers d’hectares sont pourtant toujours disponibles, ce qui serait suffisant pour répondre aux prochaines augmentations du contingent, considérant la moyenne d’hectares requis pour couvrir les quatre dernières émissions.
Des appuis majeurs
Plusieurs municipalités de notre région, dont Saint-Sauveur, Val-David, Saint-Donat, Sainte-Agathe-des-Monts, Lantier, La Conception et La Minerve ont manifesté leur appui à la démarche des Producteurs acéricoles du Québec, notamment parce que l’industrie acéricole contribuerait à préserver les forêts sans nuire à l’industrie récréotouristique.
« Un consensus est en train de naître au Québec. L’érable ne doit pas être traité comme n’importe quel arbre. Il occupe une place particulière dans notre culture et notre économie. L’engagement du milieu municipal doit être compris comme une invitation à en faire plus pour protéger le potentiel acéricole en forêt publique », témoignait le président des PPAQ Luc Goulet par voie de communiqué.
Des forêts pour tous
Selon le service de relations de presse du MRNF, le Plan directeur sur l’acériculture en forêt publique sera annoncé prochainement. À ce sujet, notons que les interventions pratiquées dans les forêts du domaine de l’État dont les érablières, sont encadrées par des pratiques sylvicoles en adéquation avec l’aménagement durable des forêts. Ces interventions poursuivent l’objectif de mise en valeur et d’amélioration de la santé des forêts. Ainsi, le MRNF est engagé à favoriser la filière acéricole québécoise, tout en trouvant un équilibre entre tous les utilisateurs de la forêt.
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