Sa recette pour affronter les géants…
SAINTE-AGATHE-DES-MONTS - Les gens qui la connaissent la regardent avec admiration. Quel est le secret de la réussite de cette femme d'affaires?
Tous les matins en franchissant le seuil de son magasin, Lise Lajeunesse fait sa petite prière: « Seigneur, aidez-nous! ».
La baisse d’affluence de la clientèle sur la rue St-Vincent et la prolifération d’affiches “À vendre”, “À louer” ou “Vente de fermeture” dans la fenêtre ou sur la porte des boutiques avoisinantes ne font rien pour rassurer celle qui depuis 41 ans opère le magasin Chaussures Populaires inc. .
En affaires depuis 41 ans cette année, son commerce semble toutefois résister à l’usure du temps et, ce qui n’est pas rien, à la proximité géographique de Walmart et Tigre Géant qui, eux aussi, vendent chaussures et bottes,.
Mme Lajeunesse s’est lancée en affaires en 1974. Elle avait été jusqu’alors vendeuse dans deux magasins de linge pour bébés. Au deuxième, sa propriétaire, Mme Régimbald, lui a annoncé qu’en raison de son âge avancé, elle avait décidé de vendre sa boutique. Lise perdait du même coup son emploi.
« Je vous dis que j’en ai pleuré un coup », se souvient la septuagénaire. « Au même moment, il y avait sur St-Vincent un magasin sur le point de fermer ses portes, Montreal Shoe Store. Moi qui adore le domaine de la chaussure, j’ai pensé à mon affaire pendant une bonne semaine. Puis, je me suis décidée. »
Passion et courage
Même sans capital ni grande expérience en administration des affaires, Lise a eu envie de tenter sa chance. Elle et son mari se sont rendus sur les rues Ontario puis Saint-Laurent, à Montréal, histoire d’établir des contacts et de trouver un bon fournisseur.
« Chez People’s Shoe, un Juif et sa femme, dont j’ai malheureusement oublié les noms, m’ont fait confiance et m’ont aidée à me lancer en affaires. Mesdames Maloley et Régimbald, mes anciennes patronnes, m’ont donné de précieux conseils pour bien gérer mon magasin. »
Victime d’un incendie a détruit son magasin et son logement, Mme Lajeunesse a eu l’aide d’un homme d’affaires, « le gentil M. Métro, Claude Reid, qui nous a prêté l’ancien local de son commerce qu’il venait de déménager ailleurs. Sans la gentillesse de ce monsieur, notre “business” aurait fini là! »
Le temps file à vitesse grand V. Depuis un an, Lise Lajeunesse réduit ses heures et ses présences à Chaussures Populaires. Elle compte sur Martin, son fils de 43 ans, qui prend de plus en plus sa relève.
Son succès en affaires, elle le doit à son amour du public, sa passion pour la chaussure et, nous permettons-nous d’ajouter, son courage.
À preuve, quand elle a su que Walmart s’ajouterait à L’Aubainerie et àTigre Géant pour lui faire concurrence, plutôt que de céder à la panique, Lise a choisi de visiter ces deux commerces à grande surface. « J’ai eu la frousse, bien sûr, mais j’ai pris note des chaussures qu’on y vendait », continue-t-elle, « et j’ai retiré ces marques de mon inventaire, pour me spécialiser dans la marchandise de qualité supérieure qu’on ne retrouverait que chez moi. »
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