100 ans pour la gare de Labelle
Puisque l’actuelle gare de Labelle souligne son 100e anniversaire de construction et de services, l’heure est à un survol de son histoire et de son milieu. De précieuses informations contenues dans le livre du regretté Gilbert Cholette, Le train du Nord vers Labelle.
Dans cet ouvrage, paru il y a plus de 10 ans, M. Cholette de la Société d’histoire de Chute aux Iroquois présente de singuliers détails, notamment sur les fonctions sociales d’un tel bâtiment et de la voie de fer. Bien sûr, les gares des Laurentides, comme ailleurs, sont le centre névralgique des localités du réseau ferroviaire, car après tout, c’est le train qui apporte les passagers, la poste, la marchandise… ce qui explique la présence d’entrepôts de grands espaces autour de la gare. L’arrivée du train est un événement en soi, c’est l’horloge du citoyen qui, souvent, et même en nombre, il se déplace pour l’arrivée en gare du mastodonte d’acier.
À la gare, les gens pouvaient récupérer le courrier et utiliser le service de télégraphie. D’ailleurs, la gare de Labelle sera la seule entre Saint-Jérôme et Mont-Laurier à offrir le service.
« La gare est le lieu de rencontre de prédilection des commerçants et des villageois, raconte M. Cholette. Pour certains, c’est l’attente quotidienne de leur journal, assis entre amis, c’est la jasette la pipe au bec, pas très loin du crachoir, ils attendent le journal La Presse livrée à l’époque par le train. […] En plus d’être un lieu de rendez-vous pour les badauds qui viennent y observer le débarquement des bagages, l’opération du remplissage de l’engin au château d’eau, ou l’arrivée de skieurs en provenance de la ville le samedi matin, la gare est aussi l’endroit où les taxis de l’époque, les voitures tirées par des chevaux, viennent prendre les voyageurs pour les conduire aux hôtels ou ailleurs. »
Les enfants étaient fascinés par l’arrivée du train, bien que le périmètre de la gare était dangereux autant pour la machinerie que pour les propos tenus parfois de façons disgracieuses de plus vieux.
Les gares de Labelle
La première gare de Labelle est construite en 1893. En 1920, la gare, trop exiguë, démontre des signes d’usure en plus d’être insalubre, les citoyens se tournent vers son conseil municipal pour que des représentations soient faites auprès de la Compagnie Pacifique Canadien (le CPR).
Des liasses de correspondances sont produites avant que, deux années après, le CPR décide de bâtir l’actuelle gare à l’été 1924. Bâtie à quelque 30 mètres au nord de la première, cette nouvelle gare est plus spacieuse avec ses deux salles d’attente, une pièce fermée avec un guichet et de quoi abriter le télégraphiste. Et un poêle à bois aussi! Sans oublier un espace logement à l’étage.
Mais qu’advient-il de la première gare?
« L’ancien bâtiment est transporté sur des billots tirés par des chevaux, à proximité du garage à locomotives, au pied de la montagne du Dépôt. Durant quelques années, il sert de maison ‘bunkhouse” aux ingénieurs et aux chauffeurs de locomotive et permet à 12 employés d’y coucher; ils ont l’eau courante, sont chauffés, mais doivent voir eux-mêmes à leur nourriture », raconte M. Cholette dans le livre.
Autres faits
La vieille gare sera vendue à Roger Bisson. Vers 1965, le CPR abolit le poste de chef de gare et le logement sera occupé par un employé jusqu’en 1981.
Tout ça peut sembler être un beau poème et l’on entend dire les gens que c’était le bon temps. Mais revenez dans le temps et demandez à ceux tout près de la gare qui entendaient le train chanter jour et nuit… qui devaient nettoyer leur fenêtre pleine de suie, entendre les grincements, les odeurs, etc.
Bonne fête à la gare de Labelle, le cœur culturel de la communauté! Et il bat encore bien fort.
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