Les enjeux de littératie dans les Laurentides
La Fondation pour l’alphabétisation a récemment dévoilé les résultats de l’étude « La littératie au Québec: un regard local sur les enjeux », réalisée par l’économiste Pierre Langlois. En plus de brosser le portrait des compétences en littératie de la population dans toutes les régions du Québec, l’étude propose une série de pistes d’actions pour améliorer la situation dans chacune d’elles.
Dans les Laurentides, la situation varie beaucoup en fonction du territoire. La MRC des Laurentides se situe au même point que celles de Deux-Montagnes, de La Rivière-du-Nord et de la Ville de Mirabel. On estime qu’entre 54% et 58% de la population à ces endroits n’atteint pas le niveau 3 en littératie, soit le seuil jugé nécessaire pour comprendre des textes plus longs et plus complexes (ce qu’on appelait avant des personnes « analphabètes fonctionnelles »). Cela correspond, selon l’étude de Pierre Langlois, au « niveau jaune ».
À titre de comparaison, ce pourcentage grimpe à plus de 58% (niveau rouge) pour les MRC d’Argenteuil et d’Antoine-Labelle, tandis qu’il se situe à moins de 54% (niveau vert) pour les MRC des Pays-d’en-Haut et de Thérèse-De Blainville.
Question d’éducation
Parmi les personnes qui n’arrivent pas à se classer au niveau 3 en littératie, 85% n’ont pas complété leur secondaire. Au Québec, un million d’aînés présentent des enjeux de littératie, le décrochage scolaire au stade primaire ayant été une réalité jusqu’en 1942 et ensuite, l’âge légal pour quitter l’école ayant été de 14 ans jusqu’à la Révolution tranquille.
« Les difficultés reliées à la littératie font partie de notre histoire. Mais ce n’est pas vrai que, si tu as 65 ans, tu es condamné pour les 30 prochaines années, affirme Pierre Langlois. Comprendre les consignes de santé publique, prendre part à la vie démocratique, lire une plateforme électorale d’un candidat à une mairie, se protéger du phénomène des fake news… La littératie n’est pas une question d’âge, c’est une question de participation à la vie de société. »
« La littératie est une compétence de base des citoyens, pas seulement une qualification pour le travail. » – Pierre Langlois
Cependant, fait rare dans la province, certaines zones plus au sud dans la région comportent un taux élevé de personnes riches et éduquées parmi ses aînés. On parle notamment du Grand Saint-Sauveur et du Grand Sainte-Thérèse.
Contribuer au monde économique
Les aptitudes en littératie sont également reliées au niveau de vie des gens. « Statistiquement, mieux je me classe dans mes compétences, plus mes espérances salariales sont élevées. Et cet élément a un impact sur le produit intérieur brut québécois, c’est une mesure de développement économique », poursuit M. Langlois.
Une mesure qui touche autant les jeunes travailleurs que les plus âgés. « Le monde du travail vit de grands changements par le biais de l’évolution technologique. Quand un jeune commence à travailler, il doit penser à la possibilité future de se requalifier, d’avoir déjà les bases pour y accéder. Tandis qu’un agriculteur âgé, par exemple, pourrait suivre ce qui se passe ailleurs et améliorer ses méthodes de production », ajoute l’économiste.
Agir
Différentes pistes ont été soulevées dans l’étude afin de soutenir le développement des compétences en littératie au sein de la population. Parmi celles-ci, la lutte au décrochage scolaire arrive en tête de liste. « Un contrat social peut se créer dans un milieu de vie afin de permettre aux travailleurs de s’instruire. Faire des ponts avec les PME pour garder un jeune à l’école en partie, même s’il a déjà intégré le marché du travail. Et comprendre les limites de la couverture régionale des cégeps », dit l’auteur de l’étude.
Et ouvrir une discussion avec des secteurs spécifiques, comme l’agriculture. « L’Union des producteurs agricoles (UPA) pourrait jouer un rôle lors de rassemblements. Le temps est rare pour les agriculteurs, ils ont de grosses journées de travail. Leur donner le goût de faire de la formation continue pourrait leur amener un gain en efficacité et leur permettre de devenir plus prospères », conclut Pierre Langlois.
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