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S’évader de son quotidien du Centre jeunesse en cuisinant

Publié le 27 juillet 2022 par Laureen Peers

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Laureen Peers

Journaliste | lpeers@medialo.ca

Un soir de juin, L’info avait rendez-vous au campus d’Huberdeau du Centre jeunesse des Laurentides où trois jeunes placés dans l’unité La Croisée préparaient le souper avec une intervenante jeunesse pour d’autres jeunes de leur unité de réadaptation.

Même si Matéo et Léo* savaient déjà cuisiner, ces ateliers leur ont permis de se sentir eux-mêmes et en confiance avec les intervenants de Carrefour jeunesse-emploi Laurentides. (Photo : Unsplash)

Léo, Matéo et Alex* sont les trois derniers participants sur les sept à être encore présent à cet atelier de cuisine mis en place par Steve Brisson et Catherine Lajeunesse-Lubbersen, deux intervenants de Carrefour jeunesse-emploi Laurentides.

Approchés par la direction du Centre en décembre 2021, les deux intervenants jeunesse ont proposé un projet baptisé La Glacière qui a pour objectif « de les rendre plus autonomes pour les préparer à leur sortie », mais également d’offrir, à l’issue de ces d’ateliers, des repas à « des jeunes qui partaient en appartement pour les aider à démarrer », indique Steve Brisson.

Sentiment de liberté

Pendant 10 semaines, les jeunes rencontraient les intervenants dans une cuisine sommaire située au sous-sol du Centre pour apprendre à cuisiner, ainsi qu’à faire correctement une épicerie tout en gérant son budget. « Le prétexte, c’est la cuisine, mais le but, c’est vraiment le lien et le sentiment d’appartenance avec nous, puis surtout le sentiment d’utilité pour redonner au suivant », explique Catherine Lajeunesse-Lubbersen.

En effet, ces ateliers avaient une double connotation, car si Léo* raconte qu’il s’est inscrit pour « respirer un peu parce que c’est difficile la vie dans l’unité », Alex*, de son côté voulait trouver quelque chose « pour passer les lundis soir », tandis que Matéo* sentait que ça allait lui permettre d’être « authentique ».

« J’aime cuisiner et aussi je n’aime pas la vie à l’unité. C’est comme si je savais que ça allait être différent ici, que je pourrais m’affirmer en tant que personne et que je pouvais être authentique en montrant mes habiletés tout en étant capable d’améliorer mes défauts en cuisine. Puis ça me faisait du bien. C’est un moyen de me libérer de ma vie en Centre jeunesse, » indique Matéo*.

J’ai passé mon temps à dire aux jeunes que je ne veux pas savoir ce qu’il a fait hier, ça ne m’intéresse pas, je veux savoir où tu t’en vas demain. – Steeve Brisson, intervenant de Carrefour jeunesse-emploi Laurentides

« On a le sentiment d’être compris, parce que quand les intervenants de l’atelier de cuisine viennent, ils nous parlent comme si on était des humains, pas comme des détenus ou des jeunes placés qui ont des problèmes. L’écoute est vraiment là, les bonnes conversations aussi, parce qu’en Centre jeunesse, on n’a pratiquement pas le droit de parler dans l’unité », ajoute Léo*.

Sortir d’Huberdeau

En plus des cours de cuisine, Steve Brisson explique qu’ils ont eu « des témoignages de gens de l’extérieur qui sont venus animer des ateliers de cuisine », mais également des sorties à la Cabane à Tuque et aux Mercenaires Culinaires qu’ils ont grandement appréciées parce que les patrons de ces établissements les considérés comme « des jeunes normaux. »

Je ne dis pas que les Centres jeunesse n’aident pas, je dis qu’ils ne le font pas de la bonne façon. – Léo*

« C’était des jeunes qui venaient apprendre un peu comment ça marche dans une vraie cuisine professionnelle, utiliser des outils de cuisine professionnelle, et c’est comme ça que Fred [propriétaire des Mercenaires Culinaires, NDRL] les a accueillis, ajoute Steve Brisson.

« Il faut des activités de même ici, parce que ça permet d’ouvrir les horizons, d’ouvrir l’esprit des gars qui n’ont pas nécessairement de but dans la vie. […] Il faut de l’aide comme ça, parce qu’ici c’est juste des centres jeunesse, tout ce qu’ils nous disent dans les unités, c’est ce qu’on fait de mal. On fait juste retourner dans nos anciennes habitudes », raconte Léo*.

Une fin inattendue

À l’issue de ces ateliers, de nombreux repas ont été cuisinés dans le but de les distribuer à ceux partis vivre en appartement. Seulement, les choses ne se sont pas passées comme prévu. « On s’est fait dire à la toute fin du projet, qu’ils n’avaient pas trouvé de gens qui partaient en appartement dans toutes les Laurentides », explique l’intervenant.

C’est comme ça que l’unité La Croisée d’Huberdeau est allée à la rencontre de La Croisée de Sainte-Agathe pour servir des repas aux itinérants.

*Prénoms fictifs pour protéger l’identité des jeunes en Centre jeunesse.

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