Azimut Ungava : une expédition au cœur du Québec nordique
En février prochain, quatre femmes, dont une de la région, se lanceront dans une expédition de ski de fond à travers le nord du Québec. Elles se préparent à traverser une vaste étendue de neige, un voyage de 650 km, partant de Schefferville et terminant à Kangiqsualujjuaq. Durant ce voyage qui durera une cinquantaine de jours, elles devront affronter des conditions météorologiques extrêmes et plusieurs défis logistiques.
Ce projet ambitieux, initié en janvier 2024, est le fruit d’une rencontre inattendue entre quatre passionnées de plein air : Kathleen Goulet, Chantal Secours, Julie Gauthier et Roxanne Chenel de Val-David. Ces femmes de 32 à 56 ans ont pour passion commune l’aventure et le plein air. « Au début, on faisait partie d’un projet pour traverser le même trajet, mais c’était plus organisé avec un guide. Il y avait plusieurs personnes dans le groupe », explique Chantal Secours. Le projet initial n’a pas abouti, mais elles ont tout de même décidé de poursuivre l’aventure.
Les préparatifs pour une telle expédition sont énormes. Actuellement, l’équipe est en plein cœur de ceux-ci avec la construction des boîtes de dépôt et l’élaboration d’un plan de mesures d’urgence. « Lorsqu’on va quitter, il va y avoir une personne qu’on appelle l’ange gardien, qui va être notre personne-ressource. Elle va être notre personne contact quand on va être parties. Cette personne-là doit savoir exactement quoi faire, quelle que soit la situation qui arrive », précise-t-elle.
Le trajet se fera en ski de fond, tout en tractant des traîneaux de 125 livres chacun. Ces traîneaux ont été conçus par leur guide Guy Boudreau, un spécialiste des monts Groulx.
Un défi mental
La préparation mentale, selon Roxanne Chenel, est tout aussi essentielle que l’aspect physique. « J’essaie de me mettre dans des situations où je sors de ma zone de confort, avec de grosses sorties de course où je pousse mes limites pour trouver c’est quoi les mots qui m’encouragent », explique-t-elle en parlant de son processus de préparation mentale.
Heureusement, le terrain de Val-David, où réside Roxanne, offre un cadre idéal pour l’entraînement.
« Moi j’habite tout près du Mont Césaire à Val-David… Une à deux fois par semaine, je m’en vais courir dans le parc, il y a de bonnes montées, des bonnes descentes. C’est du trail running, c’est le terrain de jeu idéal. »-Roxanne Chenel
Malgré tout, certains défis restent intimidants, en particulier les températures extrêmes du Nord. « Un défi pour moi, c’est, qu’il y a pas personne dans le sud du Québec, qui a vécu du moins 40. Ça va être une nouveauté. C’est la nuit surtout, comment mon corps va réagir à être exposé à ces températures-là? » avoue Roxanne Chenel, tout en restant optimiste.
Une aventure humaine et technique
Au-delà des défis physiques, cette expédition est aussi une aventure humaine. L’équipe, composée de personnes de différents âges et niveaux d’expérience, doit apprendre à se connaître et à travailler ensemble. « Au mois de janvier, on ne se connaissait pas beaucoup. Là, on apprend à se connaître tranquillement. Ça aussi, c’est quand même un défi au travers de toutes les préparations qu’on doit faire », confie Chantal Secours.
Elles sont également confrontées à des obstacles logistiques, tels que la répartition des boîtes de ravitaillement, qui seront placées à des points stratégiques le long de leur parcours, et ce, grâce à des personnes locales utilisant des motoneiges et des hydravions. « On va aller porter, soit une partie va se faire des dépôts en motoneige […] Pour des ravitaillements qui sont plus loin, bien ça, ça va se faire en hydravion », explique Chantal Secours.
La nourriture : un élément clé de l’expédition
L’une des composantes essentielles de cette expédition est la gestion de la nourriture. Les aventurières devront consommer parfois jusqu’à deux fois plus de calories qu’à la normale pour soutenir l’effort physique intense et affronter les températures glaciales. « La plupart d’entre nous, on fabrique nos repas. Ce n’est pas tous les repas, parce qu’on peut aussi en acheter du commerce, mais une grande partie est faite par nous-mêmes », explique Chantal Secours. Elles reçoivent également l’aide d’une nutritionniste pour s’assurer que leurs repas sont équilibrés.
Les défis du froid et des ours polaires
Le climat sera l’un des plus grands défis pour ces quatre aventurières. « La gestion du froid et de l’humidité, ça va être surtout un défi le premier mois, la première moitié parce que là, on va partir en début février, puis là, c’est les gros froids », précise-t-elle. Afin de se protéger du froid mordant la nuit, elles utiliseront des sacs de couchage capables de résister à des températures allant jusqu’à -40 degrés Celsius. « Le matin, il faut faire très attention à toute l’humidité qui s’est condensée durant la nuit, sur les parois de la tente, par exemple. Il faut faire attention pour pas que nos sacs de couchage, nos vêtements, prennent contact avec ça », ajoute Chantal Secours. Elle précise : « Mais, vu qu’on va longer une rivière, il y aurait toujours possibilité de faire des feux extérieurs. »
En plus des conditions météorologiques, il existe aussi un risque de croiser des ours polaires, bien que celui-ci soit relativement faible. « Le danger, c’est vraiment plus le dernier 50 km […] dès qu’on va s’approcher de la baie d’Ungava, mais avant, il n’y a pas vraiment de risque d’ours polaire », note-t-elle. Toutefois, elles seront équipées pour faire face à cette éventualité, avec notamment des fusées bruyantes et lumineuses et une arme à feu pour se protéger en cas de rencontre agressive.
Une aventure inoubliable à partager
Pour ces quatre femmes, l’expédition représente une occasion unique de découvrir des territoires méconnus du Québec et de partager cette expérience avec le plus grand nombre. « Ce qui nous rallie tous, c’est le désir de voir le territoire québécois, puis surtout après de pouvoir partager ça, parce que c’est très peu de gens qui peuvent, qui vont pouvoir voir ça dans leur vie », conclut-Chantal Secours.
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