« Sur les routes du monde avec Gérard Coderre »
Le Carnaval de Venise (Italie)
Gérard Coderre, résident de Saint-Adolphe-d’Howard, a visité plus de 150 pays avec son sac à dos. Passionné de voyages, de traditions et de découvertes, il adore parler de ses aventures. Chaque mois, il partagera des souvenirs avec les lecteurs de L’info.
À la saison morte, Venise, noyée dans les brumes, apparait mystérieuse. Les eaux de la lagune, qui semblent si bien scintiller en été, donnent en hiver un air lugubre à la Cité des doges. Un doux tapis de neige souligne les contours des monuments figés dans le froid et les gondoles serrées les unes contre les autres, ballotées par les vagues, trinquent ensemble. Même les pigeons semblent sans entrain.
Certes, les touristes sont toujours là, mais sans prendre toute la place…à tout le moins jusqu’au carnaval, un écho de cette fête qui jadis fascinait et captivait toute l’Europe et où, durant l’hiver vénitien, tous se laissaient emporter par l’ambiance d’un soir de fête.
Remontant au Moyen Âge, le Carnaval de Venise est une fête traditionnelle qui a acquis ses lettres de noblesse pendant la Renaissance. Les déguisements s’inspirent alors de la commedia dell’arte et permettent à tous les Vénitiens, quelle que soit leur condition sociale, de participer à la fête.
Après une éclipse de près de deux siècles, Venise prête à nouveau son décor aux féeries et fantasmagories du carnaval. Ainsi pendant les dix jours précédant le Mardi gras vont renaître les classiques Vénitiens masqués de la bauta (masque blanc ou noir), l’éternel Casanova et tous les protagonistes de la commedia dell’arte. Les Pierrot énigmatiques, les Fracasse guindés, les Arlequin tout en couleur, les Pantalone libidineux et les Polichinelle bossus, en passant par les Arturo, les Colombine, les Scapin, les Tortellino, les Trivelin ou les Turlupin.
Le carnaval de Venise est une fête intimiste et ne donne pas lieu à des spectacles à grand déploiement. On vient dans la Cité des Doges pendant le carnaval non pas tellement pour venir voir un spectacle, mais pour être du spectacle.
Comme au siècle des Lumières, quand la foule ne songeait qu’aux plaisirs alors que la ville était menacée d’invasion, l’anonymat du déguisement met l’aventure et les jeux de l’amour et du hasard à la portée de tous. Pauvres et riches, jeunes et vieux, hommes et femmes se confondent pendant la durée du carnaval. L’audace vient aux timides et la fantaisie aux gens sérieux. Pendant le carnaval, chacun se met en scène. Le théâtre est dans la rue.
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