Crise du logement dans les Laurentides : une urgence à résoudre
Un autre 1er juillet, journée du déménagement au Québec, marqué par la crise du logement dans les Laurentides. L’info s’est entretenu avec le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) à ce sujet.
Selon Véronique Laflamme du FRAPRU (regroupement national pour le droit au logement, fondé en 1978 ), « dans les Laurentides, comme partout au Québec, il y a une grave pénurie de logements. » La ville de Mont-Tremblant est l’un des points critiques de cette pénurie croissante ; le dernier rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) confirme un taux d’inoccupation de 0% à Mont-Tremblant. À Sainte-Agathe-des-Monts, le taux d’inoccupation est à 0,7%. Véronique Laflamme rappelle que le loyer moyen pour un logement de deux chambres à Sainte-Agathe-des-Monts est de 1140 $. « La pénurie de logements et aussi la spéculation immobilière qui se sont intensifiées et ont contribué à faire augmenter le prix des logements disponibles », explique-t-elle.
« C’est extrêmement difficile dans ce contexte-là, pour les locataires, de se trouver un logement qui sont capables de se payer. »
Grands besoins pour les logements abordables
Elle souligne la gravité de la situation : « On a vu dans les derniers mois l’itinérance augmenter dans certaines municipalités. Il y a une très grande précarité. On assiste à un effritement des tissus social de plusieurs communautés, et c’est préoccupant. »
« Ce que la crise du logement met en évidence dans les Laurentides, ce sont les écarts de richesse. Les ménages qui ont des plus petits revenus, ceux qui travaillent dans les épiceries, qui font vivre les services, peuvent de plus en plus difficilement se loger décemment. »
-Véronique Laflamme
Elle rapporte les chiffres : « Si on regarde les plus récentes données disponibles, on voit que les besoins sont énormes pour les logements abordables. Lors du dernier recensement, il y avait 28% des locataires de la région des Laurentides qui consacrait plus de 30% de leurs revenus pour se loger. » Ce sont donc plus de 23 300 de ménages dans cette situation. Elle rapporte également que 7150 ménages payaient plus de la moitié de leur revenu pour se loger, « Parfois on est à un imprévu de pas pouvoir payer le loyer », accentue -t-elle.
Les causes de la rareté du logement
Elle explique les causes de cette situation : « Quelque chose qui a un impact sur la rareté du logement locatif dans les Laurentides ce sont les logements Airbnb. Il y a beaucoup de logements qui pourraient être loués a des gens de la place si on interdisait la location de logements sur cette plateforme quand les taux d’inoccupation sont aussi bas. Ça rendrait une centaine de logements disponibles. » Elle ajoute : « Dans un contexte de pénurie de logements où on cherche des solutions faciles, ici on en aurait une. » Au moment de l’entrevue, il y avait plus de 4000 annonces actives pour des logements à court ou long terme dans les Laurentides. Un autre facteur serait les migrations interrégionales qui semblent avoir un effet sur la demande de logements. Entre 2022 et 2023, 5200 personnes se sont installées dans les Laurentides.
Avoir des objectifs de développement
Elle souligne l’importance d’accélérer la cadence pour construire des logements sociaux, car « On perd plus de logements abordables qu’on en construit. Actuellement, il n’y a pas d’objectif de la part du gouvernement quant au développement de logement social et communautaire.»
Le FRAPRU considère qu’il faut augmenter de manière significative la part occupée par le logement social qui est à peine à 10,5% du marché immobilier au Québec. « Nous nous inquiétons pour le sort de dizaines de logements sociaux et communautaires dont le financement a été annoncé dans le programme AccèsLogis dans les 10 dernières années et qui ne sont toujours pas sortis de terre. Dans les Laurentides, il y en a au moins 185 en développement ou en voie de réalisation dans les Laurentides. Or, au moment où on se parle, on entend que certains projets seraient menacés », ajoute-t-elle. Elle rappelle qu’il faut une diversité de logements sociaux, pour que ces derniers répondent à la réalité des milieux .
D’autres solutions que Véronique Laflamme propose sont : aller plus loin pour les protections contre les évictions sous de faux motifs et renforcer les protections légales contre les hausses du loyer pour protéger ce qu’il reste d’abordabilité.
Elle conclut en rappelant aux locataires qui n’ont pas encore trouvé de logement de faire appel aux ressources en place pour éviter de tomber dans les mailles du filet.
Pour obtenir de l’aide :
Société d’habitation du Québec : http://www.habitation.gouv.qc.ca
Office municipal d’habitation du Québec : https://www.omhq.qc.ca
FRAPRU : https://www.frapru.qc.ca/le-frapru
Office municipal d’habitation de Saint-Jérôme : https://www.omhstjerome.qc.ca
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