La mystérieuse cheminée magique
Conte de Noël
28 DÉCEMBRE - Grand-papa Roméo regarde par la fenêtre de la cuisine, serrant de l’index l’anse de sa bien-aimée tasse de café en grès brun. Dehors, il fait un froid à pierre fendre, sous un ciel bleu glacial de fin décembre.
Bérangère, sa femme est dans la cuisine, en train de préparer ses délicieuses tourtières du Jour de l’An.
« Bérangère! Viens voir. Le petit René est encore figé devant la décoration du Bonhomme et de la fausse cheminée… »
Grand-père Roméo observe avec amusement son petit-fils de 5 ans, emmitouflé dans son habit d’hiver qu’il reconnaît au cache-cou d’épaisse laine beige que sa femme lui a tricoté pour Noël. Il revoit la scène devant le sapin tout décoré : le 25 décembre au matin, en déballant le cadeau de Grand-maman, le petit René avait jeté un regard consterné vers sa mère. Comment le Père Noël avait-il pu se tromper et confondre un foulard avec le garage à étages et les autos miniatures qu’il lui avait demandés dans la lettre qu’il avait dictée à sa maman, au début décembre?
Heureusement, quelques minutes plus tard, Roméo avait sorti du garde-robe une grosse boîte qui cachait exactement ce cadeau qu’il désirait tant.
« Pauvre petit, » soupire Grand-maman Bérangère, avec un soupçon de reproche envers son mari.
« Pourquoi lui as-tu fait de tels accroires? Il croit tout ce que tu lui dis… Pauvre chéri… Il va geler dehors, à fixer la petite cheminée de plastique. À cause de ce que tu lui as dit… »
Le mensonge
Dehors, assis sur la dernière marche de la galerie, l’enfant fixait de ses grands yeux bruns une décoration de Noël appuyée sur le mur de briques. Une simple petite cheminée de plastique.
L’objet est magique, avait chuchoté Grand-papa Roméo à l’oreille de son petit-fils, la veille : « Grâce à elle, le Père Noël peut entrer dans toutes les maisons, même celles qui n’ont pas de cheminée. Il suffit qu’il la pose sur le toit. Il peut alors s’y glisser pour aller porter ses cadeaux sous le sapin. »
« Elle est bien petite, la cheminée, » avait répliqué le gamin en fronçant des sourcils. « Le Père Noël est gros comme toi. »
En riant de bon cœur, Roméo avait trouvé la réponse qui dissiperait tout doute à l’esprit de l’enfant. Il avait expliqué que la cheminée était petite pour qu’elle puisse prendre place dans le traîneau. Mais dans la nuit magique de Noël, dès qu’elle était posée sur un toit – pouf! – elle devenait suffisamment large pour permettre au Père Noël d’entrer dans la maison. Quand il y repassait pour retourner à son traîneau, la cheminée redevenait petite et le resterait pour toujours. Elle ne pouvait servir qu’une seule fois. Heureusement, le Père Noël en avait plein d’autres dans son traîneau.
« Tu n’aurais pas dû lui raconter cette histoire, Méo, » dit Bérangère en s’essuyant les mains sur son tablier. « Il sera déçu de réaliser que tu lui as raconté un mensonge. »
En entendant cela, Roméo ne peut s’empêcher de protester à son tour : « Et toi alors? Ton histoire de lapin de Pâques qui cache des œufs de chocolat dans la cour, c’est mieux? Attends qu’il découvre qu’un lapin, ça ne pond pas d’œuf! »
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