Le cri du cœur des ambulanciers de St-Donat
Des ambulanciers de Saint-Donat ont contacté L’info du Nord pour protester contre la façon actuelle de desservir la population de la région.
Ce qu’ils recherchent: la sécurité des citoyens et une meilleure qualité de vie. Ce qu’ils dénoncent: l’horaire de faction qui les contraignent à être de garde 24h sur 24h et à travailler dans ses conditions qui, selon eux, nuisent à la qualité du service.
Ce sont les bris de service réguliers qui aurait poussé les gestionnaires d’ambulances Cambi à ouvrir des quarts de travail supplémentaires pour combler les heures manquantes. À la suite de ces mesures, qui selon le directeur général des ambulances Cambi Claude Lachance ont été mises en place pour améliorer le service, les ambulanciers en faction de Saint-Donat ont plutôt senti qu’on ignorait leur réalité.
Bris de service en constante progression
Pour bien comprendre l’enjeu, on rappelle qu’un bris de service survient quand un ambulancier doit avoir une période de repos obligatoire après une période donnée. Ces périodes de repos s’appliquent pour préserver la santé physique et mentale des travailleurs, mais aussi l’intégrité du service, selon la CNESST. S’il n’y pas d’ambulanciers pour prendre la relève lorsque ceux-ci doivent s’absenter pour prendre une période de repos, alors les services d’urgence doivent demander l’aide des services voisins pour desservir le territoire de Saint-Donat. Ceux de Sainte-Agathe, Mont-Tremblant et Rawdon sont le plus souvent sollicités.
Selon le syndicat, les bris de services nuisent à la qualité du service, puisqu’ils allongent considérablement le temps de réponse aux appels d’urgence. Dans certains cas, cela peut faire la différence entre la vie et la mort.
Pour les gestionnaires, cette situation est plutôt attribuable au grand territoire à couvrir, à l’enveloppe budgétaire qui y est attribuée et à la difficulté de recruter du personnel. C’est pourquoi l’administration a décidé d’ajouter des ambulances supplémentaires pour appuyer le travail des paramédics en faction. « Je ne vois pas en quoi cette mesure pour améliorer le service nuit au service », tient à préciser M. Lachance.
L’horaire de faction, le cœur du problème
L’horaire de faction en vigueur à Saint-Donat requiert que les ambulanciers soient disponibles 24h sur 24h pendant 7 jours consécutifs. Isolés en caserne, ceux-ci n’ont pas de contacts avec leur famille pendant 7 jours. Un de nos intervenants mentionne, sous le couvert de l’anonymat, que la veille de son départ, ses enfants en pleurent, tellement ils ne comprennent rien à la situation. « Ma blonde lance à la blague qu’elle m’a en garde partagée avec ma job! On a beau vouloir en rire, il n’en reste pas moins que ce n’est pas une vie pour un père de famille », plaide-t-il.
Instaurée en 1989, l’horaire de faction aurait contribué à améliorer les conditions de travail et faire avancer la profession en accordant de meilleures conditions de travail aux ambulanciers au fil de décennies. Selon Claude Lachance, qui a lui-même été ambulancier, l’horaire de faction est un moyen acceptable et plus efficace de gérer le budget des petites municipalités, aux prises avec de grands territoires à desservir et une pénurie de personnel. « Personnellement, je n’ai rien contre l’abolition de l’horaire de faction, si on me donne les outils pour faires les changements appropriés », soutient-il.
Saint-Donat n’est pas seule
L’horaire de faction serait encore en vigueur dans plusieurs municipalités du Québec. Beaucoup jugent cette façon de gérer les services d’urgence désuète et peu adaptée aux réalités d’aujourd’hui. Cela s’ajoute à d’autres enjeux liés à la profession. Sur cette question, employés et employeurs sont d’accord, des ajustements doivent être apportés.
L’intention du ministère de la Santé et des Services Sociaux
Le 10 mai 2021, le ministre de la Santé et des Services Sociaux Christian Dubé annonçait, à l’issue du premier Sommet sur les soins préhospitaliers, son intention de moderniser les services offerts dans la province.
Parmi les intentions manifestées, mentionnons la nécessité d’un changement de culture et d’une transformation afin de faire de l’accessibilité une priorité. Outre la volonté de faire reconnaître le travail et l’expertise des techniciens ambulanciers paramédics, la création d’un ordre professionnel pour encadrer et appliquer les normes de la profession a été évoqué.
Pascale Lamy Directrice des affaires institutionnelles et des relations publiques du CISSS de Lanaudière nous rapporte qu’il : « est en lien avec l’entreprise ambulancière Cambi concernant l’offre de service pour le secteur de Saint-Donat. Des pistes de solutions ont été identifiées et mises à l’essai pour la période hivernale. Ces dernières feront l’objet d’une analyse au printemps prochain ».
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