Pas de monsieur ni de Daniel Smith s’il vous plaît. Juste Pinock. Est-ce un mot en langue anichinabée ? Mais l’homme ne répond que par une phrase ponctuée d’un clin d’œil espiègle : « C’est peut-être pour Pinocchio ! » Qui sait.
Pinock parle avec humilité de son rôle dans le transfert du savoir ancestral. Du même souffle, il souligne que si ces traditions matérielles sont encore vivantes, c’est en grande partie dû aux conditions exécrables dans lesquelles vivait sa communauté.
« J’ai appris avec les trois L : look, listen and learn. […] À Kitigan Zibi, quand j’étais jeune, les gens n’avaient rien, ils étaient très pauvres. Si on appelait ça une réserve, moi je dis que c’était une prison. On devait se débrouiller, alors on a fabriqué ce dont on avait besoin. Aujourd’hui, je ne sais pas qui m’a enseigné quoi, parce que c’est un savoir qui vient de toute la communauté », explique-t-il.
« Je suis fier des aînés et de mon peuple. » – Pinock, artiste anichinabé
Denis Chabot, historien et membre de la Société d’histoire de Val-Morin, soutient que les festivités du centenaire de la municipalité ne pouvaient se passer de la présence autochtone : « Je crois en l’importance de rappeler aux gens que le territoire était occupé bien avant l’arrivée des Blancs. Quand on y pense, 100 ans, à l’échelle de l’occupation humaine, c’est plutôt court. »
Les visiteurs du chapiteau installé au cœur du village ont pu discuter sans ambages avec Pinock. Pour illustrer son travail, ce dernier avait apporté non seulement des objets de sa fabrication – canot d’écorce, raquettes, tambours, paniers –, mais aussi ses outils et son matériel de base : écorce de bouleau, racines d’épinette, baguettes de frêne, etc.
Certains seront surpris d’apprendre que l’intérieur de l’écorce de bouleau récolté en hiver est plus foncé que celui d’été. D’autres que la colle utilisée pour l’assemblage du canot est uniquement de la gomme d’épinette.
À plusieurs reprises, Pinock montre à ses interlocuteurs son téléphone cellulaire : on peut se débrouiller sans matériaux industriels, mais la modernité fait partie de sa vie et de celle de sa communauté.
Difficulté grandissante
Pinock fabrique des canots d’écorce depuis 30 ans. À cette échelle, il souligne la difficulté grandissante de trouver de l’écorce de bouleau de qualité. « La réputation des canots algonquins vient selon moi de la qualité de nos matériaux. Avant, les conditions étaient bonnes pour le bouleau, mais aujourd’hui, même dans la région de Val-D’Or, les arbres commencent à être plus petits et l’écorce craque plus facilement… c’est dur à expliquer », exprime-t-il.
Il n’en fallait pas plus pour que les échanges s’orientent vers les craintes quant à l’avenir de la planète. Pinock rappelle l’importance d’emprunter à la nature selon nos besoins, et non pas de l’exploiter selon nos désirs.
« Dans tout ça, ce qu’on a perdu le plus, c’est le respect », conclut-il.
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