Cancer du sein : l’histoire d’une combattante
Dans le cadre du mois du cancer du sein, L’info s’est entretenu avec Valérie Fontaine-Gaudet, résidente de Val-David. Celle-ci a bien voulu nous partager son histoire.
L’histoire de Valérie Fontaine-Gaudet commence en novembre 2023, lorsqu’elle découvre une bosse inquiétante dans son sein droit. « C’était un matin, elle s’est pointé le bout du nez. Mais elle était déjà grosse. » À 35 ans, cette découverte la plonge immédiatement dans un état d’alerte. Elle se tourne rapidement vers son médecin de famille, situé dans les Laurentides, qu’elle a la chance de consulter rapidement.
Son médecin lui prescrit une mammographie et une échographie, deux examens qui vont marquer le début d’un parcours vers le diagnostic. Valérie Fontaine-Gaudet se souvient particulièrement de cette période : « Je pense que c’est ça la période la plus stressante. Aller passer des tests que tu n’as jamais passés de ta vie. Puis, l’attente des résultats. »
Lors de l’échographie, un tournant se produit. Alors que le radiologue lui annonce que sa mammographie semble normale, le ton change après l’échographie. « Il s’est assis. Il a enlevé ses gants en regardant par terre avant de me regarder. Puis là, il m’a dit qu’il envoyait mon dossier pour faire une biopsie d’urgence, que la masse était vraiment inquiétante. » Cette annonce, bien que ne confirmant pas encore un cancer, était un signal d’alarme.
Un diagnostic difficile
Le 15 décembre 2023, Valérie passe une biopsie, un test stressant, mais qu’elle traverse avec le soutien bienveillant du personnel médical. Quelques jours plus tard, elle reçoit un appel la convoquant à la clinique du sein de Saint-Jérôme pour le 4 janvier. Pourtant, le 3 janvier, sa clinique médicale l’appelle à huit reprises pour la convoquer. « Je n’étais pas prête », raconte-t-elle. Ce jour-là, son médecin de famille lui annonce la nouvelle: un cancer du sein, un carcinome canalaire infiltrant. « C’est quelqu’un en qui j’ai confiance, qui est super gentil et qui dit bien les choses. Lui, il m’a dit que j’avais un cancer. »
Un traitement intensif et complexe
Rapidement, Valérie Fontaine-Gaudet est transférée au CHUM à Montréal, où elle rencontre l’oncologue qui lui est attitrée, la chef chirurgienne en oncologie. C’est un moment clé pour Valérie, qui comprend alors l’ampleur de son diagnostic. Sa chirurgienne lui apprend qu’elle souffre d’un cancer triple négatif, un type qui atteint souvent les jeunes femmes et qui est plus complexe à traiter, car il ne répond pas aux traitements hormonaux traditionnels. « Elle m’a dit que j’étais chanceuse, que j’avais accès à un nouveau traitement que le gouvernement paye depuis peu. »
Valérie Fontaine-Gaudet se lance alors dans un traitement de chimiothérapie combiné à de l’immunothérapie, un protocole dit « néoadjuvant », c’est-à-dire administré avant l’opération pour réduire la tumeur. Elle entame ce traitement au centre de soins de Saint-Agathe, plus près de chez elle. Dans le même temps, Valérie Fontaine-Gaudet fait face à une autre épreuve : la préservation de sa fertilité. « Je n’ai pas encore d’enfant », confie-t-elle. Elle est donc orientée vers l’hôpital Sainte-Justine pour congeler ses ovules, un processus intense qui l’amène à faire huit rendez-vous en une semaine et demie. Finalement, cinq de ses ovules sont congelés, une nouvelle qui lui apporte un grand soulagement : « Je suis contente, car si jamais dans l’avenir je décidais d’avoir des enfants, le cancer ne m’aura pas enlevé cette chance. »
Un soutien précieux dans l’épreuve
Le 22 février, Valérie Fontaine-Gaudet commence la chimiothérapie, une étape marquée par des moments d’inquiétude, notamment lors d’une réaction sévère de son système immunitaire lors de la deuxième perfusion. « Je me suis mise à voir des étoiles, je me suis assise droit. J’ai dit à tout le monde que ça ne va pas. » Grâce à l’intervention rapide du personnel, la situation est sous contrôle, mais l’incident laisse des traces et elle devra recevoir les traitements de chimiothérapie d’une façon beaucoup plus lente.
Cependant, tout au long de ses traitements, Valérie Fontaine-Gaudet rencontre des personnes qui la soutiennent, comme Danielle, une bénévole de l’organisme Palliaco, qui l’accompagne pendant ses séances de chimiothérapie à Sainte-Agathe. Palliaco, un organisme qui offre une panoplie de services, l’impressionne par la qualité de son soutien. « C’est tellement gros d’apprendre que tu as le cancer et c’est rassurant de savoir qu’il y a d’autre monde à côté qui t’appuie si tu mets un genou à terre. »
Un parcours qui continue
Malgré la chimiothérapie, la tumeur de Valérie Fontaine-Gaudet ne diminue pas autant que souhaité. « Ma tumeur mesurait 10,5 cm. À ma première biopsie, ils la mesuraient à 3,5 cm, puis elle a triplé en un mois. » Elle finit sa chimiothérapie le 24 juillet, un moment de grande satisfaction, mais la tumeur a persisté. Sa chirurgienne a donc procédé à une mastectomie avec reconstruction par « DIEP », une technique utilisant la peau abdominale pour reconstruire le sein.
Après l’opération, Valérie Fontaine-Gaudet apprend que, malgré la chimiothérapie, des cellules cancéreuses persistent. La chirurgie a tout enlevé, mais elle n’a eu qu’une réponse partielle à la chimiothérapie, ce qui fait qu’un traitement adjuvant s’impose au cas où le cancer se serait propagé dans des cellules invisibles pour l’instant. Son cancer est au stade 2B sur 4, et de nouveaux traitements sont à prévoir : « J’ai espoir, mais probablement que je vais devoir refaire la chimio en pilule combinée avec mon immunothérapie et la radiothérapie. C’est vraiment un long processus. »
Une leçon de résilience
L’aspect financier de sa maladie n’est pas non plus négligeable. Valérie Fontaine-Gaudet souligne l’importance d’avoir pris des assurances personnelles avant d’être malade. « Ça coûte cher de prendre un an d’arrêt de travail. Les paiements n’arrêtent pas. »
Quant à ses conseils pour celles et ceux qui traversent un parcours similaire, elle insiste sur l’importance de ne pas lâcher, bien qu’elle admette que cette idée soit naturelle lorsqu’on se bat contre une maladie aussi grave. « Tu ne peux pas, c’est la vie ou la mort. » Ce qui la motive, c’est avant tout l’amour de son conjoint et le soutien de ses proches. « On dirait que j’ai vraiment fait de bons choix dans ma vie pour être bien entourée. »
Aujourd’hui, Valérie Fontaine-Gaudet continue de se battre avec détermination. Si elle voit la fin de son parcours encore lointaine, elle se sait bien entourée et garde espoir pour la suite. Elle conclut: « J’ai l’impression que je suis rendue à la moitié du parcours. Je vais me rendre au bout de ça. »
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