Biodiversité
Le monarque, ce papillon voyageur qui a besoin d’aide
La population de monarques est en déclin marqué. Après les efforts de réhabilitation de son milieu naturel, ici et tout le long de sa route migratoire, ce papillon se porte-t-il mieux?
La Ville de Mont-Tremblant a obtenu en mai la certification Ville amie des monarques – mention Argent de la Fondation David Suzuki. Elle s’est donc engagée à mettre en œuvre des mesures de protection de l’habitat des monarques. Selon la Fondation, ce sont plus de 600 leaders municipaux aux États-Unis et plus de 80 municipalités du Québec qui ont décidé de prendre part au mouvement. À ce jour, ces efforts portent-ils des fruits?
Alessandro Dieni est biologiste et coordonnateur du programme Mission monarque à l’Insectarium de Montréal. Il accepte volontiers de répondre à la question concernant l’état de santé de la population du monarque au Québec. Mais la réponse n’est pas aussi simple que naïvement prévu.
Données du Mexique
« Nos connaissances scientifiques concernant le déclin de la population de monarque se basent surtout sur les données du Mexique, là où les papillons se rendent, au terme d’une longue migration, explique le biologiste. Comme ils s’y rassemblent, les chercheurs peuvent aisément évaluer la taille de la population. »
Selon ces données, la population de monarque de l’Est a diminué de 80% sur les 25 dernières années. « Mission monarque en est à sa 5ème année. Grâce à la participation du public, nous documentons le succès reproducteur du monarque sous nos latitudes, d’abord en cartographiant la distribution de l’asclépiade, la plante hôte du papillon, puis en comptant les œufs, chenilles et papillons. Mais en cinq ans, ce n’est pas assez de données pour comprendre la situation, encore moins pour constater des tendances », souligne Alessandro Dieni.
« Les chiffres du Mexique, c’est la meilleure mesure qu’on a. » -Alessandro Dieni, coordonnateur Mission monarque
Pour l’instant, la corrélation entre les efforts pour renverser la tendance observée au Mexique et la sauvegarde de cette population n’est pas encore comprise. Groupes environnementaux et gouvernements poursuivent tout de même leurs efforts en matière de prise de données et de conservation. « Le Blitz international de suivi du monarque vient de se terminer [23 juillet au 1er août]. C’est un événement annuel consacré à la recherche pour la sauvegarde du monarque, dit-il. Une sorte de Mission monarque à grande échelle. »
Alessandro Dieni considère que des questions importantes au niveau de notre territoire doivent cependant trouver réponse. Car, comme ce papillon voyage sur de grandes distances, les problèmes rencontrés sont multiples: pesticides, déclin de l’asclépiade, coupes forestières, changements climatiques. Si on enregistre une hausse de la population de monarque ici, cela va-t-il se refléter au Mexique?
Il a dit…
« Plusieurs terrains municipaux et emprises publiques possèdent déjà des asclépiades et autres plantes mellifères, qui se sont retrouvées à ces endroits de façon naturelle. Dès cette année, le service des travaux publics [de la Ville de Mont-Tremblant] va commencer à intégrer ce type de plante dans leurs aménagements, et cette action sera poursuivie de façon continue au cours des prochaines années. » -Vincent Causse, directeur de l’environnement et du développement durable.
Le monarque, ce grand voyageur
Les monarques de la région, qui sortent de leur cocon en août et septembre, entreprennent un voyage de 4000 kilomètres vers le Mexique. Ils mettent de deux à trois mois pour compléter le trajet. Là-bas, ils se reposent jusqu’en mars. Mâles et femelles complètent alors leur maturation sexuelle et s’accouplent. La plupart des mâles meurent, alors que la majorité des femelles s’envolent vers le nord. Elles pondent sur les pousses printanières de l’asclépiade et meurent à leur tour. De deux à trois générations se succèdent ainsi avant que des monarques soient de retour chez nous en juin. Et le cycle se répète.
Source: Espace pour la vie.
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