Le Saint-Agricole: plus qu’une épicerie
Le 15 décembre prochain, la Coopérative alimentaire de Val-des-Lacs, aussi appelée « épicerie Le Saint-Agricole », soufflera sa première bougie.
Après une année d’exploitation, l’entreprise compte maintenant 450 membres, soit 250 de plus qu’à son ouverture, pour une population locale permanente de 741 habitants. Pour 60$, les adhérents deviennent membres à vie et obtiennent un droit de vote à l’assemblée générale annuelle (AGA). Tout le monde peut y faire des achats, mais les membres vont bénéficier de ristournes à la fin de l’année.
Le Saint-Agricole emploie aujourd’hui quatre caissiers de 16 à 78 ans, ainsi qu’une coordonnatrice. On y trouve notamment des plats prêts-à-manger, des produits transformés et de base, une section réservée aux produits de la Société des alcools du Québec (SAQ) et un présentoir de produits locaux. L’épicerie possède même sa propre bière, brassée par la microbrasserie La Veillée à Sainte-Agathe-des-Monts, et vendue exclusivement sur place.
« Nous avons de bonnes relations avec les fournisseurs, donc ils viennent jusqu’ici, ils sont contents, car ils voient que ça fonctionne, explique Ginette Lynch, coordonnatrice. Nous achetons de producteurs locaux le plus possible. Et beaucoup de cyclistes passent dans le coin l’été. Nous avons développé un réseau de partenaires de soutien qui nous envoie leur clientèle touristique. Mais notre avantage majeur, c’est le service à la clientèle que nous offrons. »
« C’est un service très personnalisé, nous sommes vraiment à l’écoute des gens. Nous faisons des recherches de produits pour eux, nous les conseillons et nous faisons un suivi avec nos clients. Il y a un vrai sentiment d’appartenance qui s’est créé. » – Ginette Lynch
Ce sentiment d’appartenance est un élément de taille qui penche dans la balance, selon Mme Lynch. C’est qu’une coopérative alimentaire, qui a pour mission d’offrir un service de proximité dans la communauté, n’a pas le volume d’achat d’une bannière: elle doit donc vendre certains produits à un prix plus élevé. « De plus, nous sommes situés à plus de 20 km d’une route régionale. Lorsqu’on calcule le temps et l’essence dépensés, ça couvre la différence de prix », soutient la coordonnatrice.
Un lieu de rassemblement
Selon Michel Robillard, président de la coopérative, l’idée du soutien à la communauté a toujours guidé le projet depuis ses débuts. « On souhaite devenir un vecteur de développement communautaire, économique et social pour améliorer la qualité de vie des citoyens, dit-il. Nous sommes présentement en période de consultation auprès de nos membres afin de définir les futurs projets qui vont se greffer à celui de l’épicerie. En plus des activités que nous mettons déjà en place, nous pourrions ouvrir un café, par exemple. Nous sommes vraiment une organisation ancrée dans la communauté. Les gens ne viennent pas juste faire leur épicerie, nous sommes en contact avec eux de façon continue. »
Au cours des prochains mois, l’organisation prévoit moderniser sa cuisine pour la préparation du prêt-à-manger et compléter l’infrastructure de la bâtisse dont elle est propriétaire. Une station de réparation de vélos sera aussi installée près de l’épicerie l’été prochain.
Contrer les déserts alimentaires
Val-des-Lacs est au nombre des trois municipalités à posséder une coopérative alimentaire dans les Laurentides, avec Wentworth-Nord et Lac-des-Seize-Îles. Plusieurs projets de même genre sont en élaboration également dans la région. Des discussions autour de la création d’une petite épicerie de village ont eu lieu il y a quelques années à Montcalm, notamment, et un projet semblable est sur la table à Lantier.
Pour Marc-André Caron, directeur d’Économie sociale Laurentides, le modèle coopératif est le meilleur pour contrer les déserts alimentaires dans les petites municipalités. « En plus de répondre à un besoin de base, ça dynamise vraiment un village quand les citoyens décident de se prendre en charge et d’y mettre du temps. C’est un enrichissement collectif. Le Saint-Agricole est un bon exemple, puisque l’enjeu est souvent de maintenir le sentiment d’appartenance qui se développe à l’ouverture. Avec le temps, les gens ont tendance à retourner à leurs habitudes d’achat, souvent en gros, qu’ils s’étaient créées lorsqu’ils n’avaient pas d’options de proximité. À Val-des-Lacs, on maintient ce sentiment d’appartenance en consultant souvent les citoyens, notamment sur les nouveaux produits, et en étant très présents sur les réseaux sociaux. La coopérative est un peu devenue le nouveau perron de l’église », affirme-t-il.
Suite à la fermeture, en 2017, de la seule épicerie au village de Val-des-Lacs, un comité de citoyens s’est formé afin de trouver une solution. Avec le soutien des organismes en développement économique du territoire, et l’aide d’une quarantaine de bénévoles pour rénover la bâtisse qui abritait jadis un dépanneur, la coopérative alimentaire a pu voir le jour en 2020. Elle est aujourd’hui administrée par un conseil composé à la majorité de citoyens retraités qui souhaitent mettre leurs expertises en gestion et en développement des communautés au service de la leur. La première assemblée générale annuelle est prévue au printemps prochain.
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